L’allégation nucléaire clé à l’origine de la guerre vient d’un algorithme de Palantir

Trump s’est rangé du côté des Israéliens, affirmant que l’Iran est «très proche» de posséder la bombe, et a ajouté qu’il se fiche de ce que pense Gabbard.
La résolution du Conseil de l’AIEA du 12 juin 2025 sur le «non-respect» des obligations de l’Iran aurait été l’élément déclencheur planifié de l’attaque surprise d’Israël contre l’Iran le lendemain. Les Israéliens affirment que le plan de guerre contre l’Iran était fondé sur «l’opportunité» de frapper, et non sur des informations des services du renseignement selon lesquelles l’Iran se rapprochait à grands pas de la bombe (le prétexte de la guerre).
L’affirmation soudaine selon laquelle l’Iran serait très proche de la bombe (qui semble avoir surgi de nulle part, laissant les Américains perplexes quant à la façon dont cela a pu se produire – en un clin d’œil, nous partons en guerre – a ensuite été réfutée par le directeur général de l’AIEA, Grossi, sur CNN le 17 juin (mais seulement après que l’attaque soudaine contre l’Iran ait déjà eu lieu) :
«Nous n’avons aucune preuve que l’Iran ait pris des mesures systématiques pour se doter de l’arme nucléaire», a confirmé Grossi sur CNN.
Cette déclaration a suscité la riposte suivante de l’Iran par l’intermédiaire de son porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Esmaeil Baqaei, le 19 juin :
«C’est trop tard, Grossi – vous avez occulté cette vérité dans votre rapport totalement biaisé qu’ont instrumentalisé l’E3 et les États-Unis pour élaborer une résolution contenant des allégations sans fondement de ‘non-respect’ [par l’Iran]. Cette même résolution a ensuite été utilisée, comme prétexte final, par un régime belliciste génocidaire pour mener une guerre d’agression contre l’Iran et lancer une attaque illégale contre nos installations nucléaires pacifiques. Savez-vous combien d’Iraniens innocents ont été tués ou mutilés à la suite de cette guerre criminelle ? Vous avez transformé l’AIEA en un outil servant les intérêts des pays non signataires du TNP afin de priver les signataires de ce traité de leur droit fondamental en vertu de l’article 4. Avez-vous la conscience tranquille ? !».
À quoi le Dr Ali Larijani, conseiller du Guide suprême, a ajouté :
«Lorsque la guerre sera terminée, nous demanderons des comptes au directeur de l’AIEA, Rafael Grossi».
Ce qu’ils disent
Déclaration du ministère russe des Affaires étrangères concernant l’escalade du conflit israélo-iranien –
«Ce sont précisément ces ‘sympathisants’ [l’UE3] qui ont exercé des pressions sur la direction de l’Agence [AIEA] pour qu’elle prépare une ‘évaluation complète’ controversée du programme nucléaire iranien, dont les lacunes ont ensuite été exploitées pour faire adopter une résolution anti-iranienne partiale par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA le 12 juin [2025]. Cette résolution a en effet donné le feu vert aux agissements de Jérusalem-Ouest, menant à la tragédie» [c’est-à-dire à l’attaque surprise le lendemain, le 13 juin]».
Dans les coulisses
Les arguments qui ont servi de base à la résolution de l’AIEA du 12 juin 2025 – donnant à Israël un prétexte pour frapper l’Iran (et conçue pour influencer le président Trump afin qu’il ignore les avertissements de son propre directeur du renseignement national selon lesquels il n’y a aucune preuve que l’Iran s’oriente vers la militarisation) – n’auraient pas été fournis par le Mossad ou d’autres services de renseignement occidentaux, mais par un logiciel de l’AIEA.
Comme le souligne DD Geo-politics, depuis 2015, l’AIEA s’appuie sur la plateforme Mosaic de Palantir, un système d’intelligence artificielle à 50 millions de dollars qui passe au crible des millions de points de données – images satellites, réseaux sociaux, registres du personnel – afin de prédire les menaces nucléaires :
«Les stocks [d’uranium enrichi] de l’Iran ont augmenté régulièrement pendant des mois, mais le discours sur une percée imminente n’a pris de l’ampleur qu’après la condamnation de l’AIEA le 6 juin 2025. Cette résolution, adoptée par 19 voix contre 3, a fourni à Israël le prétexte diplomatique dont il avait besoin. La plateforme Mosaic de Palantir a joué un rôle crucial dans ce revirement. Ses données ont façonné le rapport du 31 mai, signalant des anomalies à Fordow et Lavisan-Shian, et recyclant des allégations antérieures provenant de Turquzabad, malgré les démentis et autres sabotages de l’Iran depuis des années … Mosaic a été conçu à l’origine pour identifier les activités rebelles en Irak et en Afghanistan».
