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Jeudi, 20 Nov. 2025

Ukraine SitRep. Combats des chefs à Kiev et chaos sur le front

Auteur : Moon of Alabama (Etats-Unis) | Editeur : Walt | Jeudi, 20 Nov. 2025 - 13h53

La situation en Ukraine devient encore plus compliquée.

La guerre sur la ligne de front se passe mal pour l’Ukraine, tout comme la guerre contre les infrastructures situées en profondeur derrière la ligne de contact.

Un scandale de corruption est utilisé pour neutraliser le président Zelenski. De nouvelles structures de pouvoir sont appelées à prendre place pour favoriser la guerre. Le président Trump tente d’imposer un autre effort de paix alors que l’Europe constate qu’elle manque d’argent pour financer l’Ukraine et la guerre.

Il y a au moins sept villes qui sont en train de tomber ou vont tomber dans les prochains mois.

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Kupyansk est en grande partie sous contrôle russe. Au cours des derniers jours, les forces russes ont pris environ 25% de Siversk. Pokrovsk est à 95% aux mains des Russes. Les combats dans sa ville jumelle encerclée, Mirnograd, touchent lentement à leur fin. La route entre Pokrovske et Guliaipole a été prise. La dernière ville est ainsi coupée de sa principale ligne d’approvisionnement et sera bientôt encerclée.

Le commandement ukrainien avait jeté toutes ses réserves pour empêcher la prise de Prokovsk et de Kupiyansk. Cela n’a servi à rien.

Toutes les brigades ukrainiennes régulières manquent d’infanterie. Les attaques constantes de drones russes font également des ravages sur les éléments logistiques de ces unités.

Le général Syrski, commandant en chef ukrainien, avait misé sur des unités d’assaut nouvellement développées pour permettre une action offensive tout en négligeant les brigades générales qui devaient tenir les lignes. Affaiblies, les lignes de front se sont effondrées lorsque les Russes les ont infiltrées. Des unités d’assaut ont été envoyées et gaspillées dans des contre-attaques censées arrêter de nouvelles percées russes, mais n’ont pas eu d’effets significatifs.

Les fortifications et les bâtiments de défense ne peuvent plus protéger les soldats. Chaque jour, la Russie utilise 200 bombes planantes ou plus pour les démolir. Des frappes de drones et d’artillerie suivent. L’infanterie russe se faufile pour éponger la résistance restante.

C’est un processus assez lent mais qui fonctionne et cause un minimum de pertes aux russes.

La guerre contre les infrastructures situées loin derrière la ligne de contact se déroule également à un rythme élevé. L’Ukraine avait rejeté le cessez-le-feu sur les infrastructures précédemment accepté par le président Trump et le président Poutine. Elle a poursuivi ses attaques contre les raffineries de pétrole russes et d’autres installations énergétiques avec des drones et des missiles. Elles ont jusqu’à présent fait trop peu de dégâts pour ralentir l’économie russe.

La Russie a répondu à ces frappes en lançant des milliers de drones et de missiles contre les installations électriques et de chauffage ukrainiennes, provoquant jusqu’à 18 heures de panne d’électricité par jour, même dans les grandes villes ukrainiennes. Une autre cible russe sont les dépôts ferroviaires où les locomotives sont entretenues. Des centaines d’entre elles ont été détruites lors de telles frappes.

Le manque d’électricité et de transports en commun ont pratiquement arrêté la production à grande échelle de biens industriels. L’économie souffre. Le revenu fiscal diminue.

Le scandale de corruption autour de Timor Mindich qui implique des amis et des membres du cabinet du gouvernement du président Zelinski s’élargit. Chaque jour, le Bureau national de lutte contre la corruption (NABU) divulgue plus de détails sur l’affaire, bien que toute preuve réelle de la corruption manque toujours.

Le NABU et l’ensemble de la verticale anti-corruption est un élément de contrôle direct par l’ambassade des États-Unis à Kiev. Dans un discours prononcé trois jours avant le début de la guerre en Ukraine, le président russe Poutine l’avait décrite ainsi :

"Il n’y a pas de justice indépendante en Ukraine. Les autorités de Kiev, à la demande de l’Occident, ont délégué le droit prioritaire de sélection des membres des organes judiciaires suprêmes, du Conseil de la Justice et de la Commission des Hautes Qualifications des juges, à des organisations internationales.

