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Jeudi, 21 Août 2025

Inde et Chine consolident leurs relations bilatérales après des années de tensions frontalières

Auteur : Franck Pengam | Editeur : Walt | Jeudi, 21 Août 2025 - 14h21

Le Premier ministre indien et le chef de la diplomatie chinoise se sont félicités des avancées « régulières » dans leurs relations, pourtant historiquement tumultueuses.

Ils ont convenu de reprendre leurs échanges commerciaux et autres liens bilatéraux, tout en s’attelant à résoudre leur différend frontalier dans l’Himalaya qui s’éternise depuis des décennies.

À Delhi, Wang Yi, principal diplomate chinois, et Ajit Doval, conseiller indien à la sécurité nationale, ont discuté de « désescalade, de délimitation et de questions frontalières », selon le ministère indien des Affaires étrangères.

Les médias d’État chinois ont présenté ces discussions comme une volonté d’« explorer la possibilité de faire avancer les négociations sur la démarcation des frontières ».

Ces rapprochements surviennent en plein chamboulement géopolitique mondial déclenché par la politique de tarifs douaniers de Donald Trump. Les deux géants asiatiques semblent avoir compris qu’ils avaient tout intérêt à mettre de côté leurs querelles face à ces nouvelles donnes économiques.

La Chine et l’Inde, ces deux poids lourds démographiques qui représentent près d’un tiers de l’humanité, cherchent visiblement à renforcer leur autonomie stratégique.

Reprise des échanges et liaisons aériennes entre l’Inde et la Chine

Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, Pékin et New Delhi se sont mis d’accord pour reprendre les vols directs – une promesse déjà formulée en janvier dernier – ainsi que pour faciliter l’octroi de visas aux journalistes et encourager les échanges commerciaux et culturels entre leurs nations.

Pendant que nos élites françaises nous parlent de « repli sur soi » quand on évoque la souveraineté nationale, ces deux puissances mondiales n’hésitent pas à protéger leurs intérêts tout en trouvant des terrains d’entente lorsque cela les arrange.

Sur les réseaux sociaux, le Premier ministre indien Narendra Modi a souligné « le respect des intérêts et de la sensibilité de chacun », tandis que le ministère chinois des Affaires étrangères affirmait que les deux pays étaient entrés dans une « voie de développement stable » et devraient « se faire confiance et se soutenir » mutuellement.

Visite diplomatique et tensions frontalières

Wang Yi a fait escale à Delhi juste avant que Modi ne se rende à Pékin pour rencontrer Xi Jinping en octobre, son premier voyage en Chine depuis 2018.

Cette visite prend une ampleur particulière dans un contexte de tensions mondiales croissantes. Les relations sino-indiennes, refroidies par des différends frontaliers, semblent entrer dans une nouvelle phase.

Leur rencontre en Russie en octobre dernier, la première depuis cinq ans, a marqué un tournant dans leurs efforts pour apaiser les tensions.

Les analystes se demandent maintenant si ce rapprochement diplomatique annonce une coopération plus étroite entre les deux géants asiatiques. Après tout, l’Inde et la Chine représentent ensemble près de 40 % de la population mondiale.

Reste à voir si Modi saura tirer son épingle du jeu face à un Xi Jinping au sommet de sa puissance.

Conflit frontalier et négociations en cours

Les relations entre ces deux puissances nucléaires se sont effondrées en 2020 quand un conflit frontalier dans l’Himalaya a viré au bain de sang.

Pas de drones high-tech ni de missiles sophistiqués : les soldats se sont battus à mains nues, comme au Moyen Âge, avec 20 soldats indiens et 4 chinois morts selon les chiffres officiels.

Cette escalade représente la pire flambée de violence entre ces voisins depuis des décennies. Depuis lors, les deux géants ont enchaîné plusieurs rounds de pourparlers pour calmer le jeu.

Chacun continue de bétonner sa frontière, renforçant ses positions militaires, mais ils ont signé un accord sur les patrouilles et retiré une partie de leurs troupes supplémentaires.

Ces négociations interviennent alors que les tensions ont frôlé plusieurs fois la catastrophe. Quand deux pays qui se méfient partagent près de 3 500 kilomètres de frontière disputée, les étincelles sont inévitables.

Prudence et scepticisme face à l’avenir des relations sino-indiennes

Lundi, Wang Yi a déclaré :

« Les revers que nous avons subis ces dernières années n’étaient pas dans l’intérêt des peuples de nos deux pays. Nous sommes encouragés de constater la stabilité désormais rétablie aux frontières ».

Pourtant, des tensions concrètes persistent. Selon Delhi, le ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar a exprimé ses inquiétudes concernant le projet chinois de construire un barrage titanesque sur le fleuve Yarlung Tsangpo en territoire tibétain.

Ce projet, qui devrait devenir la plus grande centrale hydroélectrique au monde, suscite de vives craintes quant à son impact sur les régions situées en aval.

Le rôle des tarifs douaniers de Trump

Selon Sana Hashmi, chercheuse à la Taiwan-Asia Exchange Foundation, les taxes imposées par le président américain et la perception d’un désengagement américain dans la région indo-pacifique ont joué un rôle décisif dans le rapprochement entre l’Inde et la Chine.

« Les questions de sécurité fondamentales et la nature générale des relations entre l’Inde et la Chine ne changeront pas à cause des politiques de Trump, et le cadre indo-pacifique continuera de façonner la dynamique régionale », a confié Hashmi au Guardian.

Elle ajoute que :

« Pour l’instant, la priorité de l’Inde est de gérer les tensions avec la Chine tout en naviguant dans des eaux troubles avec les États-Unis ».

Le retrait relatif de Washington n’a pas échappé aux puissances asiatiques, qui privilégient désormais une approche pragmatique de leurs relations bilatérales.

Le grand écart géopolitique de l’Inde

Après son passage en Inde, Wang poursuivra sa route vers le Pakistan, allié fidèle de la Chine mais adversaire notoire de l’Inde.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que Pékin souhaitait « renforcer la coopération amicale avec les deux pays ».

Cette tournée diplomatique, savamment orchestrée par la Chine, vise à maintenir son influence dans une région stratégique où les tensions historiques persistent.

Le timing de cette visite n’est pas anodin, alors que la région connaît des bouleversements géopolitiques majeurs. Les élites occidentales, trop occupées à défendre leurs intérêts ailleurs, semblent ignorer comment Pékin tisse sa toile en Asie du Sud.

Pour la France et l’Europe, absorbées par d’autres crises, ce jeu d’influence chinois passe quasi inaperçu. Pourtant, ces alliances loin de nos frontières risquent d’avoir des conséquences sur notre économie et notre souveraineté déjà fragilisées.

Lire aussi: La politique de Trump a rapproché l'Inde et la Chine


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