Son algorithme cherche à identifier et à déduire les «intentions hostiles» à partir d’indicateurs indirects – métadonnées, modèles comportementaux, trafic de signaux – et non à partir de preuves confirmées. En d’autres termes, il postule ce que les suspects pourraient penser ou planifier. Le 12 juin, l’Iran a divulgué des documents qui, selon lui, montraient que le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, partageait les résultats de Mosaic avec Israël. En 2018, Mosaic a traité plus de 400 millions de données distinctes et a contribué à éveiller les craintes concernant plus de 60 sites iraniens, justifiant ainsi les inspections inopinées de ces sites par l’AIEA, dans le cadre du JCPOA. Ces résultats, bien que dépendant en grande partie des équations algorithmiques, ont été intégrés dans les rapports officiels de l’AIEA sur les contrôles de sécurité et ont été largement acceptés par les États membres de l’ONU et les régimes de non-prolifération comme des évaluations crédibles et fondées sur des preuves. Mosaic n’est toutefois pas un système passif. Il est conçu pour déduire de son algorithme des intentions hostiles, mais lorsqu’il est réutilisé à des fins de surveillance nucléaire, ses équations risquent de traduire une simple corrélation en intention malveillante.
Ce qu’en disent les principaux médias israéliens
Ben Caspit, commentateur israélien de centre-droit (Ma’ariv) :
«La «percée» de l’Iran vers l’arme nucléaire a-t-elle réellement été détectée ? Probablement pas. L’ordre du Guide suprême de se doter d’une arme nucléaire militaire a-t-il réellement été donné ? Probablement pas. Ce qui nous a poussés à entrer en guerre, c’est qu’on n’avait pas le choix. Ils faisaient la promotion d’un plan d’anéantissement d’Israël et nous n’avions pas le choix… Le 7 octobre, une douche froide a réveillé tout un pays. Tous ceux qui sont impliqués doivent comprendre que quiconque envisage notre destruction sera détruit. Les yeux rivés sur la balle, et une balle entre les deux yeux… À partir de maintenant, chaque mouvement de nos ennemis, où qu’ils soient, doit être suivi d’une action. Toute tête de serpent qui se lève doit être décapitée… Et il y a autre chose : la rare et unique fenêtre d’opportunité historique qui s’est soudainement ouverte devant nous… Tout cela a justifié la décision d’entrer en guerre… Netanyahou est actuellement en pleine euphorie».
Commentateur israélien, Nahum Barnea (Yedioth Ahoronot) :
«La décision de déclencher la guerre revient entièrement à Netanyahou. Et le voilà, décideur et responsable : tout le mérite lui revient. Trump a donné à Israël le feu vert pour déclencher une guerre, à condition qu’il ne présente pas l’Amérique comme un partenaire et un responsable. La méthode Trump ne fait pas de distinction entre l’Ukraine de Zelensky et l’Iran de Khamenei : l’humiliation est le garant d’un accord final».
Ronan Bergman, commentateur israélien et du NY Times (Yedioth Ahoronot) :
«La nécessité de la série d’assassinats de la semaine dernière a germé pour la première fois en septembre dernier, parmi les hauts responsables de l’Unité 8200, la division de recherche de la Direction du renseignement, du Mossad et d’autres branches du système. Le déclencheur a été la défaite infligée par l’armée israélienne au Hezbollah, suivie de l’attaque réussie contre l’Iran et de la destruction de son système de défense aérienne en octobre, puis de l’effondrement du régime d’Assad à Damas et de la destruction de son système de défense aérienne par l’armée israélienne en décembre. La succession des événements a conduit de nombreux hauts responsables israéliens à croire qu’une occasion sans précédent se présentait, une occasion unique d’attaquer l’Iran… Et c’est ainsi que ‘le forum de décapitation’, qui a décidé du sort de scientifiques à des milliers de kilomètres de là, s’est réuni et a décidé qui serait classé au niveau A – le plus important – et qui serait classé aux niveaux B, C ou D – les moins importants».
