Non-vaccinés et transmission Covid : que dit la science ?
L’Académie de Médecine, la Haute Autorité de Santé sont des institutions scientifiques de référence : pourtant on peut s’inquiéter de la pauvreté de leur argumentaire qui paraît plus politique et dogmatique que scientifique.
Omicron, un variant plus circulant malgré la couverture vaccinale
L’évolution du caractère plus transmissible des variants est constatée dans les taux de contamination des ménages au contact d’un cas malade (ou index) grâce à un indicateur qui est le taux d’attaque secondaire (SAR). Ce dernier est, malgré le haut niveau de couverture vaccinale, de 42,7 % pour Omicron (7 études) alors qu’il était de 36,4 % pour Alpha (sur 11 études), de 29,7 % pour Delta (sur 16 études) et 22,5 % pour bêta (sur 3 études).
Un sujet vacciné infecté contamine-t-il moins ses proches qu’un sujet non vacciné ? Cette question centrale n’est explorée ni par l’Académie de Médecine, ni pas la Haute Autorité de Santé dans leur avis et argumentaire sur la question de la réintégration des soignants suspendus…
Des vaccinés autant contaminants que les non-vaccinés
Une partie de la réponse nous est donnée par une série de travaux récents. Une étude menée selon une méthodologie PRISMA nous indique que sur les quelques études disponibles, aucune différence significative du taux d’attaque n’était retrouvée selon le statut vaccinal du cas index pour les variants Delta et Omicron.
Des vaccinés pas significativement moins contaminés que les non- vaccinés
Cette méta-analyse sur 4 études en période Omicron nous indique que les taux d’attaque en fonction du statut du sujet, cette fois-ci sujet contact, vacciné ou non, bien que plus faible, n’étaient pas significativement différents : [non vaccinés (43,9 %) par rapport aux contacts vaccinés par rappel (32,7 %)] (P =0.16).
Les vaccinés infectés : une concentration de virus plus élevée ?
La valeur quantitative du seuil de RT-qPCR (Ct) d’une infection par le SRAS-CoV-2 représente l’inverse de la charge virale et est corrélée au virus cultivable ; ainsi, il peut être utilisé comme indicateur de l’infectiosité du SRAS-CoV-2. En conséquence, une faible valeur Ct implique une infectiosité élevée. Une étude qatari publiée le 27 mai 2022 étudie la charge virale en comparant vaccinés et non vaccinés sur la période Omicron : cette étude révèle qu’une charge virale moyenne plus élevée est retrouvée chez les vaccinés infectés (Ct = 23,47) et ceci même avec 3 doses (Ct = 24,21) alors qu’elle est en moyenne un peu plus faible chez les non-vaccinés infectés (Ct = 25). Ce constat est confirmé dans un travail publié dans le New England Journal of Medecine le 21 juillet 2022 : les personnes infectées par les variantes Omicron du SRAS-CoV-2 non seulement excrètent du virus cultivable au-delà de 5 j après un test positif initial et surtout sans différence constatée selon le statut vaccinal.
Les jeunes vaccinés infectés toussent plus que les non-vaccinés !
Une étude publiée dans The Lancet a comparé les profils de maladie, y compris les symptômes des jeunes de 12 à 17 ans vaccinés à une dose, comparés à des non-vaccinés. A la période Omicron, la plupart des symptômes généraux avaient une prévalence plus faible chez les jeunes vaccinés (n=2 882) par rapport aux non vaccinés (n=707), mais la toux persistante et chez les adolescents, la rhinorrhée, les éternuements étaient plus fréquents.
Et dans les hôpitaux, 100% vaccinés, la situation se dégrade en 2022
Alors que la vaccination est obligatoire pour le personnel des hôpitaux et des établissements médico-sociaux depuis septembre 2021, que le second rappel est maintenant recommandé par la DGS, certains indicateurs se dégradent. En effet, les Covid contractés dans les hôpitaux et la proportion liés aux soins ne régressent pas malgré une couverture vaccinale de 100%, avec un couteux pass vaccinal contrôlé aux entrées qui semble inefficace. Le rapport de Santé Publique France de fin juin 2022 révèle en effet, sur le premier semestre « une augmentation de la part des transmissions lors des soins et liée aux visiteurs. Ces constats suggèrent une baisse de la vigilance au sein des établissements de santé ayant procédé aux signalements ».
