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La ruée vers une société sans cash ne sert que les intérêts globalistes

Auteur : Brandon Smith | Editeur : Walt | Lundi, 23 Déc. 2019 - 14h37

L’un des piliers fondamentaux d’un véritable marché libre est l’existence d’un choix : la disponibilité d’options allant des producteurs aux fournisseurs pour des mécanismes de commercialisation sans ingérence des gouvernements ou de monopoles d’entreprises. Le choix est synonyme de concurrence, et la concurrence stimule le progrès. Le choix peut également entraîner des changements au sein de la société, car si les gens savent qu’il existe une meilleure façon de faire les choses ou une façon plus sûre de le faire, pourquoi voudrait-on rester coincé dans un système limité ? A tout le moins, les gens devraient pouvoir choisir les mécanismes économiques qui conviennent le mieux à leur situation particulière.

Ce n’est PAS ainsi que fonctionne notre société aujourd’hui, et le marché libre n’existe nulle part dans les nations modernes, y compris aux États-Unis. Chaque fois que j’entends quelqu’un (généralement un socialiste) blâmer le « capitalisme » du marché libre pour justifier les maux oppressifs du monde, je dois rire. L’alliance entre les gouvernements et les monopoles d’entreprises (ce que Mussolini appelait le national-socialisme ou le fascisme) rend le libre marché totalement impossible. Ce que nous avons aujourd’hui, c’est un amalgame d’ingérence économique socialiste et de corporatocratie. Notre système est très restrictif et microgéré pour tout le monde, sauf pour les élites financières, qui elles, n’ont pas à suivre les mêmes règles que nous autres.

Bien sûr, je prêche peut-être dans le vide quand il s’agit de ces questions. Mais, il y a quelques développements sous-jacents qui sont poussés en avant par les globalistes sortis tout droit des enfers sur un système monétaire global unique et un gouvernement global unique dont même beaucoup de militants de la liberté ne sont pas pleinement conscients.

Dans les cercles économiques alternatifs, le dollar américain est considéré comme la panacée de la domination de la monnaie fiduciaire. De nombreux militants y voient la clé du pouvoir des élites globales et ils pensent que la Réserve fédérale est le sommet de la pyramide globaliste. Ce n’est pas tout à fait vrai.

Le dollar américain n’est en soi qu’un autre outil de la cabale bancaire, et les outils perdent parfois de leur utilité avec le temps. Si l’on peut dire qu’au cours des dernières décennies, le dollar en tant que monnaie de réserve globale a été au cœur de l’influence globaliste, la situation est sur le point de changer et nous pouvons en voir les signes aujourd’hui. La ruée vers une société sans cash au cours des dernières années est surprenante et, malheureusement, trop d’activistes de la liberté ont été amenés à penser que c’est une bonne chose.

Il y a plusieurs raisons à cela. Comme mentionné plus haut, les militants voient le dollar (ou monnaie de la Fed) comme un carburant pour la machine globaliste, et ils aimeraient donc évidemment le descendre en flammes. Ils sont aussi généralement partisans de l’économie de marché et l’explosion des crypto-monnaies leur a donné l’illusion que le « choix » revient, en terme économique, par la « concurrence monétaire ». Je comprends le fondement de cette attitude, et je comprends d’où il vient. Je n’ai jamais non plus été un partisan du dollar ou de tout autre système fiduciaire de la banque centrale. Cet article ne doit pas être interprété à tort comme une défense de l’hégémonie du dollar.

Cela dit, l’ordre du jour est beaucoup plus vaste et le dollar n’en est qu’une partie qui s’estompe, car il est en train d’être tranquillement remplacé par un cadre entièrement numérique. Nous devons une fois de plus nous poser la question suivante : à qui profite réellement un changement soudain dans le monde économique et monétaire ? Qui acquiert le pouvoir politique et social par le biais d’une société sans cash ? Est-ce le public ? Ou s’agit-il des mêmes élites bancaires et globalistes qui ont toujours dominé notre structure économique ?

En 2017, j’ai publié un article intitulé « La monnaie unique mondiale des globalistes ressemblera beaucoup à Bitcoin« . J’y avertissais que le marketing à la mode des crypto-monnaies auprès du grand public par les médias grand public était extrêmement suspect et contraire à l’idée que l’ordre établi était « terrifié » par le fait que le Bitcoin ou la technologie de la chaîne de blocs les mettait en danger. J’ai également mis en garde contre la forte implication de banques internationales comme Goldman Sachs et JP Morgan dans les progrès de l’infrastructure de la chaîne de blocs, et plus particulièrement Goldman Sachs et l’histoire d’amour du FMI avec les systèmes monétaires numériques. Goldman Sachs a même qualifié la chaîne de blocs de « nouvelle technologie de la confiance… ».