Vue d’ensemble
Apparemment, Trump a été convaincu par Netanyahou, Ron Dermer et le général Kurilla du CENTCOM (Politico rapporte que Kurilla a joué un rôle déterminant pour persuader Trump que la directrice du renseignement national Tulsi Gabbard avait tort dans son évaluation selon laquelle l’Iran ne possède pas la bombe atomique). Trump s’est rangé du côté des Israéliens, affirmant que l’Iran est «très proche» de posséder la bombe, et a ajouté qu’il «se fiche de ce qu’elle [Gabbard] dit». Trump a même spéculé à tue-tête – la veille de la fuite du 13 juin – qu’une attaque israélienne (contre l’Iran) «pourrait accélérer [la conclusion] d’un accord». Il ne fait guère de doute que la «chute» soudaine et inattendue de la Syrie a incité les néoconservateurs à imaginer qu’ils pourraient rapidement répéter l’opération en Iran. C’est aussi ce qui explique pourquoi on insiste tant sur l’assassinat du Guide suprême. Mais l’Iran ne s’est pas effondré, et le système iranien s’est rétabli de manière inattendue et rapide. Lorsque les frappes de représailles iraniennes contre Israël ont commmencé, le bloc pro-israélien a paniqué et a exercé une pression énorme sur Trump pour que les États-Unis entrent en guerre aux côtés d’Israël.
Cela a confronté Trump à un terrible dilemme : choisir entre Charybde et Scylla, soit s’aliéner sa base électorale MAGA (qui a voté pour lui précisément pour empêcher les États-Unis de s’engager dans une autre guerre sans fin, ce qui risquerait de causer une défaite du Parti républicain aux prochaines élections de mi-mandat), ou s’aliéner ses donateurs juifs ultra-riches (tels que Miriam Adelson, dont l’argent exerce une influence considérable sur le Congrès et dont les ressources sont exploitées par l’État profond pour poursuivre des intérêts communs avec les partisans d’Israël avant tout), qui se retourneraient contre lui.
Une situation qui n’est pas sans rappeler l’Irak, et le rôle de Colin Powell…
Traduction Spirit of Free Speech
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Que fait réellement Palantir ?
par The Corbett Report
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, Palantir est partout ces jours-ci.
C’est vrai, l’agence de renseignement secrète la moins appréciée de tous fait soudainement la une de tous les journaux.
Investopedia vante le cours record de l’action Palantir.
Le New York Times rapporte le nouveau contrat de Palantir pour créer une «méga-base de données» pour l’IRS.
Les gens descendent dans la rue pour protester contre les technologies de surveillance effrayantes de Palantir.
Bon sang, le directeur technique de Palantir a même pris la parole dans les pages du Free Press pour se vanter d’avoir rejoint l’armée américaine dans le cadre du nouveau «Executive Innovation Corps» de la réserve militaire, composé de geeks et d’hommes d’affaires.
En tant que Corbett Reporter, vous êtes bien placé pour comprendre à quel point cette soudaine attention portée à Palantir est étrange. Après tout, au cours de la dernière décennie, les seuls endroits où vous pouviez trouver des informations sur ce géant de la surveillance et de l’exploration de données étaient Unlimited Hangout, The Last American Vagabond, The Conscious Resistance, The Corbett Report ou d’autres sites web indépendants.
Alors, que se passe-t-il ? Pourquoi Palantir fait-il soudainement l’objet d’une telle attention ? Et qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de Palantir et l’avenir de l’humanité ?
Découvrons-le.
Qu’est-ce que Palantir ?
Si vous avez vu «Comment Palantir a conquis le monde», vous savez déjà ce qu’est Palantir et pourquoi nous devrions nous inquiéter de cet atout de l’État profond qui se fait passer pour un sous-traitant du gouvernement.
Mais au cas où vous n’auriez pas lu cet article important, en voici un résumé en une phrase :
Palantir, qui tire son nom des pierres magiques de Tokein dans Le Seigneur des anneaux, est une agence de renseignement basée dans les marais qui fournit des logiciels de surveillance panoptique et d’exploration de données permettant de suivre tout le monde et tout ce qui se passe pour le compte des pires éléments de l’État profond.
