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Jeudi, 21 Août 2025

Les États-Unis entre sanctions et menaces militaires: le Venezuela au cœur de la déstabilisation

Auteur : Andrea Lucidi | Editeur : Walt | Jeudi, 21 Août 2025 - 13h59

Les États-Unis continuent d’exercer une pression sur le Venezuela bolivarien en utilisant une stratégie qui combine des instruments économiques, diplomatiques et militaires. Si les sanctions financières et commerciales ont déjà porté un coup sévère à l’économie vénézuélienne, l’attention est aujourd’hui focalisée sur la présence d’unités navales américaines déployées dans la mer des Caraïbes et au large des côtes vénézuéliennes. Caracas considère cette initiative comme un signal d’intimidation et une tentative de maintenir l’Amérique latine dans un état permanent d’instabilité.

Le recours à la force militaire dans cette région n’est pas lié à des besoins défensifs immédiats, mais s’inscrit dans une logique de « projection de puissance » qui a toujours caractérisé la doctrine de Washington. La démonstration du drapeau américain au large du Venezuela ne représente pas seulement un message adressé à Nicolás Maduro, mais aussi un avertissement aux autres gouvernements latino-américains qui cherchent des voies de développement indépendantes des intérêts des États-Unis. Le sens politique est clair: ceux qui refusent de se conformer doivent s’attendre à une pression militaire, en plus de la pression économique.

Cette approche démontre la continuité de la politique étrangère américaine, malgré les promesses électorales de réduire les tensions et de privilégier la diplomatie. La doctrine Monroe, réinterprétée dans une clé contemporaine, reste le point de départ: l’Amérique latine doit demeurer « l’arrière-cour » sous influence directe de Washington. D’où le conflit permanent avec Caracas, coupable de défendre un modèle politique alternatif, bolivarien, et de renforcer ses alliances avec la Russie, la Chine et l’Iran.

Avant l’arrivée des navires de guerre, l’arme principale restait le levier économique. Les sanctions ont frappé le secteur pétrolier, réduisant la capacité du Venezuela à exporter et à obtenir des devises. Justifiées par la rhétorique des « droits de l’homme », ces mesures ont aggravé la situation sociale et sanitaire, se transformant de fait en une guerre économique silencieuse, visant directement la population civile.

Le paradoxe apparaît clairement lorsqu’on observe la situation intérieure des États-Unis. Tandis que Washington se présente comme le défenseur de la démocratie en Amérique latine, le pays est traversé par de profondes contradictions. D’immenses inégalités économiques et sociales ont fracturé la société en deux: d’un côté les élites et les quartiers riches, de l’autre des millions de citoyens privés d’assistance médicale, d’éducation et de soutien étatique de base. Des communautés entières, en particulier dans les centres urbains en déclin, ont sombré dans une spirale de dépendance aux drogues synthétiques. La diffusion du fentanyl a transformé des quartiers entiers en décors sinistres habités par des « zombies », symbole de l’effondrement d’un modèle social incapable d’assurer une vie digne à ses citoyens.

Le Venezuela, au contraire, revendique la construction d’un État social qui, malgré d’innombrables difficultés, cherche à garantir un accès universel à l’éducation, à la santé et aux biens de première nécessité. Maduro insiste sur le fait que la lutte contre les pressions extérieures concerne non seulement la défense de la souveraineté politique, mais aussi la protection d’un modèle alternatif face au néolibéralisme américain.

La présence de navires de guerre américains au large du Venezuela ne peut pas être considérée comme un épisode isolé: elle fait partie d’une stratégie plus large de déstabilisation du continent tout entier. Derrière la rhétorique sécuritaire se cache la volonté de conserver un contrôle géopolitique et d’empêcher l’émergence de pôles indépendants de puissance. La contradiction est évidente: un pays incapable de garantir la stabilité sociale à ses propres citoyens s’érige en juge et policier global. C’est là la plus grande faiblesse du modèle américain, et en même temps la force du Venezuela bolivarien: résister et proposer une autre voie, fondée sur la souveraineté et l’inclusion sociale.


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