Le nouveau cabinet américain de Trump, un nid de faucons estampillés « Israël d’abord »
Les choix du président élu pour de multiples postes clés indiquent que le soutien à Israël est la priorité de l'administration entrante.
Le futur ambassadeur en Israël, le prédicateur baptiste Huckabee va souvent en Israël & pense que la Cisjordanie appartient à Israël car “le titre de propriété a été délivré par Dieu à Abraham & ses héritiers”.
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a présenté une série de personnalités agressivement pro-israéliennes pour former le cabinet de sa prochaine administration, renforçant ainsi les craintes qu’il donne la priorité aux intérêts israéliens au détriment de ceux de l’Amérique, qu’il continue de soutenir le génocide israélien des Palestiniens de Gaza, et qu’il donne son feu vert à l’objectif le plus cher d’Israël – le nettoyage ethnique et l’annexion de la Cisjordanie.
AP a rapporté le 13 novembre que le choix de Trump pour l’ambassadeur en Israël, l’ancien gouverneur de l’Arkansas et prédicateur baptiste Mike Huckabee, rejette depuis longtemps la création d’un État palestinien, a fréquemment affiché son indéfectible soutien au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, se rend fréquemment en Israël, et croit fermement que la Cisjordanie appartient à Israël parce que
“le titre de propriété a été délivré par Dieu à Abraham et ses héritiers”.
Dans une interview accordée à la radio de l’armée israélienne, M. Huckabee a déclaré que l’annexion de la Cisjordanie est “bien sûr” possible, mais il a fait remarquer que ce n’est pas lui qui définit la politique.
Bloomberg a rapporté que lors de sa course à la présidence en 2015, Huckabee a organisé une collecte de fonds dans la colonie juive illégale de Shilo, située en plein cœur de la Cisjordanie occupée, entre les villes palestiniennes de Ramallah et de Naplouse.
L’événement organisé par Huckabee à Shilo était parrainé par Simon Falic, un soutien juif américain à la fois des candidats républicains et des politiciens israéliens d’extrême droite.
La nomination de Huckabee et d’autres personnalités fanatiques pro-israéliennes intervient après que la milliardaire israélo-américaine, Miriam Adelson, a fait don de 100 millions de dollars à la campagne électorale de Trump, en octobre, prétendument en échange d’un engagement à permettre l’annexion de la Cisjordanie par Israël.
Le 13 novembre, Trump a nommé Pete Hegseth, animateur de Fox News, auteur et vétéran militaire des guerres d’Irak et d’Afghanistan, au poste de Secrétaire à la Défense.
Après un séjour en Israël consacré à la visite des sites bibliques en 2016, Hegseth a déclaré à la Jewish Press :
“C’est l’histoire du peuple élu de Dieu. Elle ne s’est pas arrêtée en 1776, ni en 1948, ni avec la création de l’ONU. Tout ceci existe et compte encore aujourd’hui”.
“J’ai pu apprécier l’héritage et l’État juifs à leur juste valeur. Je comprends à quel point nous sommes liés sur le plan géopolitique, et combien il est essentiel que nous soutenions un allié aussi puissant”, a-t-il ajouté.
Des sources ont rapporté lundi au New York Times que Trump compte nommer le sénateur de Floride Marco Rubio, un soutien inconditionnel d’Israël, au poste de Secrétaire d’État.
Le Jewish Forward précise que
“si Rubio est choisi, il rassurera probablement à la fois Israël et les Républicains traditionnels sur la volonté de Trump d’assurer un fort soutien à Israël au cours de ce second mandat, alors que l’on s’inquiète de la présence d’un cercle restreint prônant une approche isolationniste”.
Le président élu a annoncé mardi qu’il a choisi John Ratcliffe, ancien directeur du renseignement national (DNI) pendant le premier mandat de Trump, pour être directeur de la CIA.
