Le missile hypersonique iranien «Fattah-1» : précis, mortel et imparable

Auteur : Mike Whitney | Editeur : Walt | Jeudi, 24 Avr. 2025 - 17h47

Si les États-Unis et Israël lancent une attaque préventive contre l’Iran, ce dernier est prêt à riposter de manière dévastatrice et à détruire les bases militaires, les installations pétrolières, les infrastructures critiques et les centres de commandement et de contrôle américains à travers tout le Moyen-Orient. En bref, l’Iran a la capacité de mettre le feu à toute la région en appuyant simplement sur un bouton, grâce à son prodigieux arsenal de missiles qui surpasse celui des États-Unis et d’Israël. Voici l’extrait d’un article publié dans The National Interest intitulé “Pourquoi le missile hypersonique Fattah-1 de l’Iran est un désastre pour la sécurité israélienne” :

“Il y a deux ans, en juin 2023, la République islamique d’Iran a dévoilé le Fattah-1, le premier missile balistique hypersonique du pays, du moins selon le Corps des gardiens de la révolution islamique. Fattah signifie “conquérant” en farsi.

“Ce missile représente une étape importante dans les ambitions militaires de l’Iran, signalant son intention de projeter sa puissance, et met en évidence la nature radicale et évolutive de la menace missile iranienne. À bien des égards, cette menace est encore plus préoccupante pour les stratèges occidentaux que le seuil de capacité nucléaire de l’Iran.Après tout, même si l’Iran développait de telles armes, il ne pourrait pas les utiliser sans courir à sa propre perte. Mais si Téhéran a vraiment mis au point un missile balistique hypersonique, tout le monde sait quelle nation sera la première visée…

“Contrairement aux missiles balistiques traditionnels qui suivent des trajectoires paraboliques prévisibles, le Fattah-1 est équipé d’un module de tête manœuvrable (MaRV) qui lui permet d’ajuster sa trajectoire en vol, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’atmosphère terrestre. Cette capacité de manœuvre, facilitée par un système de propulsion à combustible solidaire et une tuyère secondaire mobile, est essentielle pour permettre au Fattah-1 d’échapper aux systèmes de défense antimissile les plus sophistiqués, tels que les systèmes israéliens Arrow, David’s Sling et Iron Dome, voire les systèmes américains Aegis et Patriot.

“En d’autres termes, la présence du Fattah-1 devrait inciter les Américains et les Israéliens à réfléchir à deux fois avant de lancer des frappes aériennes préventives contre des installations iraniennes soupçonnées de développer des armes nucléaires”. Why Iran’s Fattah-1 Hypersonic Missile Is a Disaster for Israeli Security, National Interest

Je répète : les systèmes de défense antimissile les plus avancés des États-Unis et d’Israël (les systèmes israéliens Arrow, David’s Sling, Iron Dome, Aegis et Patriot) sont impuissants contre les missiles hypersoniques iraniens. En d’autres termes, le Fattah-1 est imparable.

Donald Trump est-il au courant de tout cela ?

🇮🇷Iran's Fattah Hypersonic Missile, 400 seconds to Israel pic.twitter.com/IPXvMy2dee
— Zeinab (@Zeinaab_Mk) April 12, 2024

Non. Trump est entouré de “béni-oui-oui” et de néoconservateurs qui ne lui disent que ce qu’ils veulent qu’il entende. Il est coincé dans une bulle de politique étrangère où tous les occupants croient au mythe délirant de “l’invincibilité américaine”. Trump pense que des groupes aéronavals obsolètes et des bombardiers furtifs B-2 gagneront des guerres même lorsque ses adversaires se seront modernisés et auront rempli leurs arsenaux de systèmes de missiles balistiques de pointe capables de contourner tous leurs systèmes de défense aérienne obsolètes et de placer leur charge utile directement sur la cible. Voici un autre extrait du même article :

“Si les bombardiers furtifs longue portée B-2 Spirit américains sont susceptibles de détruire les installations nucléaires iraniennes depuis les airs, les Iraniens peuvent menacer de riposter contre une longue liste de cibles dans la région : les bases américaines non protégées proches du territoire iranien, les raffineries de pétrole sensibles en Arabie saoudite voisine, les porte-avions américains en mer Rouge, dans le détroit d’Ormuz, et même Israël, bien que plus éloigné. La multitude de cibles vulnérables que compte la région constitue une grave menace contre laquelle on ne dispose que de peu de moyens de défense efficaces.

