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Mardi, 26 Nov. 2024

En Guyane, un nouveau projet de «Montagne d’or»

Auteur : Pierre Garrigues | Editeur : Walt | Mardi, 05 Mai 2020 - 09h10

Un gigantesque projet minier, qui n’est pas sans rappeler celui de la Montagne d’Or, pourrait voir le jour dans l’ouest de la Guyane… au prix d’une déforestation massive et d’une importante pollution des sols. La commission départementale des mines a voté en sa faveur jeudi 29 avril, mais les opposants se mobilisent.

Une « Montagne d’Or » bis se prépare-t-elle en Guyane ? La commission départementale des mines guyanaise a voté le 29 avril en faveur d’un nouveau projet minier, baptisé « Espérance », porté par la compagnie américaine Newmont et l’opérateur local Espérance. Les représentants des Amérindiens de Guyane, du WWF et plusieurs associations se sont prononcés contre le projet.

Newmont, l’une des deux plus grandes sociétés productrices d’or au monde, projette l’ouverture en 2025 d’une mine d’or à ciel ouvert dans la commune d’Apatou, dans l’ouest du département, proche d’un village d’Indiens Maroni. L’opérateur envisage l’extraction de 20 millions de m3 de roches pour creuser une fosse de 300 mètres de profondeur, sur 1,5 km de longueur pour un premier gisement de 65 tonnes d’or, tout cela en pleine forêt.

Le spectre de la Montagne d’Or

Ce projet n’est pas sans rappeler celui de la Montagne d’Or : ce méga-projet industriel d’extraction d’or en Guyane, le plus important projet français de mine d’or à ciel ouvert, prévoyait un site minier de 800 hectares, creusé jusqu’à 200 m de profondeur, à quelques centaines de mètres d’une réserve biologique intégrale.

Une route et une centrale électrique auraient même dû être bâties pour rendre l’entreprise possible… si le ministère de la transition écologique n’avait pas mis fin aux discussions il y a un an. Le 23 mai 2019, le ministre François de Rugy soulignait l’incompatibilité du projet minier avec les exigences environnementales, et affirmait par la suite que le projet ne se ferait finalement pas.

« On s’y attendait »

« Ce vote, on s’y attendait » : Patrick Monier, porte-parole européen du collectif « Or de question », qui rassemble en vingtaine d’associations (y compris des communautés autochtones) contre l’industrie minière, est désabusé. « Dans cette commission des mines, les pro-miniers sont toujours largement majoritaires. Ils mettent en avant l’opportunité pour l’emploi, pour faire face au chômage endémique en Guyane… Mais les Guyanais, y compris les autochtones aspirent à autre chose qu’à respirer des particules fines en trimant dans une mine, avec le soleil qui tape à 40 degrés ».

Dans un communiqué, Or de question rappelle que « la déforestation massive altère gravement la biodiversité, accélère les changements climatiques », ce qui favorise « l’émergence d’espèces vectrices d’épidémies ».

Non-respect des règles environnementales

Par ailleurs, plusieurs organisations estiment que les propriétaires de la concession, Newmont et l’opérateur Espérance, n’auraient jamais dû obtenir leur permis. « Dans la réglementation minière, il y a plusieurs conditions techniques et financières, notamment en ce qui concerne la protection de l’environnement, qui conditionnent le renouvellement du titre minier, explique Manouchka Ponce, coordinatrice de Guyane nature environnement. Sur la concession Espérance, certaines mines ne sont même pas remises en l’état. Sur d’autres, entre 2015 et 2016, il n’y a eu aucune étude d’impact, aucune enquête publique, pourtant obligatoires ».

Avant de lancer tout projet, les miniers seront « dans l’obligation de demander une autorisation administrative », a rappelé mercredi par communiqué la préfecture de Guyane. Une autorisation soumise à « l’avis de l’autorité environnementale » et à la réalisation d’une« enquête publique ». « Le combat n’est pas perdu », veut croire Patrick Monier. Une lutte dont il estime qu’elle sera plus rude encore que contre la Montagne d’Or.

Photo d'illustration: Des gendarmes français et des membres du WWF sur un site de recherche aurifère illégal près du village de Cacao en Guyane, le 10 juin 2019. Jody Amiet/AFP


- Source : La Croix

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