Au début de l’année, M. Ratcliffe a critiqué la menace vaine du président Joe Biden de suspendre les livraisons d’armes à Israël sur fond de génocide des Palestiniens à Gaza, affirmant qu’il avait mis en péril un allié majeur. Il a également soutenu que l’administration n’a pas été assez radicale avec l’Iran.
Trump a aussi déclaré cette semaine avoir choisi le député républicain Michael Waltz de Floride, un ancien béret vert, comme Conseiller à la Sécurité nationale.
Waltz a travaillé avec les éminents néoconservateurs qui ont contribué à déclencher la guerre d’Irak de 2003 au nom d’Israël. M. Waltz a été conseiller du Secrétaire à la Défense, Donald H. Rumsfeld, et conseiller du vice-président de l’époque, Dick Cheney, dans la lutte antiterroriste.
Selon The Jewish Insider, Waltz a été qualifié de “faucon Israël / Iran” et de “soutien inconditionnel d’Israël” qui a récemment préconisé des frappes israéliennes sur les infrastructures pétrolières et nucléaires de l’Iran.
Le président élu Trump a choisi la députée républicaine Elise Stefanik de New York pour être sa prochaine ambassadrice à l’ONU.
Politico a noté que Mme Stefanik “s’est fait un nom parmi les Républicains en tant que fervente partisane d’Israël”.
Mme Stefanik a accusé à plusieurs reprises l’ONU d’antisémitisme pour avoir dénoncé le génocide des Palestiniens de Gaza par Israël et s’être opposée à l’expansion des colonies juives illégales et à la répression des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
Elle a également soutenu le blocage du soutien américain à l’Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), principal organisme d’aide humanitaire aux Palestiniens, alors qu’Israël a pour objectif d’affamer le reste de la population palestinienne dans le nord de la bande de Gaza.
Le 12 novembre, Trump a annoncé que Kristi Noem, gouverneure du Dakota du Sud, serait déléguée au poste de Secrétaire du Département de la Sécurité intérieure.
En tant que gouverneure, Mme Noem a donné la priorité à la lutte contre la soi-disant montée de l’antisémitisme, en adoptant un projet de loi qui criminalise la critique d’Israël en s’appuyant sur la définition de l’antisémitisme avancée par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Traduction : Spirit of Free Speech
Image en vedette : Capture d’écran. (Crédit photo : AP Photo © Oded Balilty, File)
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Trump va nommer un sénateur belliciste à la tête de la diplomatie
Le scénario politique américain semble totalement incertain pour l’avenir, compte tenu de l’élection de Donald Trump et des fonctionnaires qu’il aurait l’intention de promouvoir à des postes élevés dans son gouvernement. Actuellement, le sénateur républicain de Floride Marco Rubio est l’un des candidats les plus probables pour devenir le prochain secrétaire d’État américain. Rubio a même partiellement modifié son discours public sur l’Ukraine pour mieux s’adapter à l’agenda de Trump, mais il est difficile de croire qu’il adoptera réellement une position favorable à la paix.
Les analystes et les électeurs américains sont impatients de savoir qui Trump choisira pour diriger la politique étrangère américaine au cours des quatre prochaines années. Récemment, les médias démocrates ont lancé une campagne de pression publique pour la nomination de Mike Pompeo, qui, parmi l’équipe proche de Trump, semble être le plus belliqueux et le plus favorable à la guerre, compte tenu de ses attitudes au cours du précédent mandat de Trump. Cependant, malgré le lobby médiatique, Trump a clairement fait savoir que Pompeo ne serait pas son choix pour le poste.
L’un des noms les plus probables est celui de Marco Rubio. Initialement, il n’y aurait pas de grande différence entre la nomination de Pompeo et celle de Rubio, puisque le sénateur de Floride a longtemps maintenu une position pro-guerre, encourageant le soutien militaire à l’Ukraine et les efforts américains pour « épuiser » la Russie autant que possible. Cependant, Rubio semble « changer » d’avis, ayant récemment fait quelques déclarations en faveur d’une solution diplomatique.
