Sharif Abdel Kouddous est un journaliste indépendant qui a réalisé des reportages dans le monde arabe, aux États-Unis et à l'international. Il a reçu un prix George Polk pour son enquête sur l'assassinat de la journaliste palestinienne Shireen Abu Akleh, un Emmy Award pour sa couverture de l'interdiction de voyager pour les musulmans décrétée par l'administration Trump, et un Izzy Award pour sa couverture de la révolution égyptienne de 2011. Son travail a été publié et présenté dans The Nation, Washington Post, Los Angeles Times, Foreign Policy et Democracy Now.
Israël transforme le nord de la bande de Gaza en un véritable bûcher
Alors que la couverture médiatique internationale spécule sur la probabilité d’une guerre avec l’Iran, Israël intensifie sa campagne d’annihilation des Palestiniens de Gaza.
Avec le soutien total de l’administration Biden, Israël mène une guerre d’extermination sans merci contre les 400 000 Palestiniens qui sont encore dans le nord de la bande de Gaza que le gouvernement de Benjamin Netanyahou envisagerait d’annexer.
Depuis le 1er octobre, ni nourriture, ni eau, ni médicaments n’ont pénétré dans le nord de la bande de Gaza, alors que les forces israéliennes mènent une campagne de frappes aériennes intenses et les forces terrestres ont envahi et encerclé une grande partie de la zone.
Tout en ordonnant aux habitants de fuir le nord, Israël intensifie ses attaques contre Deir Al-Balah, une ville du centre de la bande de Gaza qui n’est pas encore totalement détruite comme d’autres parties de la bande. Des centaines de milliers de Palestiniens ont fui vers cette ville au cours des derniers mois.
Au petit matin de lundi, Israël a bombardé un campement de tentes bondé de personnes déplacées dans l’enceinte de l’hôpital Al Aqsa, engloutissant les civils dans un gigantesque bûcher. Des vidéos de la scène ont montré des patients – dont certains semblaient être dans des lits reliés à des cordons intraveineux – qui brûlaient vifs pendant que d’autres personnes dans le campement tentaient désespérément d’éteindre les incendies avec de petits seaux d’eau.
Capture d’écran d’un post Instagram de Saleh Al-Jafarawi qui a assisté à l’attaque israélienne contre l’hôpital Al Aqsa le 14 octobre
«Je jure devant Dieu que j’ai vu des gens brûler devant moi. Par Dieu, personne ne pouvait rien faire. L’homme, la femme et la petite fille brûlaient vifs devant moi, je le jure devant Dieu. Ils brûlaient devant moi, sous mes yeux. Leurs âmes les ont quittés devant moi, devant nous, sous nos yeux à tous», a déclaré Saleh Al-Jafarawi, journaliste palestinien indépendant qui a filmé le massacre.
«Personne n’a pu faire quoi que ce soit, personne n’a pu s’approcher pour les sauver. Nous avons essayé, mais nous n’avons pas pu, le feu était si fort que personne n’a pu s’approcher et les sortir du feu. Ils ont été brûlés vifs. Leurs corps étaient carbonisés. C’est un crime ignoble, monstrueux ! Nous n’avions jamais vu ça, personne n’a jamais vu ça», a-t-il ajouté dans une vidéo publiée sur son compte Instagram.
«Je jure devant Dieu que nous n’oublierons jamais ça, ces images abominables sont inscrites dans nos mémoires et nos cœurs pour toujours. Nous n’oublierons jamais cet enfant qui brûle au milieu de l’incendie et que personne n’a pu aider».
Au moins quatre personnes sont mortes et 70 autres, principalement des femmes et des enfants, souffrent de graves brûlures, certaines au troisième degré. On s’attend à ce que le bilan s’alourdisse considérablement, car les autorités médicales locales ont déclaré que de nombreux blessés se trouvaient dans un état critique. L’hôpital fonctionnait déjà bien au-delà de sa capacité et de nombreux patients sont traités dans les étages ou dans les couloirs.
«Nous devons déjà faire face à l’afflux massif de blessés, pour la plupart dans un état critique, et nous voyons maintenant arriver des patients qui souffrent de graves brûlures. Malheureusement, leur sort est scellé, ils n’arriveront pas vivants dans l’unité de soins intensifs. Ils mourront avant. De nombreux enfants, de nombreuses femmes, meurent de leurs brûlures. Telle est la réalité sur le terrain», a déclaré à Al Jazeera le Dr Mohammed Tahir, un chirurgien britannique qui travaille bénévolement à l’hôpital Al Aqsa.
«C’est un spectacle atroce ici. Je n’arrive pas à croire que cela se passe réellement. Honnêtement, j’ai parfois l’impression que ce n’est pas la vraie vie, qu’il n’est pas possible que cela continue et qu’un tel degré de souffrance soit autorisé dans ce monde. C’est inimaginable».