Voilà en gros ce qu’il en est. Mais pour ceux qui souhaitent plus de détails, voici un aperçu un peu plus complet :
En 2003, le sinistre bureau «Total Information Awareness« (TIA) – un programme de la Defense Advanced Research Project Agency (DARPA) visant à collecter, analyser et exploiter toutes les données disponibles sur les transactions, les communications et les déplacements de chaque personne dans le monde, y compris les citoyens américains – a été officiellement supprimé en raison de la réaction négative du public. Par une coïncidence remarquable, au moment même où le TIA était en train de disparaître, le parrain de la mafia PayPal et futur membre du comité directeur du Bilderberg, Peter Thiel (oui, ce Peter Thiel), était occupé à créer Palantir Technologies Inc., une «société de logiciels» (et certainement PAS une société de données !!!) qui, comme le dit un compte rendu populaire, «a accompli avec élégance ce que le TIA avait entrepris de faire».
John Poindexter, ancien directeur de la TIA tombé en disgrâce (et criminel impliqué dans l’affaire Iran-Contra), a été tellement impressionné par les capacités de Palantir, similaires à celles de la TIA, qu’il a personnellement recommandé l’entreprise à In-Q-Tel, la branche de capital-risque de la CIA. Cela a conduit la CIA à devenir le premier et le plus fidèle client de Palantir et a également établi le précédent Palantir : les agences de renseignement, les agences gouvernementales, les services de police et de nombreuses autres agences, départements et entités gouvernementales pouvaient utiliser Palantir comme intermédiaire pour éviter d’être directement impliqués dans la surveillance, l’espionnage, l’exploration de données et d’autres activités douteuses.
Cela nous amène à aujourd’hui, où Palantir gagne plus de 3 milliards de dollars par an en fournissant son logiciel d’analyse de mégadonnées basé sur l’IA à des gouvernements et des entreprises privées du monde entier.
Que fait Palantir ?
Alors, que fait réellement Palantir ? Eh bien, de nos jours, à peu près tout !
Quelques exemples :
Surveillance panoptique de tout le monde
Cela va peut-être sans dire, mais je me dois de le préciser. Depuis sa création, Palantir se distingue par ses programmes avancés d’exploration de données basés sur l’intelligence artificielle et de surveillance et d’analyse basés sur le big data destinés à l’État profond. C’est pourquoi Poindexter s’est intéressé à l’entreprise dès le départ, et c’est pourquoi la CIA et la NSA sont devenues deux des premiers clients les plus fidèles de l’entreprise.
Non seulement Palantir promettait de permettre aux différentes agences de renseignement américaines d’espionner plus efficacement les citoyens américains, mais elle leur permettait également de le faire par l’intermédiaire d’un intermédiaire qui pouvait être sacrifié si jamais il était découvert. Elle leur permettait également d’utiliser un système interopérable qui aidait à connecter les bases de données individuelles de ces agences, qui étaient auparavant cloisonnées les unes par rapport aux autres.
Mais aussi effrayante que la technologie de surveillance de Palantir ait toujours été, elle n’a fait que devenir plus effrayante au fil des ans, s’étendant (comme nous le verrons) à tous les aspects de la vie quotidienne des gens, de leur lieu de travail à leur supermarché en passant par leur cabinet médical, et partout ailleurs.
En fait, cette technologie n’est plus simplement utilisée pour suivre ce que les gens ont fait dans le passé. Elle sert désormais à prédire ce qu’ils feront à l’avenir…
Pré-crime
En 2018, il a été révélé que le département de police de la Nouvelle-Orléans (NOPD) utilisait le logiciel Palantir dans le cadre d’un programme qui «retraçait les liens entre les individus et d’autres membres de gangs, dressait leur casier judiciaire, analysait les réseaux sociaux et prédisait la probabilité qu’ils commettent des actes violents ou en soient victimes».
Conscient qu’un programme conçu pour prédire le comportement criminel des individus avant même qu’il ne se produise serait controversé, le NOPD a déployé des efforts considérables pour garder secrète sa relation avec Palantir. «À ma connaissance, personne à la Nouvelle-Orléans n’est au courant», a admis James Carville, l’agent politique démocrate qui travaille comme conseiller rémunéré pour Palantir et qui a joué un rôle déterminant dans la mise en place du partenariat entre le NOPD et Palantir.
Initialement rapportée par The Verge, la révélation qu’un service de police utilisait un prestataire gouvernemental obscur pour prédire le comportement des gens était censée être un scoop, une révélation qui susciterait une réaction négative du public et mettrait fin au partenariat avec la NOPD et à d’autres programmes similaires. Au contraire, le désintérêt relatif pour cette affaire semble avoir encouragé d’autres services de police à conclure un partenariat similaire avec Palantir.