“En possédant des missiles tels que le Fattah-1, l’Iran représente une menace sérieuse pour la région. Ni Washington ni Jérusalem ne devraient minimiser cette menace réelle pour leur sécurité et leur prospérité économique.

“Et à tous ceux qui affirment que les précédentes vagues de “représailles massives” de l’Iran contre Israël au cours de l’année écoulée ont échoué, il est important de comprendre le contexte géopolitique. L’Iran semble avoir préservé ses armes les plus importantes lors de ces frappes de représailles, et certains indices suggèrent qu’il a retenu ses coups sous la pression de son principal partenaire militaire, la Russie.

“Pourquoi l’Iran s’est-il abstenu ?

“Bien que l’emprise de la Russie sur l’Iran soit forte, le fait est que les précédentes frappes israéliennes contre des cibles iraniennes n’ont pas atteint les installations soupçonnées de développer des armes nucléaires. Ces installations représentent l’équivalent du Saint Graal pour le régime islamiste iranien.

“Si les Israéliens ou les Américains frappaient ces installations et les détruisaient, ou même les endommageaient, il est peu probable que même l’emprise de la Russie sur l’Iran dissuaderait les islamistes enragés de riposter contre des cibles américaines, israéliennes et saoudiennes d’une manière jusqu’ici inimaginable.

“Par conséquent, la menace des missiles iraniens est réelle. Il faut l’éviter autant que possible. Et même si les négociations avec l’Iran ont peu de chances d’aboutir, les frappes aériennes sont un mirage stratégique. L’incertitude et l’instabilité qu’elles risquent de déclencher dans une région déjà chaotique n’en valent pas la peine.

Cet article présente un intérêt particulier dans la mesure où son auteur, qui semble être un fervent partisan des États-Unis et d’Israël, met en garde contre les capacités balistiques étonnantes de l’Iran, sur la base d’une analyse objective. Il ne porte pas de jugement moral sur la guerre imminente, mais informe simplement les auteurs présumés de cette guerre qu’ils devront faire face à une résistance acharnée et qu’ils pourraient bien échouer. Oui, les États-Unis pourraient perdre une guerre contre l’Iran. (En fait, ce scénario a été “imaginé” à maintes reprises dans le passé, et le résultat a toujours été le même.) À tout le moins, le déclenchement d’hostilités avec l’Iran fera monter en flèche le prix du pétrole, chuter les marchés boursiers et plonger l’économie mondiale dans une spirale mortelle. Trump espère minimiser les dégâts en recourant rapidement aux armes nucléaires tactiques “bunker buster” qui, selon lui, mettront rapidement fin au conflit. Mais cela ne se produira pas. Après tout, l’Iran se prépare à une guerre avec les États-Unis depuis près de deux décennies et est prêt à passer à l’action. Toute attaque contre ses installations nucléaires déclenchera une série d’attaques de missiles balistiques contre des cibles sensibles et militaires en Israël et dans tout le Moyen-Orient.

Naturellement, un certain nombre d’analystes pensent que les capacités du Fattah-1 auraient été grandement exagérées, et feraient partie d’une campagne de propagande iranienne. Sans surprise, ce sont les mêmes personnes qui veulent entraîner les États-Unis dans une guerre avec l’Iran. Cela dit, même le très conservateur Washington Post a fourni

“des images satellites de Planet Labs et des évaluations d’experts confirmant qu’au moins 24 à 32 missiles (iraniens Fattah) ont frappé ou atterri près de cibles israéliennes, dont 20 à 32 sur la base aérienne de Nevatim, trois sur la base aérienne de Tel Nof et deux près du quartier général du Mossad. (Les sites les plus protégés au monde !) Les dégâts ont été limités, mais cela signifie que certains missiles ont échappé à l’interception”.

Donc, des missiles ont été interceptés ?

C’est peu probable. Comme l’auteur l’a confirmé, les systèmes de défense aérienne américains et israéliens sont incapables d’abattre les missiles hypersoniques iraniens.

