Trois parents pour un bébé... vive le progrès en Angleterre !
La conception d’un bébé à partir de l’ADN de trois parents : une première mondiale que pourrait autoriser le Royaume-Uni, en ce début de février.
Il s’agit de remplacer la mitochondrie de l’ovule de la mère – sujette à des mutations génétiques assez fréquentes, responsables de maladies graves comme la myopathie ou le diabète – par la mitochondrie saine d’une autre femme. L’enfant à naître sera alors porteur de toutes les caractéristiques génétiques de son père et de sa mère mais aussi – dans une moindre mesure, certes – de caractéristiques d’une tierce personne.
La suppression de maladies contre l’amputation d’une partie de ses origines, c’est une avancée, nous dit-on.
Donc, aujourd’hui, grâce aux progrès de la science, on fait un enfant à 3. Et demain ? Deux moitiés de mitochondries pour en remplacer une ? Et pourquoi pas trois, puis quatre, histoire de bien affiner la commande, pour obtenir un label de qualité AAA ?
Technique qui supprimerait aussi les problèmes neurologiques, musculaires, cardiaques ou empêcherait la surdité, et bien d’autres maladies potentiellement mortelles, dont les causes résident dans les moins de 1 % d’ADN – sur l’ADN total contenu dans une cellule – présents dans la mitochondrie.
1 %, est-ce vraiment sans conséquence sur le développement de l’embryon ? Les récentes découvertes de Jean-Pierre Ozil, chercheur à l’INRA travaillant sur les souriceaux, sont sans appel : l’œuf étant très sensible à d’infimes variations de son milieu de culture, la précaution élémentaire est de limiter ces techniques aux cas extrêmement graves.
Réalité, d’ailleurs, confirmée par Jacques Testart, le père d’Amandine, le premier bébé-éprouvette : « Certaines pathologies éliminées étant couplées à des gènes de résistance à d’autres maladies, on va au-devant de catastrophes. » Autrement dit, supprimer une maladie, c’est donner à d’autres la possibilité de s’exprimer. Quel progrès…
La science ainsi progressant à pas de géant, après « un enfant quand je veux », nous dirigeons-nous vers « un enfant comme je veux » ?
« Un jour, vos petits seront choisis pour éviter la myopie », écrivait le professeur en 1986. Et de citer justement l’Angleterre, où se pratique déjà le diagnostic pré-implantatoire (DPI) sur un embryon conçu par FIV (fécondation in vitro) pour éviter… le strabisme ! Et les États-Unis, où la technique sert aussi à choisir le sexe de l’enfant…
Une solution ? Restreindre l’usage de la DPI à une seule maladie, propose Jacques Testart. Choisir la surdité plutôt que la cécité ? Des problèmes neurologiques plutôt que des problèmes cardiaques ? Des choix plus inhumains que cornéliens…
Qui plus est, un enfant choisi sur mesure ne sera de toute façon que la résultante de calculs de probabilités extrêmement complexes, qui d’aucune façon ne garantira la bosse des maths ou le don musical… sans même parler du bonheur. Quand les parents spéculaient avec émotion avec des « À qui ressemblera-t-il ? » qui amenaient la surprise, ils n’auront plus qu’à attendre une « certitude ». Pas sûr que ces enfants-là soient plus aimés que les premiers…
En outre, si les progrès de la science permettent à des adultes de mener une vie indéniablement plus facile lorsqu’ils sont atteints, par exemple, de myopathie, la sélection génétique devenant eugénique, tout porte à croire qu’elle sera soumise aux lubies des parents, eux-mêmes subissant des facteurs d’influence, comme la mode. Avec, à terme, une société peuplée d’individus très semblables.
Nous répéter « diversité » à tout bout de champ pour en arriver là…
- Source : Caroline Artus