En 2023, par exemple, il a été rapporté que le département de police de Los Angeles utilisait le logiciel Palantir dans le cadre de son «opération LASER (Los Angeles Strategic Extraction and Restoration)». Selon les rapports, ce programme «implique l’utilisation d’un logiciel fourni par Palantir qui recueille des données sur les antécédents criminels et les affiliations à partir de sources telles que les lecteurs de plaques d’immatriculation et les réseaux sociaux, et calcule un «score de récidiviste» pour chaque individu».
Des rapports ultérieurs ont confirmé que la technologie d’espionnage et de «police prédictive» de Palantir est également utilisée par les services de police et les bureaux du shérif de New York et de Chicago, et que le Centre régional de renseignement de Californie du Nord (NCRIC), géré par le département de la Sécurité intérieure, utilise le système d’exploitation «Gotham» de Palantir pour mener des opérations de ratissage numérique sur 7,9 millions de personnes supplémentaires. Conformément à l’accord conclu entre le NCRIC et les 300 services de police qu’il dessert, tout service de police de la région peut demander des données à Palantir, mais les forces de l’ordre locales ne sont jamais tenues de divulguer la source de ces informations.
Cependant, la police américaine n’est pas la seule à travailler avec Palantir. La semaine dernière, il a été révélé que la police britannique utilise le logiciel Palantir dans le cadre de son «projet Nectar», une opération qui vise à fournir une «vue unique et unifiée» des données provenant de multiples sources et à l’utiliser pour avertir la police lorsqu’une personne est «sur le point de commettre une infraction pénale».
Ainsi, la prochaine fois que vous serez arrêté par la police pour un crime que vous n’avez pas encore commis, vous saurez qu’il est fort probable que le logiciel Palantir ait déclenché votre arrestation !
Armes IA
Au XXIe siècle, une nouvelle génération d’entrepreneurs militaro-industriels high-tech, à la pointe de la technologie et adeptes de l’IA, est en train de supplanter les entrepreneurs militaro-industriels traditionnels, fiables et guindés, en costume-cravate.
Oh, ne vous méprenez pas : les futurs caïds du nouveau complexe militaro-industriel sont tout aussi psychotiques, dérangés et sanguinaires que leurs prédécesseurs. Ils sont simplement plus doués en technologie.
Et il s’avère que Palantir fait partie des entreprises high-tech qui cherchent à supplanter les Raytheon, Boeing et Lockheed Martin de ce monde dans la course à la vente d’instruments de mort et de destruction à l’Oncle Sam.
Bien qu’elle se présente publiquement comme une entreprise fournissant des «plateformes logicielles» pour l’analyse de mégadonnées, Palantir n’est pas étrangère au monde des contrats militaires.
Dans «L’étrange histoire de Peter Thiel – Deuxième partie : acheter des politiciens, c’est facile», j’ai raconté comment Palantir a infiltré ses principaux collaborateurs et consultants au sein du département américain de la Défense (DOD) pendant le premier mandat de Trump, avant de remporter un contrat de 800 millions de dollars avec le DOD – le plus gros contrat de l’histoire de l’entreprise – pour fournir «une suite complète de matériel et de logiciels de renseignement de combat à l’armée américaine».
Depuis lors, les contrats sanglants n’ont cessé de s’accumuler.
En mars de l’année dernière, Palantir a remporté un contrat de 178,4 millions de dollars pour développer et produire dix «Tactical Intelligence Targeting Access Nodes» (TITAN) pour l’armée américaine. Il s’agit de stations terrestres alimentées par l’IA «utilisées pour connecter les unités de l’armée à des capteurs situés à haute altitude et dans l’espace, qui fournissent à leur tour des données de ciblage aux soldats».
Et en mai dernier, Palantir a décroché un contrat de 480 millions de dollars pour développer un prototype de système de ciblage pour le Pentagone qui «utilise des algorithmes générés par l’IA et des capacités d’apprentissage par mémoire pour scanner et identifier les systèmes ennemis».
Washington n’est pas le seul à s’intéresser aux armes IA de Palantir. En avril dernier, le constructeur naval sud-coréen HD Hyundai Heavy Industries a signé un protocole d’accord avec Palantir pour développer des «navires de surface sans pilote» (drones navals) qui, selon eux, «changeront la donne dans les futures guerres navales».
Et, aussi lucrative que l’industrie des armes high-tech ait déjà été pour Palantir, l’avenir sous la nouvelle administration Trump s’annonce encore plus prometteur.
