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Les perspectives obscures du gaz de schiste

Auteur : Sergei Duz | Editeur : Stan | Mercredi, 27 Mars 2013 - 19h30

La Grande-Bretagne, la Chine, l'Inde et plusieurs autres pays se sont inspirés de l’idée d’explorer des gisements des hydrocarbures de schiste. Les experts ne sont pas si optimistes face à ces projets, mettant en doute la possibilité de répéter le succès atteint aux Etats-Unis. Il s'agit des pays qui connaissent un déficit dans les énergies traditionnelles.

Leurs gouvernements votent des budgets en tenant compte des investissements considérables dans ce nouveau domaine de la production du gaz. Selon de nombreux analystes, le monde est en train de traverser un pic de production d'hydrocarbures conventionnels. Les anciens gisements s’épuisent, et de nouveaux horizons s’ouvrent devant les compagnies gazières qui font face à une demande croissante, surtout dans des économies dynamiques, comme l’Inde ou la Chine. Mais ces gisements se trouvent dans des zones difficiles d’accès.

C’est pourquoi les spécialistes placent leurs espoirs dans des sources d’énergie alternatives. La Chine compte extraire jusqu’à 6,5 milliards de mètres cubes de gaz de schiste vers 2015, et porter sa production jusqu’au seuil annuel de 60 à 100 milliards vers 2020. La Grande-Bretagne qui se base sur l’exemple américain, a également des ambitions par rapport à l’extraction des gaz de schiste. Sauf que ce modèle est loin d’être universel.

« Aux Etats-Unis, plusieurs facteurs favorables se sont accumulés », explique Alexeï Gromov, directeur du département de l’énergie à l’Institut de l’énergie et des finances. « Le premier facteur est d'ordre technologique. Notamment en ce qui concerne le forage horizontal et la multi-fracturation des couches terrestres. Le deuxième facteur est d'ordre économique. Les investissements dans le gaz (et le pétrole) de schiste ont été réalisés durant la période de la hausse des prix mondiaux des hydrocarbures, entre 2004 et 2008. Enfin, le troisième facteur consiste dans la législation, en vertu de laquelle les propriétaires fonciers américains possèdent non seulement des terres, mais aussi des ressources qui se trouvent sous le terrain dont ils sont propriétaires. Par conséquent, les citoyens américains sont potentiellement intéressés par le développement des gisements de schiste ».

En Europe, la situation est sensiblement différente. Tout d'abord, les conditions géologiques et économiques sont différentes. Et en termes de droits de propriété, les ressources minérales appartiennent aux Etats. Le gouvernement a besoin d'acheter des terres à des propriétaires privés pour développer ces gisements de schiste. Le troisième aspect est environnemental. Cet aspect pèse lourd dans la balance. Avec une production importante, la pollution risque d’être conséquente. Il s’agit autant de la contamination à la surface que de la pollution des eaux souterraines. Et en Europe, où les « verts » jouent un rôle important dans la vie politique, ces décisions ne passent pas au parlement. Ainsi, en République tchèque et en France, l’extraction du gaz de schiste est interdite par la loi.

Certains experts estiment que l'avenir de l’énergie de schiste dépend du niveau des prix des hydrocarbures traditionnels. Ce n'est pas la seule condition. La technologie moderne d’extraction du gaz de schiste consiste à forer un puits vertical et plusieurs canaux horizontaux longs de plusieurs kilomètres. On y injecte un mélange d'eau, de sable et de produits chimiques pour briser les parois des réservoirs de gaz et l’hydrocarbure est pompé ensuite à la surface. Pour réaliser ce projet il faut des milliers de tonnes d’eau. La constitution des produits chimiques utilisés dans l’extraction est gardée secrète par les sociétés. Mais les écologistes craignent une contamination des eaux sous-terraines par le toluène, le benzène, le xylène, l'éthylbenzène et l'arsenic. Certaines entreprises utilisent une solution à base d’acide chlorhydrique, épaissie avec un polymère. Une seule opération de fracturation nécessite entre 80 et 300 tonnes de produits chimiques.

Les puits de schiste ont une durée d’exploitation beaucoup moins importante que les puits gaziers classiques. Lors de l'extraction du gaz de schiste, il y a des pertes importantes de méthane, ce qui amplifie l’effet de serre, rendant ce procédé plus polémique. Et si la Chine et l'Inde sont plus ou moins « tolérants » en la matière, la position européenne est très ferme.
Les industriels britanniques ne pourront pas changer l’opinion publique si facilement. En comparaison avec les grands pays comme les Etats-Unis, l’Inde ou la Chine, les îles britanniques ne sont pas si grandes, tout comme le continent européen. Et la population européenne est habituée à un niveau de confort écologique élevé. Pour éviter la pénurie énergétique, le Vieux Continent pourra continuer à acheter du gaz naturel, ce qui reste toujours moins coûteux pour son économie et respecte l'environnement. C’est la raison pour laquelle la fameuse « révolution de schiste » serait vouée à l'échec, du moins sur le continent européen.


- Source : Sergei Duz

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