18 millions d’euros d’aides de l’État pour 120 licenciements : Le scandale Schneider
Le 11 novembre 2025, une intervention à l'Assemblée nationale a mis au jour un nouveau cas d'école de la schizophrénie économique du pouvoir. La séquence dévoile une réalité crue : l'État a généreusement abondé les caisses de Schneider Electric à hauteur de 18 millions d'euros au premier semestre 2025. Quelques mois plus tard, ce pilier du CAC 40, pourtant outrageusement rentable, programmait la fermeture de son site CEV à Privas, en Ardèche, sacrifiant sans états d'âme 120 salariés.
Une entreprise prospère en mode restructuration
Le 9 septembre 2025, Schneider Electric, géant de l’énergie et des automatismes, officialisait la fermeture de deux sites de sa filiale CEV, à Privas et Montélimar. Officiellement, une « baisse continue de l’activité » et un « projet de redéploiement » justifient cette décision qui affectera près de 120 personnes. À Privas, petite préfecture de 8 500 habitants, c’est un quart du tissu industriel local qui s’évapore. Les syndicats, de la CFDT à FO, dénoncent un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) pour cessation d’activité dans une zone rurale déjà fragilisée. Sauvegarder l’emploi tout en licenciant, encore une inversion du langage politique truqué. Le scandale ne réside pas dans la restructuration en soi, mécanique bien rodée, mais dans le contexte : Schneider Electric affichait un chiffre d’affaires de plus de 35 milliards d’euros en 2024 et distribuait des dividendes records à ses actionnaires. La rentabilité, oui, mais pas pour tous.
ALERTE INFO
— Tribune Populaire (@TribunePop23) November 11, 2025
Alors que l’État a versé 18 millions d’euros au groupe Schneider au premier semestre 2025, l’entreprise, l’une des plus rentables du CAC40, choisit de fermer le site CEV de Privas en Ardèche, laissant 120 salariés sur le carreau. pic.twitter.com/OdGAil14hy
Le coup de gueule salvateur d’Hervé Saulignac
L’extrait vidéo capture l’intervention cinglante du député socialiste de l’Ardèche, Hervé Saulignac. Face à une ministre gênée, il a porté une estocade aussi simple qu’accablante. Reprenant ses propos avec une clarté assumée : « Je suis l’élu de Privas, la plus petite préfecture de France. Schneider y ferme une filière, 120 personnes au chômage. Un quart de l’emploi industriel local. » Puis, retournant le couteau dans la plaie : « J’ai été voir les salariés et je n’ai pas osé leur dire une chose. Nous avons versé dix-huit millions d’euros au premier semestre 2025 au groupe Schneider. Pendant combien de temps va-t-on subventionner la destruction d’emplois ? J’ai honte. » Un discours qui, pour une fois, nomme la duperie : personne ne paie des impôts pour ça.
L’argent public, carburant de la casse sociale
Que cachent ces 18 millions d’euros ? Crédits d’impôt recherche, fonds France 2030 pour la « transition » ? Le flou artistique entourant ces subventions profite toujours aux mêmes. Schneider Electric, champion officiel de la décarbonation, carbure aux fonds publics pour ses innovations vertes. Dans le même temps, il délocalise une activité de recyclage, pourtant cruciale, et distribue des dividendes plantureux. La « conditionnalité » des aides, évoquée par le député, reste la grande absente du débat. L’État, jouant les bienfaiteurs sans exigence, se mue en complice financier d’une logique actionnariale qui broie les territoires.
Une impunité qui nourrit la colère
La polémique enfle, et pour cause. Elle dépasse le seul cas ardéchois pour incarner le scandale permanent de la désindustrialisation française. Les réactions en ligne oscillent entre une colère sourde et un cynisme résigné, dénonçant pêle-mêle l’Europe, la priorité aux actionnaires et le niveau des taxes. Pendant ce temps, à Privas, les salariés sont priés de croire à la vertu des « PSE exemplaires » tandis que le groupe qui les licencie continue de percevoir l’aumône de l’État. Cette affaire confirme une fois de plus que pour les grands groupes, la seule transition qui vaille est celle des profits.
- Source : Le Média en 4-4-2