En décembre dernier, Palantir a formé un consortium avec Anduril, une autre entreprise de l’univers Thiel, afin de «fournir l’infrastructure technologique, de la périphérie à l’entreprise, qui permettra à notre gouvernement et à nos partenaires industriels de transformer les avancées américaines de pointe en matière d’IA en capacités militaires et de sécurité nationale de nouvelle génération» (selon les termes écœurants de leur communiqué de presse conjoint).
Naturellement, les systèmes avancés de ciblage par IA et les technologies de drones de Palantir et Anduril ont déjà été déployés en Ukraine et à Gaza, contribuant à alimenter les massacres qui ont lieu dans deux des zones de guerre les plus chaudes du monde.
Mais ne vous inquiétez pas, tout le monde ! Selon Alex Karp, PDG de Palantir (et membre du comité directeur du Bilderberg), l’objectif de Palantir en devenant l’un des principaux fournisseurs militaires n’est pas de gagner de l’argent sur le sang d’innocents. Non, ils contribuent à mettre fin aux effusions de sang et à la violence !
«Notre objectif en tant qu’entreprise est d’aider les États-Unis et leurs alliés à éviter la guerre», a déclaré Karp à Fast Company l’année dernière. «La seule façon d’y parvenir est de projeter une supériorité technologique et stratégique si écrasante que nous effrayons nos adversaires».
Si vous pensez que le raisonnement de Karp est douteux, sachez que Palantir a réaffirmé son soutien aux droits de l’homme et nie catégoriquement avoir quoi que ce soit à voir avec ces programmes d’IA malveillants qui, selon certaines informations, seraient utilisés pour tuer des civils à Gaza ! Donc, tant que vous croyez que les milliards de Palantir proviennent de la vente de drones humanitaires et de systèmes d’IA destinés au bonheur des armées du monde entier, vous pouvez dormir tranquille en sachant que Karp et ses croisés de la paix assurent notre sécurité à tous !
Génomique Surveillance
Comme le souligne Zowe Smith, lanceuse d’alerte de Covid Code, dans son travail sur la surveillance médicale (et dans sa récente apparition dans The Corbett Report), Palantir n’est pas seulement impliqué dans la chaîne de destruction basée sur l’IA qui est utilisée pour cibler et massacrer les Palestiniens à Gaza et les Russes en Russie. Il participe également à la chaîne de destruction basée sur l’IA en Amérique !
Plus précisément, Palantir a contribué à la mise en place de l’infrastructure de surveillance des contacts, des passeports vaccinaux et des identités numériques qui a été mise en place pendant la pandémie. Smith écrit :
«Palantir joue un rôle important dans la fusion de l’IA avec les dossiers médicaux électroniques ou les programmes EHR. Palantir a été engagé par le CDC pour créer une application de traçage des contacts. Pour l’opération Warp Speed, Palantir a fourni un programme d’intelligence artificielle appelé Tiberius. Celui-ci était censé surveiller la capacité des lits en soins intensifs et la disponibilité des respirateurs. Il superpose 225 bases de données du secteur public et privé et les place dans un seul «écosystème». Tiberius peut cibler des groupes ethniques en fonction de leur comportement à risque et de leur emplacement. Il ne se contente pas de cartographier les données, il peut prédire les comportements. Palantir était membre de la coalition pour le registre et le partage d’informations sur la Covid-19. Palantir a également fourni la plateforme d’IA utilisée par HHS Protect pour distribuer le Remdesivir, un médicament mortel qui provoque une insuffisance rénale. De plus, Tiberius a également été utilisé pour identifier les patients participant aux essais cliniques sur les vaccins».
Smith révèle ensuite que le rôle de Palantir dans la surveillance génomique de la population ne s’arrête pas là.
«Palantir est un partenaire de longue date du CDC pour le programme de biosurveillance des vaccins contre la Covid appelé HHS Protect. Le contrat prévoyait que Palantir fournisse un logiciel de surveillance, et le programme qu’ils ont produit s’appelle Tiberius. Les logiciels d’IA ne sont souvent bons que pour une seule tâche ; les programmes sont conçus pour gérer plusieurs tâches. Un peu comme dans le film Inception. Il est courant d’utiliser plusieurs programmes qui fonctionnent en tandem. L’autre programme utilisé dans HHS Protect s’appelle Gotham. Tiberius attribue une note de risque aux cibles, tandis que Gotham a pour fonction de localiser et de décider de manière autonome quand déployer des contre-mesures. Gotham est également utilisé par la police, l’ICE et l’armée pour l’acquisition de cibles dans diverses applications, y compris pour les chaînes de destruction alimentées par l’IA».
