Turquie : L’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul, provoque une vague de protestations et des tensions politiques

Ce 23 mars, un juge turc a ordonné l'incarcération d'Ekrem Imamoglu, maire d'Istanbul et figure emblématique de l'opposition, pour des accusations de « corruption » et de « soutien au terrorisme ». Cette décision intervient après son arrestation initiale le 19 mars, qui a immédiatement déclenché une vague de protestations à travers le pays. Les manifestants dénoncent une manœuvre politique visant à écarter Imamoglu de la course à la présidentielle de 2028, une accusation fermement rejetée par les autorités gouvernementales, qui affirment l'indépendance du système judiciaire.
Des interrogatoires marathon et une procédure judiciaire controversée
Selon des sources locales, Ekrem Imamoglu a été soumis à des interrogatoires intensifs les 21 et 22 mars. Le premier, d’une durée de quatre heures, portait sur des allégations de corruption, tandis que le second, plus long, concernait des accusations de collaboration avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation interdite en Turquie. Le maire d’Istanbul a catégoriquement nié toutes les charges retenues contre lui. Transféré au tribunal de Caglayan avec 90 coaccusés, il a été placé en détention provisoire dans l’attente de son procès, une décision qui a suscité l’indignation de ses partisans.
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— Neruda57 (@Neruda57) March 23, 2025
Quand il y a un million de personnes dans la rue, ça commence a sentir mauvais pour le pouvoir ...
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Un dispositif sécuritaire massif et des manifestations pacifiques
La police turque a déployé un impressionnant dispositif sécuritaire autour du tribunal de Caglayan, incluant des centaines de policiers, des camions-citernes et des barricades pour empêcher l’accès au bâtiment. Malgré ces mesures, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant le tribunal pour exprimer leur soutien à Imamoglu. Les protestations, majoritairement pacifiques, ont néanmoins été marquées par quelques heurts isolés, notamment à Istanbul et Ankara, où les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser la foule. Selon le ministre de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, 343 personnes ont été arrêtées dans neuf provinces.
Une mobilisation symbolique pour la démocratie
L’arrestation d’Ekrem Imamoglu survient à un moment crucial, alors qu’il venait d’être désigné candidat du Parti républicain du peuple (CHP) pour les primaires en vue de l’élection présidentielle de 2028. En réaction, le CHP a appelé à une élection symbolique ce dimanche, avec des urnes improvisées installées dans tout le pays, pour montrer la solidarité des citoyens avec leur maire. Dans un tweet publié le 23 mars, Imamoglu a lancé un appel vibrant à ses concitoyens : « J’invite mes 86 millions de citoyens à se rendre aux urnes et à annoncer au monde entier leur lutte pour la démocratie et la justice. Je reste debout, je ne m’inclinerai jamais. Tout ira bien ».
Un contexte politique tendu
Cette affaire s’inscrit dans un climat politique déjà tendu en Turquie, où les tensions entre le gouvernement et l’opposition ne cessent de croître. Les partisans d’Imamoglu voient dans son arrestation une tentative de museler l’opposition et de consolider le pouvoir en place. Alors que le pays se prépare à des élections cruciales, cette crise pourrait bien redéfinir les contours de la démocratie turque et influencer durablement le paysage politique national.
- Source : Le Média en 4-4-2