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Mardi, 26 Nov. 2024

Pétrole, le rétropédalage de Riyadh et Moscou

Auteur : Zouhir Mebarki | Editeur : Walt | Samedi, 04 Avr. 2020 - 08h11

Révision. Après être passé sous la barre des 20 dollars, le prix du baril est brusquement remonté, hier, pour approcher les 30 dollars. Ce rebond est attribué au tweet de Donald Trump qui a annoncé un contact au plus haut sommet entre Riyadh et Moscou. Le président américain a laissé entendre que les deux dirigeants en question avaient convenu d’une réduction de 10 à 15 millions de barils. Cela a suffi pour faire remonter les cours.

Au-delà de l’effet d’annonce, et même si Poutine a démenti avoir parlé avec le prince héritier saoudien, les signes d’un arrêt de la surenchère que se livraient ces deux gros producteurs sont patents.

Petit rappel : le 6 mars dernier, la Russie avait refusé une diminution de la production pétrolière comme le souhaitaient les autres membres de l’OPEP réunis à Vienne. En réaction, l’Arabie saoudite avait décidé une puissante augmentation de sa production. L’effet a été immédiat sur le prix du baril qui a chuté presque au plancher.

Ce qui paraît comme une affaire « d’ego » est en réalité une affaire éminemment stratégique pour les deux pays. La Russie visait à infliger un sérieux coup à la production américaine qui ne supporterait pas une baisse en dessous de 50 dollars. D’ailleurs, depuis l’effondrement du prix, plusieurs producteurs américains, notamment de schiste, ont mis la clé sous le paillasson. L’objectif de l’Arabie saoudite qui s’appuyait sur ses réserves financières, était de mettre à mal la commercialisation du pétrole russe. Comme une mesure de rétorsion. Tous ces calculs ont été faussés par le coronavirus.

D’abord, la paralysie de l’industrie chinoise qui a été marquée par une baisse de la demande. Suivie par la récession économique mondiale aggravant le recul de la demande. Confinement, arrêts de productions, avions cloués au sol, transports maritimes affectés ainsi que tous les modes de transports touchés par la sévère baisse de la mobilité des populations, etc.

Dans le même temps, la forte production russe et la hausse de celle de l’Arabie saoudite, ont créé une offre extraordinaire. Les stocks mondiaux qui ont profité de l’aubaine ont vite été saturés. Résultat des courses : tous les pays producteurs, sans exception, ont perdu dans ce « coup de poker » entre les deux producteurs. Une véritable catastrophe qu’ils tentent forcément de réduire. Le tweet de Trump s’appuie sur cette logique. Le démenti russe concerne le niveau des contacts. Pas le rétropédalage !


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