Soit dit en passant, les dégâts ont été “limités” parce que l’Iran n’a pas utilisé ses ogives les plus destructrices. Il s’agissait essentiellement d’une “démonstration de force”; une “salve d’avertissement” tirée par des agresseurs impulsifs qui ne saisissent pas l’ampleur de la catastrophe à laquelle ils s’exposent s’ils poursuivent leur stratégie erronée. Bien sûr, la couverture médiatique des attaques iraniennes a été largement dissimulée au public afin de s’assurer que Trump ne “se dégonfle” pas et refuse de lancer les frappes aériennes prévues. En bref, Israël a tendu un piège à Trump, et Trump semble s’y engager tête baissée. Voici un extrait d’un article publié dans le Middle East Spectator :

“Le radar OTH “Sepehr” de l’Iran, d’une portée de 2 000 kilomètres, est enfin opérationnel, comme semblent le confirmer des images satellites

“Ce radar est l’un des radars trans-horizon les plus avancés de l’Iran, avec une portée de plus de 1 500 kilomètres. Il peut détecter le décollage d’avions isolés ou le lancement de missiles balistiques à une distance pouvant atteindre 2 000 kilomètres, y compris à l’intérieur de tout le territoire israélien.

“Seuls quelques pays maîtrisent une technologie radar OTH aussi perfectionnée, qui offre à l’Iran un précieux système d’alerte précoce en cas d’attaque imminente”. Middle East Spectator

L’Iran a donc développé des systèmes radar de pointe capables de détecter tout avion ennemi ou missile balistique lancé à 2 000 kilomètres. Ce qui signifie que l’armée iranienne aura tout le temps nécessaire pour mettre en place ses dispositifs de défense tout en ordonnant la première vague de frappes balistiques prévue.

Mais ce n’est qu’un début, car comme nous l’ont montré les frappes aériennes (qui ont eu lieu) entre Israël et l’Iran l’année dernière, ces systèmes de défense aérienne multicouches de pointe (intégrés aux systèmes russes S-200, S-300, chinois et à d’autres éléments inconnus) ont contraint les avions israéliens à faire demi-tour et à battre en retraite durant leur attaque du 19 avril. En l’occurrence, les Israéliens “ne se sont jamais approchés à moins de 70 km de l’Iran, car ils ont été bloqués par un ‘système de défense aérienne inconnu’ qui les a surpris et les a poussés à battre précipitamment en retraite”. En conséquence, les pilotes israéliens ont été contraints de tirer leurs missiles à longue portée sur des cibles trop éloignées pour être efficaces. En bref, le système de défense aérienne iranien a contraint les Israéliens à abandonner leur mission et à rentrer chez eux après n’avoir infligé que des dégâts mineurs aux sites militaires iraniens. Tout porte à croire qu’un scénario similaire se reproduira si des chasseurs et des bombardiers de haute altitude américains sont impliqués.

Conclusion

L’attaque aérienne israélienne montre que les systèmes de défense aérienne iraniens, qui comptent parmi les meilleurs au monde, sont capables de détecter et de contrer des avions furtifs tels que le F-35.
Les systèmes de guerre électronique de l’Iran améliorent ses défenses aériennes en perturbant le ciblage ou les communications ennemies.
Les systèmes radar avancés de l’Iran, capables de détecter tout avion ou missile balistique ennemi à 2 000 kilomètres, laissent suffisamment de temps à l’armée iranienne pour mobiliser ses moyens de défense et ordonner des contre-attaques.
Le missile hypersonique iranien Fattah-1, qui se déplace à une vitesse de Mach 13 (environ à 16 000 km/h), peut échapper à tout système de défense aérienne américain ou israélien et larguer son ogive avec précision sur sa cible.

L’ancien officier du renseignement du Corps des Marines et inspecteur des armes de l’ONU, Scott Ritter, résume ainsi la situation :

“Si nous entrons en guerre avec l’Iran, nous ne gagnerons pas… L’Iran dispose d’une force balistique importante, dotée de capacités extraordinaires. Il est capable de viser des navires de guerre américains, de couler des porte-avions américains… Une guerre avec l’Iran serait un suicide et les États-Unis seraient vaincus”.

Les sages se comprendront.

Note: