Goldman Sachs était bien en contact avec Barroso quand celui-ci était à Bruxelles
José Manuel Barroso, au centre d’une polémique sur son embauche par Goldman Sachs, aurait entretenu des contacts étroits avec la banque américaine pendant son mandat à la tête de la Commission européenne (2004 à 2014), selon des documents révélés samedi par le journal portugais «Publico».
Les dirigeants de Goldman Sachs «faisaient parvenir au cabinet de Barroso, de manière confidentielle, des propositions sur des changements à apporter aux politiques de l’Union Européenne», rapporte le journal, qui publie des extraits de lettres et mails obtenus auprès de la Commission européenne.
Rencontre secrète?
Une missive du 30 septembre 2013, signée par le patron de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, fait ainsi état d’une visite discrète de José Manuel Barroso au siège de la banque à New York. Selon le journal, cette visite ne figurait ni à son agenda officiel, ni dans les archives de la Commission.
«J’ai beaucoup apprécié notre discussion productive sur les perspectives économiques mondiales», écrit Sachs Lloyd Blankfein, qui a fini par embaucher José Manuel Barroso comme président non-exécutif de Goldman Sachs International.
Sollicité par le journal, José Manuel Barroso a «démenti catégoriquement» avoir eu une «relation spéciale avec une entité financière» durant l’exercice de ses deux mandats à Bruxelles. «J’ai naturellement maintenu des contacts institutionnels – transparents et dûment enregistrés dans les archives de la Commission – avec de nombreuses entités politiques, patronales, syndicales et financières», a-t-il ajouté. Parmi elles figuraient «les principales banques qui opèrent sur le marché européen», dans un contexte de «crise financière», a-t-il poursuivi.
«Publico» cite également une lettre d’une lobbyiste de Goldman Sachs faisant des propositions sur la législation des marchés financiers et une réponse d’un membre du cabinet Barroso, qui promettait de les lire «avec grand intérêt».
Rétrogradé au rang de lobbyiste
Lors d’éventuelles visites à Bruxelles, José Manuel Barroso sera désormais reçu lui-même comme un lobbyiste lambda et «non pas comme ancien président», a d’ores et déjà averti son successeur Jean-Claude Juncker.
Le recrutement de José Manuel Barroso par Goldman Sachs a soulevé une vague d’indignation en Europe et notamment en France, où le président François Hollande l’a qualifié de «moralement inacceptable».(Liliane Held-Khawam)
- Source : Bruno Bertez