Si vous manquez d’imagination et que vous n’avez pas encore compris ce qui rend cette surveillance si dangereuse, il vous suffit de regarder ce qui a été fait avec cette technologie dans le passé.
En 2015, des documents Palantir ont été divulgués, révélant, entre autres détails, que les Marines américains utilisent le logiciel Palantir pour «télécharger des échantillons d’ADN provenant d’endroits éloignés et exploiter les informations recueillies au fil des années grâce à la collecte d’empreintes digitales et de preuves ADN». Les résultats sont renvoyés presque immédiatement, indiquant aux Marines s’ils doivent appréhender la personne recherchée ou la laisser partir.
Aujourd’hui, le gouvernement américain (et d’autres gouvernements) utilise Palantir pour effectuer une biosurveillance et attribuer des scores de risque aux individus figurant dans leurs banques de gènes. Qu’est-ce qui pourrait bien se passer ?
Optimiser l’esclavage salarial
Étant donné que Palantir a bâti sa renommée et sa fortune en travaillant pour des clients tels que la CIA et le Pentagone, la société a suscité beaucoup d’étonnement lorsqu’elle a annoncé en février 2024 avoir conclu un accord avec Coles, le géant australien de la grande distribution, afin d’«améliorer l’efficacité et de rationaliser les opérations» du détaillant.
Quoi ? Palantir travaille dans le secteur de la vente au détail ? Et avec une chaîne de supermarchés, qui plus est ? Qu’est-ce que cela signifie ?
Plusieurs communiqués de presse déguisés en articles de presse ont gentiment expliqué ce que cela signifiait. Le plan consistait à utiliser Foundry, la plateforme d’analyse de données de Palantir, pour «ingérer pas moins de 10 milliards de lignes de données, offrant ainsi des informations approfondies sur tous les aspects des opérations de Coles, depuis ses 840 supermarchés jusqu’à ses 120 000 employés, ses 9000 fournisseurs et ses 41 milliards de dollars de chiffre d’affaires».
Mais qu’est-ce que cela signifie réellement, derrière le jargon des relations publiques ? Eh bien, cela signifie en réalité que Palantir et ses acolytes cherchent désormais à réaliser le rêve fou des technocrates, qui consiste à utiliser la «gestion scientifique» pour rendre chaque aspect de leurs opérations commerciales aussi «efficace» et «rationalisé» que possible.
En suivant chaque mouvement des clients à l’aide de caméras, depuis le moment où ils entrent dans le magasin jusqu’à celui où ils en ressortent avec leur achat final, les détaillants peuvent déterminer la meilleure façon d’aménager le magasin et d’orienter l’expérience d’achat afin de maximiser les ventes.
Et en suivant chaque mouvement des employés, les détaillants peuvent exploiter plus efficacement chaque minute productive de ces esclaves salariés et continuer à engranger des profits records en pleine crise du coût de la vie.
Sans surprise, même lorsque Palantir n’aide pas les pires éléments de l’État profond à tuer des civils innocents ou à espionner leurs propres citoyens, il contribue néanmoins à instaurer une technocratie dans laquelle les données sont primordiales et les êtres humains sont traités comme de simples objets manipulables par des algorithmes.
Palantir + Trump = ?
Oui, que nous soyons chez nous, au bureau, à l’hôpital ou dans les champs de la mort de Gaza, il semble qu’il n’y ait aucun endroit sur Terre où nous puissions échapper aux tentacules effrayants du panoptique Palantir. Et, exactement comme je l’avais prédit, maintenant que le bras droit de Peter Thiel est confortablement installé au poste de vice-président de Trump et que les partisans de Thiel occupent tous les postes clés de l’administration Trump 2.0, les choses vont encore empirer pour les défenseurs de la liberté et les opposants à la tyrannie dans le «pays de la liberté et la patrie des braves».
Ce ne sont pas là les divagations d’un anti-étatiste convaincu et d’un réaliste complotiste. C’est un fait documenté (et documentable) que, depuis l’entrée en fonction de Trump en janvier dernier, le cours de l’action Palantir a presque doublé, passant de 73 dollars la semaine du couronnement de Trump à 139,74 dollars au moment de la publication.
Enfin, il semble toutefois que Palantir ait franchi le cap, passant du statut d’entreprise inquiétante dont beaucoup de gens avaient entendu parler (mais dont ils ne savaient rien) à celui d’entreprise inquiétante contre laquelle les gens protestent activement.