En outre, les États-Unis contrôlent directement l’Agence Nationale de Prévention de la Corruption, le Bureau National de Lutte contre la Corruption, le Bureau du Procureur spécialisé dans la Lutte contre la Corruption et la Haute Cour Anticorruption. Tout cela est fait sous le noble prétexte de revigorer les efforts contre la corruption. D’accord, mais où sont les résultats ? La corruption est florissante comme jamais auparavant".

Le FBI a un agent de liaison au sein de la NABU et est directement impliqué dans l’enquête en cours sur la corruption.

Quant aux résultats de ces luttes contre la corruption, il n’y en a pas. Après onze ans d’existence, la verticale anti-corruption n’a pas réussi à mettre une seule personne en prison :

"Le NABU et le SAPO n’ont jamais condamné à une peine de prison une personnalité influente qu’ils ont accusée de corruption. L’enquête de corruption du NABU en 2019 contre le président sortant Petro Porochenko a abouti à autant de révélations choquantes que le Myndich-gate en cours, et autant de peines de prison – AUCUNE".

Ce scandale de corruption n’est qu’un instrument pour faire pression sur Zelenski. Il a refusé de mobiliser les personnes de moins de 25 ans et a autorisé les personnes de moins de 22 ans à quitter le pays. Les va-t-en-guerres étasuniens et européens veulent qu’il recrute les jeunes hommes et les utilise comme chair à canon dans leur zèle pour affaiblir la Russie.

Zelenski est politiquement neutralisé. L’opposition à la Rada en profite. Elle exige la démission d’Andrei Yermak, chef de cabinet de Zelenski, et de l’ensemble du gouvernement contrôlé par Yermak sous le Premier ministre Yulia Svyrydenko. Un gouvernement d’union nationale incluant l’opposition est censé les remplacer. Une partie du parti Serviteur du peuple de Zelenski a fait défection et soutient maintenant les revendications de l’opposition.

Au lieu d’être au centre de l’action politique, le président Zelenski pourrait bientôt se retrouver dans une simple position cérémonielle.

Des mouvements encore plus importants sont en préparation. Les États-Unis élaborent un nouveau plan pour mettre fin (?) à la guerre en Ukraine. (La partie russe dit qu’elle n’a connaissance d’aucun de ces plans.) Aujourd’hui, l’envoyé de Trump, Steven Witkoff, était censé rencontrer Yermak et Zelenski à Istanbul pour discuter des nouveaux plans, mais la réunion a été reportée.

De hauts responsables du Pentagone sont arrivés à Kiev pour discuter de l’aspect militaire du problème :

"Le secrétaire à l’Armée Dan Driscoll et le chef d’état-major, le général Randy George, sont devenus les plus hauts responsables du Pentagone de Trump à se rendre en Ukraine lorsqu’ils sont arrivés en voyage inopiné cette semaine, alors que les États-Unis cherchent un moyen d’accélérer la fin de la guerre".

Pendant ce temps, l’Europe découvre qu’elle ne peut pas se permettre (archivé) de payer pour la guerre en Ukraine :

"La pénurie de liquidités à venir à Kiev est sous-jacente à une déconnexion fondamentale entre le désir sans aucun doute sincère de l’Europe de soutenir l’Ukraine et la réalité selon laquelle le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne sont confrontés à de graves crises budgétaires qui leur sont propres. Les promesses de soutien à l’Ukraine vont de pair avec les promesses des membres européens de l’OTAN d’engager 5% de leur PIB dans les dépenses de défense d’ici la fin de la décennie – les deux déclarations sont, pour la plupart, non financées.

Jusqu’à présent, l’histoire de l’engagement de l’Europe avec l’Ukraine se base sur de grandes promesses suivies d’actes considérablement plus modestes – et c’était avant que Trump n’arrête les milliards de l’Oncle Sam. Malheureusement pour Kiev, il y a peu de choses qui suggèrent que l’Europe a les moyens ou la volonté de fournir réellement à l’Ukraine autant qu’elle en a besoin, aussi longtemps qu’elle en a besoin".

Zelenski, et ceux qui soutiennent la poursuite de la guerre, ont perdu le contact avec la réalité. L’armée ukrainienne manque de moral, d’armes et de soldats. Le front est percé à plusieurs endroits. Les infrastructures vitales du pays sont détruites. Il y a des bouleversements politiques et pas d’argent pour continuer la guerre.

Le seul moyen sain de sortir de ce chaos est d’appeler Moscou et d’accepter ses conditions.