Il est clair que les élites bancaires ne s’inquiètent pas de cette technologie. En fait, ils y ont beaucoup investi. Mais pourquoi ? J’ai longtemps soutenu que les crypto-monnaies populaires actuelles ne sont rien de plus qu’un bêta test pour un système monétaire numérique global contrôlé par les élites.

Cela ne veut pas dire que beaucoup de gens sont familiers avec l’utilisation de Bitcoin ou d’autres crypto-monnaies. En fait, seul un infime pourcentage de la population entre en contact avec les cryptos ou en fait le commerce. Ce que je veux dire, c’est que la terminologie, l’idée des crypto-monnaies, est maintenant répandue.

Grâce à une grande attention médiatique, Bitcoin est une marque grand public même si la plupart des gens n’ont jamais possédé un bitcoin (ou une partie d’un bitcoin). Les gros investisseurs ont fait exploser à la hausse le prix du bitcoin et de certaines autres crypto-monnaies à des niveaux qui dépassent toute raison puisque la demande du monde de l’investissement et des gens moyens pour ce mécanisme est au mieux minime. Ces flambées de prix, quoique brèves, ont éveillé la curiosité du public. Et dans l’esprit de beaucoup de gens, si quelque chose est considéré comme précieux, peu importe que la mesure soit éthérée ou arbitraire, il doit y avoir une raison… n’est-ce pas ? Par conséquent, dans l’esprit des pom-pom girls du bitcoin, les prix élevés du marché prouvent par défaut que le bitcoin et les crypto-monnaies sont nécessaires et souhaitables et que toute personne critique ou sceptique est simplement « contrariée » d’avoir « manqué cette opportunité ».

J’ai toujours dit quand on m’interrogeait sur ma position sur le Bitcoin et les cryptos que si vous voulez essayer de gagner de l’argent avec une de ces monnaies et que vous penser pouvoir jouer sur ce marché, alors c’est à vos propres risques. Mais, pour ceux qui pensaient que les crypto-monnaies sont un outil d’activisme et de lutte contre les banques centrales, tout ce que je peux dire, c’est que vous vous êtes fait avoir.

En moins d’une décennie, les masses se sont acclimatées à l’idée d’un système de monnaie numérique. Ils sont maintenant acclimatés à l’idée que les monnaies physiques devraient être supprimées et remplacées par la technologie de la chaîne de blocs « plus efficace » – Mort au dollar, mort à la Fed et mort aux globalistes disent les activistes qui encouragent le nouveau paysage numérique ! Mais ce n’est pas ce qui se passe réellement. La mort du dollar et de l’argent liquide n’est que l’amorce d’un ordre mondial encore plus envahissant.

Au cours des deux dernières années, l’idée d’un système sans numéraire et d’une monnaie unique s’est généralisée. Les plans dénoncés par des analystes du Mouvement de la liberté qui étaient traités de « théoriciens du complot » il y a une dizaine d’années sont aujourd’hui connus de tous. Le dernier tir de barrage de propagande a été lancé par le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, qui a ouvertement mis en garde contre la fin du statut de réserve mondiale du dollar, le comparant à la fin du statut de réserve de la livre sterling après la seconde guerre globale. Il a également noté que le dollar pourrait être remplacé par un nouveau système monétaire numérique et que cela serait avantageux pour le système bancaire.

Ceci s’inscrit dans le prolongement des propos tenus en 2017 par Mohamed El-Erian, globaliste et PDG de PIMCO, qui déclarait dans un éditorial que le système du panier des droits de tirage spéciaux du FMI pourrait être utilisé pour remplacer le dollar comme monnaie de réserve mondiale et que cela contribuerait à « combattre la montée du populisme ».

Ensuite, Facebook a introduit le concept de la monnaie numérique « Libra », dont Mark Carney a également suggéré que les banques centrales la surveillent de près. « Libra », à mon avis, est un test conçu pour attirer un plus large public vers l’utilisation de la monnaie numérique sur une base régulière. Comme nous l’avons noté, le Bitcoin et d’autres crypto-monnaies ont été mieux exposées, mais ne se sont pas diffusées dans le grand public. Là où ils n’ont pas réussi à infiltrer le commerce quotidien du citoyen moyen, la « Libra » peut finalement réussir.

Jusqu’à présent, je pense que la réaction n’est pas celle que les globalistes espéraient. Au lieu de cela, Facebook prend son temps en introduisant un nouveau système de paiement interne appelé « Facebook Pay » similaire à Paypal. Libra, ou quelque chose comme ça, réapparaîtra probablement dans les deux prochaines années sur Facebook et sur d’autres plateformes.

Ensuite, l’ancien chef de la BCE Jean-Claude Trichet a plaidé en faveur d’une version numérique du système de panier des DTS lors de la conférence de Caixin à Pékin, arguant que les monnaies bitcoin et autres crypto-monnaies n’étaient pas assez stables ou « légitimes » pour assumer le rôle de devise de banque centrale. Beaucoup affirment que c’est la preuve que les globalistes ont peur des crypto-monnaies. Au contraire, je vois cela comme un nouvel exemple de la bataille truquée en cours entre banquiers et cryptos. Ils critiquent certains aspects de la technologie tout en y investissant et en la promouvant. Tout comme le faux paradigme gauche/droite, il existe aussi une sorte de faux paradigme banque centrale/cryptos.

L’argument de Trichet en faveur d’une cryptomonnaie dominée par le FMI a certainement été bien accueilli à Pékin, où les Chinois soutiennent depuis longtemps la prolifération des DTS et ont demandé que le DTS remplace le dollar. Les Chinois ne sont pas les seuls. Le gouvernement russe a également appelé le FMI à prendre le contrôle du système monétaire global avec le panier de DTS.  La Russie s’est pratiquement découplée du dollar, se débarrassant de ses bons du trésor américains, stockant une grande quantité d’or et supprimant le dollar dans des accords commerciaux bilatéraux avec d’autres pays.

L’année dernière, l’Europe a commencé à mettre en place une nouvelle alternative au système de paiement SWIFT contrôlé par les États-Unis. L’Allemagne, en particulier, a critiqué le système américain en tant qu’arme géopolitique. Aujourd’hui, une association de grandes banques en Allemagne et dans l’UE réclame un euro numérique basé sur le grand livre de la chaîne de blocs.

Le FMI a publié ouvertement des livres blancs qui confirment l’évaluation de la nécessité d’une monnaie numérique globale, et avec l’ancienne directrice du FMI, Christine Lagarde, qui est maintenant en charge de la BCE, il est probable qu’un système de crypto-monnaies autour de l’euro fera bientôt une apparition publique.

Dans l’intervalle, de multiples banques centrales poursuivent la mise en place d’un système sans cash et à base de leurs propres monnaies numériques. La Chine a annoncé la mise en place d’un système national de monnaie numérique au cours des 18 prochains mois. La banque centrale suisse étudie les possibilités de monnaie numérique et la Russie envisage également de lancer une crypto-monnaie.

La rhétorique des médias grand public et de l’establishment bancaire est que les méthodes physiques de paiement vont bientôt disparaître. C’est ce qu’on appelle la « démocratisation de l’argent », et l’« ordre global multipolaire » ; je suis désolé de dire que c’est exactement le contraire.

L’affirmation est que la fin du cash et plus particulièrement la fin du dollar se traduira par un plus grand choix dans le monde monétaire. Mais la fin de l’argent physique est en fait une suppression du choix et le résultat est PLUS de centralisation. Les élites bancaires sont très enthousiastes à l’égard du modèle de monnaie numérique parce qu’il prive le commerce de toute vie privée. Comme je l’ai souligné dans des articles précédents, la crypto-monnaie et la technologie de la chaîne de blocs n’offre aucun anonymat, malgré les affirmations initialement diffusées par les partisans et les activistes de la crypto. Il est également clair que les banques centrales ont l’intention d’introduire leurs propres monnaies hautement gérées et que la plupart des autres crypto-monnaies seront enterrées dans le processus.

Les mèmes multipolaires et multilatéraux de l’ordre mondial sont aussi une fraude. La Chine, la Russie, l’Europe et d’autres pays exigent une alternative au dollar, mais si cette alternative finit par être une version numérisée du panier de DTS sous le contrôle du FMI comme ces pays l’ont suggéré, alors cela signifie une centralisation globale totale et NON une décentralisation.

Une véritable décentralisation signifierait la suppression du contrôle bureaucratique et de la microgestion. Cela signifierait que les monnaies physiques soutenues par l’or et l’argent pourraient être offertes comme une option alternative, pas seulement des monnaies cryptographiques ou des fiat soutenues par rien. Après tout, l’or et l’argent ont beaucoup plus d’investisseurs individuels dans le monde que les crypto-monnaies. Que diriez-vous d’une véritable concurrence au lieu d’une suppression des prix des métaux par des gens comme JP Morgan ?

Cela signifierait des monnaies localisées et des systèmes de paiement adossés à des produits de base, et non pas une seule monnaie globale et un système de paiement adossé à rien. Cela signifierait que les pays se libèreraient non seulement de leur dépendance à l’égard du dollar, mais aussi des institutions globalistes comme le FMI, la BRI et la Banque mondiale. Les globalistes tentent de nous vendre l’esclavage en le présentant comme un « marché libre ». La solution est de ne pas utiliser les systèmes dont ils font la promotion et d’être prêts à se battre bec et ongles pour une véritable décentralisation.

Traduit par Hervé, relu par San pour le Saker Francophone


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