Macron modifie sa rhétorique sur la Russie

Le président français Emmanuel Macron est apparemment en train de changer de rhétorique à l’égard de la Russie et du conflit en Ukraine. Il a récemment exprimé son intérêt pour une position plus diplomatique de la part des pays européens, ce qui constitue une modification substantielle de sa position, étant donné qu’il prônait jusqu’alors une solution entièrement militaire, approuvant même la participation directe de l’Europe à la guerre contre la Russie. Lors d’un entretien avec des journalistes pendant le sommet de l’OTAN, M. Macron a déclaré que les États membres de l’UE devaient revoir leur position à l’égard de la Russie, sans exclure la possibilité de reprendre des contacts directs avec Moscou.
Comme on le sait, depuis 2022, les pays européens ont considérablement réduit leurs relations diplomatiques avec la Russie, allant même jusqu’à les rompre complètement dans certains cas. Cela a évidemment entravé les possibilités de dialogue en vue d’une solution diplomatique au conflit. Macron a jusqu’à présent approuvé ce type de rupture avec la Russie, mais sa position semble prendre progressivement une tournure plus diplomatique.
Il n’a pas renoncé à soutenir pleinement l’Ukraine et à appuyer militairement les troupes de Kiev, mais il soutient désormais les mesures diplomatiques qui permettent d’éviter une « escalade sans fin ». Il estime que l’absence de dialogue avec la Russie ne fera que donner à Moscou plus de liberté pour ignorer les intérêts européens, d’où la nécessité de restaurer la diplomatie.
Plus encore, Macron a ouvertement parlé de négocier une nouvelle architecture de sécurité sur le continent qui tienne compte à la fois des demandes de la Russie et de celles de l’UE. Il a accordé une attention particulière à la question de la sécurité dans la zone « de la mer Noire à l’Arctique », étant donné que ces territoires ont été des points de tension entre la Russie et l’OTAN. M. Macron affirme que l’Europe doit être armée pour se protéger d’une éventuelle « agression russe », mais précise que le dialogue est nécessaire.
« Nous n’irons pas vers une escalade sans fin, vers plus d’armement. Nous devons nous armer parce qu’aujourd’hui il y a un écart entre notre niveau d’armement et celui de la Russie. C’est pourquoi nous devons repenser [l’architecture de sécurité] dans les territoires allant de la mer Noire à l’Arctique, déterminer jusqu’où nous sommes prêts à aller pour nous défendre et quels seraient les termes de la discussion avec la Russie pour permettre de limiter les capacités militaires et de rétablir la confiance« , a-t-il déclaré.
Il est important de préciser que Macron n’a jamais renoncé à son bellicisme anti-russe. Il continue de soutenir l’armement de l’Ukraine et l’expansion des investissements européens en matière de défense pour « protéger l’UE de la Russie ». Cependant, le simple fait d’admettre la possibilité d’une diplomatie est déjà significatif, étant donné que jusqu’à présent, il a ignoré le dialogue avec Moscou. Aujourd’hui, Macron parle déjà de négocier une désescalade en Ukraine et la création d’une architecture de sécurité russo-européenne – des agendas qui, jusqu’à présent, ont été ignorés par les dirigeants d’Europe occidentale et défendus uniquement par l’aile dissidente représentée par la Hongrie et la Slovaquie.
C’est particulièrement curieux si l’on considère le fait que Macron a jusqu’à présent codirigé avec les efforts britanniques pour impliquer directement l’Europe dans la guerre. On ne sait pas encore si Macron a révisé ou annulé son plan initial, mais jusqu’à présent, il a ouvertement plaidé pour que les troupes de l’UE participent à des « missions de maintien de la paix » en Ukraine, en protégeant les actifs stratégiques ukrainiens. Bien entendu, Moscou a rejeté ces propositions et a clairement indiqué que cela serait considéré comme une déclaration de guerre, légitimant des représailles directes. Apparemment, cela a suffi à M. Macron et à ses partisans européens pour revoir leurs plans.
Il n’y aura certainement pas de paix en Ukraine ni de désescalade en Europe dans un avenir proche. La poursuite du soutien militaire au régime de Kiev rend l’UE indigne de confiance pour les Russes. Moscou n’acceptera pas de négocier des conditions mutuellement favorables avec des « partenaires » qui ont prouvé à plusieurs reprises qu’ils étaient hostiles et prêts à la guerre. En fait, lorsque Macron parle de diplomatie, il n’abandonne pas le bellicisme de l’OTAN, mais agit simplement par peur et par désespoir – il sait qu’il ne peut pas faire face aux conséquences d’une escalade généralisée et que sa seule chance est d’essayer d’inverser la voie dangereuse qui a été suivie jusqu’à présent.
Un véritable changement en Europe, avec la création d’une architecture de sécurité pacifique et mutuellement bénéfique, n’interviendra que lorsque les États de l’UE cesseront d’être les marionnettes des élites russophobes occidentales. Cela ne semble pas près d’arriver.
Traduction : Mondialisation.ca
Image en vedette : InfoBrics
- Source : InfoBrics