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

***

Le scandale de corruption en Ukraine pourrait ouvrir la voie à la paix s’il entraîne la chute de Yermak

Il est l’homme fort de Zelensky, donc sa chute pourrait mettre fin à l’alliance déjà fragile entre les forces armées, les oligarques, la police secrète et le parlement qui maintient Zelensky au pouvoir, le poussant ainsi à faire la paix, surtout si son cardinal gris belliciste ne le pousse plus à continuer le combat.

Il a été estimé précédemment ici que le scandale de corruption énergétique de 100 millions de dollars en Ukraine pourrait tout au plus entraîner un remaniement ministériel, un sentiment partagé par la directrice de RT, Margarita Simonyan, qui a écrit sur X « Mais nous savons tous que ce ne sera pas le cas » en réponse à The Spectator qui prédisait que cela pourrait entraîner la chute de Zelensky. Les événements de la semaine dernière justifient une réévaluation après que les membres du parti au pouvoir ont exigé la démission de son puissant chef de cabinet, Andrey Yermak, au motif qu’il était au courant de cette affaire.

Cela a coïncidé avec le rapport d’Axios selon lequel les États-Unis et la Russie travaillaient secrètement à un accord-cadre pour mettre fin au conflit ukrainien, qui, selon Politico, pourrait être conclu « d’ici la fin du mois, voire dès cette semaine ». La source de ce dernier leur aurait également déclaré : « Nous ne nous soucions pas vraiment des Européens. Il s’agit de l’acceptation de l’Ukraine », ce qui, selon eux, pourrait très bien être le cas puisque le plan sera essentiellement « présenté à Zelensky comme un fait accompli ».

Le journaliste de Politico a précisé : « Ils estiment que l’Ukraine se trouve actuellement dans une position, compte tenu des scandales de corruption qui ont éclaboussé Zelensky et de la situation actuelle sur le front, où ils pensent pouvoir la convaincre d’accepter cet accord. » En conséquence, on peut réévaluer que ce scandale de corruption mené par le « Bureau national anti-corruption » soutenu par les États-Unis pourrait faciliter la fin du conflit, surtout si Yermak en est victime.

Il est considéré comme l’homme fort de Zelensky, et sa chute pourrait mettre fin à l’alliance déjà fragile entre les forces armées, les oligarques, la police secrète et le parlement qui maintient Zelensky au pouvoir.

L’ancien allié emprisonné de Zelensky, Igor Kolomoysky, a affirmé que Timur Mindich, le partenaire commercial de longue date de Zelensky au centre de ce scandale, qui a fui le pays pour éviter une arrestation imminente après avoir été prévenu, est « un bouc émissaire classique« .

Cela suggère que Yermak pourrait être celui qui a tout orchestré.

En extrapolant cette hypothèse, cela expliquerait pourquoi l’UE minimise ce scandale de corruption, le présentant comme une preuve supposée du bon fonctionnement des institutions étatiques ukrainiennes, et tente activement de contrer la diffusion des faits qui s’y rapportent. Yermak est le cardinal gris de Zelensky et soupçonné d’être la raison pour laquelle le dirigeant ukrainien rejette continuellement la paix. S’il tombe à la suite de ce scandale, la paix pourrait enfin être possible. Il pourrait également faire tomber ses partenaires européens.

Après tout, certains de leurs responsables pourraient avoir profité de ce scandale de corruption ou d’autres dans lesquels il est peut-être impliqué, tandis que leurs services de renseignement devaient connaître l’ampleur de cette corruption. Si Yermak décide de tout dévoiler par vengeance, à condition bien sûr que Zelensky se retourne contre lui sous la pression du parti au pouvoir (qui pourrait être soutenu par les États-Unis dans le cadre d’une campagne visant à le convaincre d’accepter tout accord de paix qu’ils présenteront bientôt), cela pourrait entraîner des scandales politiques dans toute l’Europe.

Compte tenu de ces dernières informations, on peut donc estimer que le scandale de corruption en Ukraine pourrait pousser Zelensky à conclure un accord de paix, mais uniquement si la séquence d’événements susmentionnée se déroule. La rapidité avec laquelle tout s’est déroulé jusqu’à présent, notamment en ce qui concerne le revirement de son parti au pouvoir contre Yermak et les dernières informations selon lesquelles les États-Unis et la Russie travailleraient secrètement à un accord-cadre pour mettre fin au conflit, rend ce scénario crédible. Tout sera certainement plus clair d’ici la fin du mois.

Traduction d’Andrew Korybko par Jade - Aube Digitale


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