Le mariage homosexuel, symptôme des grands changements
Après 10 jours de discussions, les députés de l'Assemblée nationale française ont approuvé le projet de loi qui légalise le mariage homosexuel dans le pays et permet aux couples du même sexe d’adopter des enfants. Cette décision a provoqué une scission au sein de la société française dans cette question qui est loin d’être univoque.
La législation française autorise déjà aux personnes de même sexe d’organiser leur vie commune dans le cadre du Pacte civil de solidarité (PACS). Et le parti socialiste a décidé de légaliser le mariage homosexuel et permettre à ces familles d'adopter des enfants. Les représentants des partis de droite et l’Eglise catholique sont opposés à ce projet de loi.
« La gauche a promis d’adopter cette loi lors de la campagne électorale en mai dernier », explique Vladimir Brouter, expert de l’Institut international des recherches en sciences humaines et politiques dans un entretien accordé à La Voix de la Russie. « Ils ont remporté la victoire aux élections présidentielles et c’était déjà le premier pas à l’adoption de cette loi. On ne peut donc pas parler du rejet de ce projet de loi de la part de la société française. Une autre question, c’est que la société française est assez conservatrice. Le rôle de l’Eglise catholique est assez important dans la vie quotidienne des Français. Evidemment, ceux qui soutiennent les valeurs traditionnelles sont opposés à ce projet de loi. Mais ces couches de la société sont en minorité. La France est une démocratie et le pouvoir prend les décisions en fonction de la décision de la majorité. Il n’y a pas de crise en raison de l'adoption de la loi sur le mariage homosexuel en France. Mais la société reste divisée. Cette scission existait déjà et elle existera toujours. Il est probable que si les forces politiques conservatrices obtiennent la majorité à l'Assemblée nationale lors de la prochaine législature, elles vont changer le terme « mariage » en « partenariat ». Mais c'est vraiment le maximum que ces partis politiques puissent faire. Du point de vue juridique, cela ne changera pas la situation, même si pour les partis conservateurs ce sera une grande victoire ».
La polémique qui divise la France ne consiste pas tant en un jugement porté sur le fait d'être homosexuel, que sur le problème de l'adoption d'enfants par des couples du même sexe. C’est ce qu’a indiqué dans un entretien accordé à La Voix de la Russie Dominique Boren, co-président de l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens.
« C’est vrai qu’en France nous avons le PACS depuis 14 ans. Et grâce au PACS, l’idée de la conjugalité institutionnelle ouverte aux homosexuels a fait son chemin plus rapidement que prévu. Peut être que la France, dans sa majorité, y compris les conservateurs modérés, a accepté l’idée d’ouvrir le mariage aux couples du même sexe. L’adoption c’est une toute autre histoire, il n’y a jamais vraiment eu de discussion dans la société française sur la question de l’adoption. La loi sur le mariage homosexuel et l’adoption – c’est un moyen de porter le PACS au stade d’une loi officielle. Je ne pense pas que le nombre de mariages puisse augmenter considérablement après l'adoption de cette loi, sauf dans les deux premières années. Tous ceux qui ont rêvé depuis longtemps de ce moment, pourront désormais se marier officiellement. Car de nombreux couples qui vivent ensemble toute leur vie ont une propriété immobilière en commun, des moyens financiers communs et lorsqu’ils s’approchent de l’âge de la retraite, ils ne peuvent pas léguer ce qu’ils ont accumulé ensemble à leur conjoint. Dans ce cas, le mariage pourrait être une solution pour eux. Mais il ne faut pas s’attendre aux chiffres records ».
Le mariage pour les homosexuels – c’est une question de principe, une manière de délimiter leur espace personnel. Une autre chose, c’est que la gauche française tente d’empiéter sur le système reproducteur de la majorité. Si au lieu des termes mère et père, la loi va prévoir les termes parent A et parent B, et au lieu des termes mari et femme il va falloir écrire le terme asexué conjoint, les institutions construites pour la majorité, risquent de se transformer en faveur de la minorité.
Quoi qu’on entreprenne, la nature humaine ne peut pas être modifiée. Un homme ne peut pas jouer le rôle de mère pour son enfant dans un sens traditionnel. Selon un certain nombre de psychiatres, l’enfant se rend compte que sa naissance résulte des rapports sexuels entre deux adultes de sexe opposé. Même un enfant adopté peut s’imaginer être né de ses parents adoptifs. Cependant, un enfant ne peut pas s'imaginer être né d’un couple homosexuel. Evidemment, il y a des familles, où l’enfant grandit avec une mère et sa compagne ou un père et son compagnon. Mais ces enfants réalisent qu’ils sont issus des relations hétérosexuelles.
L'Eglise ne cache pas son inquiétude quant à la transformation de l'institution du mariage dans une structure adaptée aux couples homosexuels. Selon les traditionalistes, l’homme et la femme réalisent un projet en commun dans le mariage. Il s’agit du désir d’avoir des enfants, et d’assurer la continuité familiale entre les générations. Deux personnes du même sexe ne s’inscrivent pas dans ces catégories du mariage. La procréation et la continuité entre les générations sont impossibles dans les familles homoparentales. L’histoire et l’anthropologie soulignent clairement le fait que le mariage est un droit exclusif d’un homme et d’une femme et il ne peut pas être utilisé pour « normaliser » l'homosexualité.
Il faut reconnaître que le monde se trouve au bord des changements colossaux. Leur force et leur ampleur sont si importantes, qu’il est impossible de ne pas réagir face à ce phénomène. Difficile de dire de quelle manière il faut réagir face à ce problème. On ne peut que douter comment va évoluer la société humaine à la suite de ces changements. Certains, prédisent la fin du monde en regardant le ciel. D’autres regardent devant, en gardant l’espoir que les hommes lucides, en cherchant des solutions à ces problèmes, puissent trouver un moyen pour en sortir.