Sénégal : mis sous pression par son peuple, Macky Sall, l’allié de Macron en Afrique, annonce qu’il abandonne le pouvoir
Une décision historique qui aura cueilli à froid une immense majorité des Sénégalais.
Et la surprise a été d’autant plus grande que jusqu’à son annonce, personne n’y croyait. Car, le protagoniste (Macky Sall) aura maintenu le suspense jusqu’au bout à travers une communication politique extrêmement efficace destinée à éviter toute fuite. D’ailleurs, au sein même du cercle restreint de ses plus fidèles alliés, le mystère n’a jamais été percé.
Et finalement, c’est fait. Le président, Macky Sall, proche allié de Macron en Afrique, a annoncé, ce 03 juillet, qu’il renonce à briguer un troisième mandat. Une décision, prononcée dans un discours à la Nation, très largement suivie par le peuple sénégalais dans un contexte politique extrêmement sensible.
« Mes cher(e)s compatriotes, ma décision longuement et mûrement réfléchie est de ne pas être candidat à la prochaine élection du 25 février 2024. Et cela, même si la constitution m’en donne le droit », a déclaré le 4ème président de la République sénégalaise dans un discours très attendu.
Un ouf de soulagement. Aussitôt annoncée, la décision a suscité une vague de réactions au sein de la classe politique. Au sein de son parti, on salue la grandeur de l’homme. Pendant ce temps, du côté de l’opposition, certains parlent d’un stratagème savamment orchestré par le président et son entourage pour enfumer le peuple sénégalais. L’avenir nous en dira un peu plus.
Mais, comment expliquer ce revirement de situation auquel personne ne s’attendait d’ailleurs? Il faut dire que le question du 3ème mandat de Macky Sall a déclenché, ces deux dernières années, de vives tensions, faisant planer sérieusement le spectre d’une guerre civile (si le président s’entêtait à s’agripper au pouvoir).
Pour de nombreux Sénégalais, la Constitution a été très claire là-dessus. Macky Sall était à son dernier mandat et toute tentative de violer la charte fondamentale de la Nation serait synonyme d’une confrontation directe avec le peuple qui semblait déterminé à en découvre avec l’ex bras droit d’Abdoulaye Wade.
Macky Sall a-t-il renoncé pour éviter le pire à son pays, jusqu’ici considéré comme une vitrine démocratique en Afrique? Allez savoir! En tout cas, les récents événements survenus en mars 2021 après l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko et ceux de juin 2023 après sa condamnation à de la prison ferme ont certainement brisé son rêve de poursuivre l’aventure.
En effet, dans ces deux événements qui resteront gravés dans la mémoire collective et qui ont eu un retentissement internationale, l’image du président a été considérablement écornée après la mort d’une dizaine de jeunes et de violentes émeutes qui ont mis l’économie du pays à genoux.
Néanmoins, que les choses soient claires : Macky n’a pas renoncé pour « préserver la Démocratie sénégalaise » comme l’affirment depuis quelques heures ses proches. Il a eu recours à cette décision, à son corps défendant, car il n’avait plus le choix. Il devait en effet choisir entre persister au pouvoir et plonger le pays dans une guerre civile ou y renoncer et sauvegarder son image de président démocrate que l’Occident retient encore de lui. Son renoncement est certes salutaire car ayant permis d’apaiser les tensions. Toutefois, le pays n’est pas encore sorti de l’auberge.
Qui succédera à Macky Sall au sein du parti APR? Son successeur fera-t-il l’unanimité? Le tout-puissant opposant politique Ousmane Sonko, condamné à de la prison ferme pour « corruption de la justice », participera-t-il à la présidentielle de 2024 comme le réclament ses millions de sympathisants? Autant de questions qui méritent une réponse claire et nette.
De nombreuses surprises nous attendent et les prochains événements seront déterminants.
- Source : Le Courrier du Soir