Si le rapport note moins de soignants contaminés au sein de l’hôpital, il relève déjà 360 cas groupés (22% des cas) en moins de 6 mois comparés à environ 347 cas groupés sur toute l’année 2021 (13% des cas). Quand on sait qu’un cas groupé moyen comprend 10 contaminations, nous tournons autour de 3460 contaminations sur 6 mois déclarées en lien avec les seuls soins. La rupture dans l’application des mesures barrières (41 %), notamment lors des soins et de l’accueil des familles/visiteurs est une cause majeure relevée de COVID nosocomial dans ce rapport.
99,4 % de la population immunisée au Royaume-Uni
De trop nombreux experts raisonnent de manière binaire vaccinés/non vaccinés. Or la protection de la population est intrinsèquement dépendante de son immunisation. Les soignants suspendus comme le reste de la population ont été confrontée aux vagues successives de COVID. En mars 2020, ils étaient en première ligne et ont payé un lourd tribut, le vaccin n’étant pas disponible et les équipements de protection manquaient…. En juillet 2022, combien ont rencontré une des versions du virus en France ? Mystère… ? Secret défense… ?
Les transparentes données de l’United Kingdom Health Security Agency (UK-HSA) permettent de constater que la présence d’anticorps (sérologies anti-S positives) dans la population des donneurs de sang est de quasiment 100%. En effet, la vaccination et l’infection naturelle ont permis de retrouver des anticorps chez précisément 99.4% des donneurs de plus de 17 ans sur la période étudiée, du 31 janvier au 27 mars 2022. L’immunité par le biais des Anticorps de type N, preuve de la rencontre du virus entier, concernerait, elle, environ 45% de la population.
L’immunité par voie naturelle favorise l’immunité muqueuse
On sait maintenant que l’infection naturelle, si elle n’évite pas une réinfection par un variant émergent récent type BA.4 ou BA.5 (comme la vaccination d’ailleurs), favorise fortement l’immunité muqueuse, essentielle à faire barrière à la transmission. Ainsi, une étude publiée en mars 2022 montre que l’activité neutralisante de la salive concernait 45 % des sujets infectés non vaccinés, mais n’a été détectée que chez 10,3 % de sujets vaccinés : elle est cependant de 92,6 % chez les sujets vaccinés et infectés. L’infection joue vraisemblablement un rôle crucial dans l’immunité de première ligne qui se situe dans l’oropharynx.
L’immunité naturelle protège des formes graves ultérieures
L’infection naturelle génère également une protection de haut niveau vis-à-vis de la réinfection grave ou mortelle, selon la dernière étude qatari pré publiée. Ainsi, un soignant suspendu qui aurait déjà contracté la COVID aurait à la fois moins de chance de transmettre, mais également peu de risque de faire une forme grave ou sévère. L’efficacité de la primo-infection contre la réinfection grave, critique ou mortelle par la COVID-19 était de 97,3 % quelle que soit la variante de la primo-infection ou de la réinfection, et sans preuve de déclin sur plus d’un an.
Plus de justification scientifique de l’exclusion des non vaccinés
Stigmatiser en 2022 les personnes non-vaccinées qui ont majoritairement rencontré le virus est éthiquement inacceptable. Laisser les soignants suspendus en dehors du système de santé à l’agonie devrait interroger. En parallèle, faire travailler des soignants positifs infectés est préoccupant. Que ce soit Antoine FLAHAUT, épidémiologiste de renommée mondiale, Patrick PELLOUX, président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France ou le cardiologue du CHU de Grenoble et député LR de l’Isère, Yannick NEUDER, de nombreux médecins, scientifiques et politiques plaident ouvertement pour la réintégration des soignants, car il n’y a plus de justification scientifique à leur exclusion.
Le Royaume-Uni a suspendu l’obligation vaccinale en mars 2022 pour les soignants : la décision de suspendre a été validée par 90% des 90.000 participants à une consultation publique sur le sujet. Dans un communiqué, le ministre de la Santé Sajid Javid estimait en début d’année « qu’avec une population mieux vaccinée et des taux d’admission à l’hôpital plus faibles, c’était la bonne chose à faire ».
Pourquoi la France ne suivrait-elle pas… ?
1/3 - Le maintien de la suspension des soignants non vaccinés n’est plus fondé sur le plan scientifique. Il n’y a en effet pas de raison d’exiger le vaccin chez les soignants car il n’évite pas ni ne réduit suffisamment les contaminations avec les nouveaux variants du #SARSCoV2
— Antoine FLAHAULT (@FLAHAULT) July 20, 2022
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- Source : Info du jour