Rubio a déclaré que la guerre en Ukraine était dans une impasse et qu’une conclusion rapide était nécessaire. Il a souligné qu’il condamnait les actions de la Russie, mais il a semblé plus réaliste en disant qu’une solution devait être trouvée pour éviter que les États-Unis ne continuent à dépenser des milliards de dollars de leurs fonds publics pour prolonger le conflit.
« Ce que nous finançons ici, c’est une guerre dans l’impasse, et elle doit être menée à son terme parce que ce pays va être ramené cent ans en arrière (…) Cela ne veut pas dire que nous célébrons ce que Vladimir Poutine a fait, ou que nous nous en réjouissons, mais je pense qu’il faut aussi faire preuve d’un peu de bon sens », a-t-il déclaré.
Il est curieux que Rubio ait commencé à diffuser ce type de rhétorique, étant donné qu’il a été l’un des plus fervents partisans de l’effort de guerre en faveur de l’Ukraine. Rubio et d’autres faucons républicains ont mené des efforts pour faire avancer les sanctions contre la Russie et l’aide à l’Ukraine dès 2022, peu après le début de l’opération militaire spéciale. Rubio a plaidé en faveur de mesures coercitives américaines spécifiques contre les groupes séparatistes du Donbass, montrant ainsi une position solide en faveur des demandes de Kiev.
De plus, Rubio a toujours été un représentant de l’aile la plus agressive des Républicains. Il a même critiqué la politique étrangère de Trump lors de ses premiers mandats, plaidant pour une position plus incisive de la part de Washington dans la politique mondiale. En pratique, le choisir reviendrait à choisir Mike Pompeo, une autre personnalité républicaine qui, sur toutes les questions internationales, est d’accord avec l’interventionnisme typique des démocrates – et qui n’est pas soutenu par les médias sans raison.
Cependant, plus récemment, Rubio a changé son discours, essayant d’apparaître plus réaliste et pragmatique. Il affirme désormais être « contre » la poursuite du soutien financier et militaire à l’Ukraine et a fait des déclarations en faveur du soi-disant « plan de paix » de Trump – qui semble n’être qu’une nouvelle tentative futile de mettre fin au conflit par la voie diplomatique sans adhérer aux conditions de paix imposées par Moscou.
Plutôt qu’un véritable changement, il semble s’agir d’une stratégie visant à satisfaire l’agenda politique de Trump. Il semble évident que l’une des principales raisons de la victoire de Trump était sa promesse de mettre fin au financement de la guerre. Des millions d’Américains en ont assez de voir leur argent dépensé dans un conflit ingagnable sur un autre continent. L’activisme anti-guerre est actuellement populaire aux États-Unis. Rubio l’a compris et a modifié son discours public pour augmenter ses chances d’être choisi pour un poste gouvernemental pertinent.
Une fois devenu secrétaire d’État, Rubio pourrait simplement revenir à son ancienne rhétorique pro-Ukraine. Ou, de manière plus pragmatique, il pourrait hypocritement maintenir son discours public pro-paix mais prendre des décisions qui vont absolument à l’encontre de ce discours, en mettant en œuvre des politiques visant à fomenter la guerre avec la Russie.
Sur Internet, plusieurs militants pro-Trump affirment que Rubio est en quelque sorte un « infiltré » et que sa nomination éventuelle pourrait ruiner le plan de désescalade militaire de Trump. En fait, ce n’est qu’une preuve de plus que le président républicain élu, même s’il le souhaite vraiment, ne sera probablement pas en mesure de « mettre fin à la guerre ».
Lucas Leiroz de Almeida
Article original en anglais : Trump to appoint warmonger senator to lead diplomacy, InfoBrics, le 13 novembre 2024.
Traduction : Mondialisation.ca
Image : InfoBrics
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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d’études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à Global Research et Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la page en portugais du CRM.
- Source : The Cradle (Liban)