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase semble avoir été l’article détaillé du New York Times publié le mois dernier, intitulé «Trump fait appel à Palantir pour compiler des données sur les Américains». Cet article établit un lien entre le décret présidentiel apparemment anodin de Trump intitulé «Mettre fin au gaspillage, à la fraude et aux abus en éliminant les silos d’information» (signé en mars) et l’utilisation par diverses agences gouvernementales américaines de Foundry, une plateforme logicielle qui collecte et analyse des données provenant de sources disparates.
Comme l’explique l’article du NYT, Palantir a jusqu’à présent reçu plus de 113 millions de dollars de dépenses fédérales depuis l’entrée en fonction de Trump en janvier et a remporté un autre contrat de 795 millions de dollars auprès du ministère de la Défense de Trump. En outre, quatre agences gouvernementales ont jusqu’à présent commencé à utiliser Foundry et deux autres, l’administration de la sécurité sociale et l’administration fiscale, étudient cette possibilité. L’utilisation de Foundry pourrait permettre à toutes ces agences fédérales de combiner leurs données sur les citoyens américains et de les partager librement entre elles, créant ainsi un gigantesque filet numérique qui capturerait toutes sortes d’informations privées et sensibles sur les citoyens ordinaires.
Ces initiatives inquiètent les personnes sensées, notamment 13 anciens employés de Palantir qui ont signé le mois dernier une lettre appelant les travailleurs du secteur technologique à s’opposer à toute initiative visant à créer des mégabases de données intrusives.
Et aujourd’hui, enfin, ceux d’entre nous qui, dans les médias indépendants, mettent en garde contre les dangers de Palantir ne sont plus des voix isolées dans le désert. Tout le monde se joint désormais au chœur des inquiétudes.
Les démocrates s’agitent à propos de Palantir et de l’IRS.
Les socialistes mettent en garde contre le technofascisme de Palantir.
Même les partisans de MAGA sont en colère : «Trump nous a trahis» : MAGA réagit à la création potentielle d’une base de données nationale sur les citoyens.
Bien sûr, nous devons nous interroger sur les motivations de certaines de ces voix inquiètes. Il ne fait aucun doute que des jeux politiques gauche/droite sont en cours, certains membres de la gauche voyant simplement là une occasion d’attaquer le régime Trump sur un autre front. Et il ne fait également aucun doute que si et quand un démocrate reviendra au pouvoir, ces mêmes voix d’opposition de gauche se tairont aussi rapidement que les manifestants anti-guerre de l’ère Bush se sont tus une fois Obama installé dans le Bureau ovale.
Mais quelles que soient les motivations et les intentions de certaines de ces voix d’opposition, le fait est qu’il existe désormais des voix qui s’opposent à Palantir et à ses activités. Et même si certains acteurs contrôlés protestent contre Palantir uniquement pour des raisons politiques grossières, une multitude de citoyens concernés prennent conscience d’une menace dont ils n’avaient pas conscience auparavant et s’y opposent.
C’est une bonne chose. En fait, le pire serait que les détracteurs de Palantir passent plus de temps à attaquer leurs collègues opposants à Palantir qu’à attaquer Palantir lui-même. Une telle stratégie serait plus que contre-productive.
Rappelons que le bureau Total Information Awareness a été officiellement supprimé il y a plus de deux décennies en raison de l’opposition massive et virulente du public. C’est pourquoi l’État profond a changé de cheval en cours de route et a commencé à utiliser Palantir pour faire son sale boulot. Maintenant que Palantir est dénoncé comme un TIA sous stéroïdes, si le public ne se mobilise pas en masse pour faire échouer une fois de plus les plans de l’État profond, ce serait la plus grande tragédie qui soit.
Oui, pour la première fois depuis des décennies, le public se soulève avec colère contre une menace réelle pour sa liberté et sa vie privée : Palantir. Il est temps pour ceux d’entre nous qui connaissent un peu cette entreprise de commencer à diffuser largement la vérité sur le panoptique Palantir. C’est à nous de dire «Oui, et…» à l’opposition contrôlée et aux acteurs motivés par des considérations politiques en tirant la sonnette d’alarme avec des informations claires et bien documentées sur cette menace pour l’humanité.
C’est une occasion en or de mettre fin une fois pour toutes au projet de surveillance totale de l’État profond. Ne la gaspillons pas.
source : The Corbett Report via Marie-Claire Tellier
- Source : Strategic Culture Foundation (Russie)