Portrait en 4-4-2 : Michel Fournier, ministre rural de la Ruralité (attention ! arnaque)

Françoise Gatel, la ministre de l'aménagement du territoire et de la décentralisation, n'est jamais montée sur un tracteur et a toujours été du côté du manche. Il fallait une figure apte à incarner la ruralité et faire figure d'opposant pour égayer le morne gouvernement Lecornu II. Pour tenir ce rôle, Michel Fournier (inconnu du grand public) a été nommé ministre délégué à la ruralité auprès de Françoise Gatel. Et il a appris sa nomination à la télé, dit-il.
Michel Fournier : voilà une bonne tête de paysan tout étonné de quitter son village des Vosges de 300 habitants pour se retrouver ministre : « J’ai l’impression que quelque chose m’échappe un peu. Les gens sont très gentils, très simples. Mais “Bonjour monsieur le ministre”, je l’entends quarante fois, cinquante fois par jour. C’est peut-être maladroit de dire ça mais je trouve que c’est un peu excessif ».
Les ors et les fastes l’étouffent : « J’ai été me mettre assis sous des arbres en attendant de rentrer au Sénat. Parce que voilà, à un moment donné, je ne peux pas rester de bureau en bureau. Il me faudra un petit peu respirer hein ». On est heureux de savoir que Michel Fournier trouvera un peu d’air frais sous les ombrages du parc de l’Hôtel de Roquelaure, boulevard Saint-Germain.
Michel Fournier serait donc un paysan avec son allure bonhomme et sa grosse moustache ? Quelle belle histoire ! Sauf qu’il s’agit d’un conte. Il n’est pas fils d’agriculteur. Son père tenait un bistrot dans un village. Mais lui, se retrouve dans le village des Voivres par hasard : « Je voulais me retrouver isolé. J’ai vu une annonce d’une ferme pas très chère et on s’est laissé tenter. Je n’avais jamais foutu les pieds là-bas, mais j’ai toujours eu besoin de m’identifier à un territoire, c’était l’endroit idéal ».
Un rebelle bien installé dans le système
Après divers boulots, douanier, ouvrier agricole, poseur de volets roulants, il devient à 23 ans agent commercial multicartes, métier qui correspond mieux à son bagout et à sa liberté d’entreprendre et de parler : « J’ai vendu tout ce qu’on peut vendre. Du chewing-gum, des radiateurs électriques, des valises d’espionnage sans jamais avoir un salaire fixe, mais en étant payé aux commissions ». Il exercera cette profession jusqu’à sa retraite et reprendra plusieurs magasins de fleuriste à Bains-les-Bains.
Vice-président de la communauté d’agglomération d’Épinal, vice-président du Pôle d’Équilibre Territoriaux et Ruraux Cœur des Vosges, maire des Voivres, tout cela lui rapporte 28 741 € par an de 2015 à 2019, jusqu’à ce qu’il soit élu président de l’Association des maires ruraux de France qui fédère près de 13 500 maires ruraux.
Une cour assidue
En 2018, il invite le président à visiter le village dont il est maire : Les Voivres, qui avait placé Marine Le Pen en tête aux deux tours de la présidentielle 2017, largement devant Emmanuel Macron. « À jamais libre et non incorporable » : cette plaque avait été scellée peu de temps avant cette visite du chef de l’État sur le fronton de la mairie. Ainsi personne ne lui a jeté de pierres après cette visite pas forcément bienvenue.
En 2019, Alexandre Jardin l’invite gentiment sur France2 : « ce maire a ressuscité son village ».
Le 21 avril 2021, « Michel Fournier, président des maires ruraux de France : les mille et une vies d’un rebelle » titre Vosges Matin. Rebelle, vraiment ?
La même année, Michel Fournier réagit avec déférence à la gifle reçue par Emmanuel Macron dans la Drôme avec un communiqué intitulé « Aujourd’hui, tous les maires ruraux sont Macron ». Comme si une paire de baffes avait le moindre rapport avec l’attentat de Charlie Hebdo.
Le 18 novembre 2021, dans son discours au 103e Congrès des maires de France, Macron, le reconnaissant comme un des siens, saluait l’action de Michel Fournier.
Le 30 juin 2023, la Banque des Territoires ouvre son site à Michel Fournier qui déclare : « Grâce à l’Agenda rural proposé par l’Association des maires ruraux de France, Emmanuel Macron a apporté la réponse à la crise des gilets jaunes. Il s’agissait de calmer le jeu ». Michel Fournier a imposé le programme Villages d’avenir dans le cadre du plan France ruralités. Nous voilà en pleine technocratie créatrice d’emploi parasites. Le Cerema (Climat et territoires de demain) apporte son expertise en ingénierie pour accompagner les collectivités rurales dans leurs projets de transition écologique. Il finance 20 directeurs de projet Villages d’avenir, 120 chefs de projets. Les communes lauréates disposent ainsi d’un interlocuteur identifié en appui pour faire avancer leurs projets auprès de l’ensemble des partenaires, publics comme privés.
Le 9 mai 2024, France3 offrait un véritable panégyrique à Michel Fournier, maire des Voivres, « homme engagé ».
C’est donc par le plus grand des hasards que Michel Fournier avait, deux jours avant sa nomination, discuté avec Sébastien Lecornu qui travaillait à la formation de son gouvernement. Il n’a absolument rien fait pour en arriver là, c’est pour lui une totale surprise et ses administrés doivent le croire.
- Source : Le Média en 4-4-2