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Dimanche, 19 Mai 2024

Quand la « bourgeoisie barbare » hait le « populo rebelle »...

Auteur : Nicolas Bonnal | Editeur : Walt | Vendredi, 30 Mai 2014 - 15h44

Le récent «tsunami» ne doit pas nous affoler outre mesure : le système en a vu d’autres dans notre vieille République depuis le boulangisme, et il n’y a qu’à relire Démosthène ou bien Sorel pour savoir que la démocratie déçoit toujours, mais qu’elle a la vie dure.

Ceci dit, le système actuel a un gros défaut : il hait vraiment le populo rebelle, et il le montre trop. La bourgeoisie barbare en place ne sait plus argumenter, elle ne sait plus que rejeter avec dégoût. En démocratie, c’est un défaut ; ou alors, il faut supprimer les élections (dissoudre le peuple, c’est déjà fait ou presque en région parisienne ou londonienne, par exemple).

Tout le monde a bêlé contre le tremblement de terre et tout le reste. On a cherché les causes et le bon expert patenté incrimine pêle-mêle la bêtise, l’ignorance, le chômage – qui est là depuis quarante ans… —, les incompréhensibles psychoses («Vous avez déjà vu un immigré, vous ?»), les grandes peurs des Jean qui grognent des campagnes et ne lisent pas assez le barbant Barbier. BHL a dit avoir moins peur des extrémistes en Ukraine que chez nous. Il a raison : là-bas, ils tuent, ergo ils font moins peur.

C’est que notre système un peu limité en matière argumentative est légèrement manichéen et simplificateur. Quand il s’agit de la diplomatie, on dit que l’attaque de l’Irak, c’est le bien, que Poutine, c’est Hitler, que la Libye, c’est le paradis après Kadhafi. Quand il s’agit d’économie, on dit que les gens d’ici sont ignares, pas high-tech, qu’ils ne parlent pas l’anglais, que les Français sont incurablement retraités et fonctionnaires — car nos journalistes tous subventionnés ne sont pas des fonctionnaires ! Quant aux cousins anglais, ils parlent peut-être l’anglais mais ils votent aussi pour Farage.

Schopenhauer a expliqué un jour pourquoi le meilleur et «ultime stratagème» est la grossièreté.

Si l’on s’aperçoit que l’adversaire est supérieur et que l’on ne va pas gagner, il faut tenir des propos désobligeants, blessants et grossiers.

Le discours des journalistes de la gauche subventionnée accuse son ennemi d’être un ignare, un crétin, un bigot, un fascisant raciste. L’ennemi, ce «petit», est un primaire et un imbécile qui n’a pas retenu sa leçon. Paradoxe terminal, le jeunisme des post-soixante-huitards aux affaires se met à vomir les jeunes parce qu’ils votent trop à droite ou qu’ils sont trop catholiques. Pas assez d’avortements ?

Et c’est là que le bât blesse enfin, surtout depuis l’intrusion d’Internet qui permet au troupeau insulté de s’instruire. On peut se passer du Figaro, on peut couper sa télé (les analphabètes sont ceux qui osent la regarder encore) et l’on se rend alors compte que la nullité argumentative, les injonctions fascisantes, les dérives oligarchiques, les imprécations du marché déluré se tiennent toutes la main.

C’est le nouvel ordre mondial. Et qu’est-ce qu’on répond ? Théorie de la conspiration !


- Source : Nicolas Bonnal

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