Depuis janvier, Israël a attaqué au moins sept fois les campements de tentes situés à l’intérieur et autour de l’hôpital.
L’armée israélienne a qualifié la frappe qui a brulé vifs des civils dans les tentes de l’hôpital de frappe de «précision» contre «des terroristes qui travaillaient dans un site de commandement et de contrôle installé dans une zone précédemment connue sous le nom d’hôpital des martyrs d’Al-Aqsa à Deir al-Balah».
Les FDI ont promis de poursuivre ces attaques, sans fournir aucune preuve de l’utilisation de l’hôpital par le Hamas.
Cette façon de justifier les attaques contre les civils en affirmant que le Hamas les utilise comme boucliers humains et contre les sites protégés en prétendant qu’ils sont des centres de commandement, est caractéristique de la guerre génocidaire d’Israël. Ces allégations scélérates sont à chaque fois soutenues par de hauts responsables américains.
Un rapport récent d’une Commission indépendante des Nations unies note que «les forces de sécurité israéliennes ont affirmé que plus de 85% des principales installations médicales de Gaza étaient utilisées par le Hamas pour des opérations terroristes, mais n’ont pas fourni de preuves pour étayer cette affirmation».
La Commission a accusé Israël de crimes de guerre dans ses attaques contre les hôpitaux, les cliniques, les ambulances et le personnel médical. «Les attaques contre les établissements de santé sont un élément intrinsèque de l’assaut plus large des forces de sécurité israéliennes contre les Palestiniens à Gaza et l’infrastructure physique et démographique de Gaza, et rentrent toutes dans le cadre des efforts israéliens pour étendre l’occupation», indique le rapport.
«La Commission constate qu’Israël a mis en œuvre une politique concertée visant à détruire le système de santé de Gaza».
Gaza : «Un enfer sans fin»
La couverture médiatique internationale du génocide perpétré contre les Palestiniens de la bande de Gaza a diminué ces dernières semaines, l’attention s’étant déplacée vers une potentielle guerre entre Israël et l’Iran.
Le Pentagone a annoncé dimanche que les États-Unis livraient des systèmes de défense antimissile THAAD à Israël et déployaient une centaine de soldats américains pour les faire fonctionner en cas de contre-attaque iranienne à la suite d’une attaque israélienne prévue contre l’Iran.
La vice-présidente Kamala Harris a récemment déclaré à 60 Minutes que l’Iran était le «plus grand adversaire» des États-Unis, une position qui contredit les conclusions de multiples évaluations des services de renseignement américains et du Pentagone.
Au cours du mois qui a suivi le début de la guerre ouverte contre le Liban, Israël a simultanément intensifié ses opérations génocidaires dans toute la bande de Gaza, envoyant ainsi un message clair selon lequel l’objectif d’Israël est d’éradiquer tout ce qui reste de la vie, des constructions ou de la culture qui étaient là avant les attaques du 7 octobre.
L’administration Biden, après avoir promis pendant l’été qu’un accord était en vue pour mettre fin à la guerre, a abandonné toute idée de cessez-le-feu à Gaza. Le président Joe Biden et Kamala Harris n’ont pas cessé de proclamer le droit d’Israël à l’autodéfense et ont placé l’Iran au centre de leurs préoccupations dans la région.
«Ils veulent arriver aux élections du 5 novembre avec le moins de contestation possible», a déclaré Jasmine El-Gamal, une ancienne fonctionnaire du Pentagone, dans une interview accordée à Drop Site News. «Même si nous assistons littéralement à l’extermination de personnes, d’enfants, sous nos yeux, que ce soit par une mort lente due au manque de nourriture ou à la destruction complète du système de santé ou par une mort rapide sous des bombardements, le message est clair et net : ils ne feront rien avant les élections».
Dans un message publié sur X dimanche, Harris n’a pas mentionné les attaques militaires brutales d’Israël dans le nord et le centre de la bande de Gaza.
«L’ONU signale qu’aucune nourriture n’est entrée dans le nord de Gaza depuis près de deux semaines. Israël doit de toute urgence faire davantage pour faciliter l’acheminement de l’aide à ceux qui en ont besoin», a écrit Harris. «Les civils doivent être protégés et avoir accès à la nourriture, à l’eau et aux médicaments. Le droit international humanitaire doit être respecté».
El-Gamal, ancien directeur national pour la Syrie et le Liban au bureau du secrétaire à la défense sous l’administration Obama, a déclaré que certains hauts fonctionnaires chargés de définir la politique américaine dans la région ont vu dans les guerres d’Israël une occasion de modifier le paysage politique au Liban et dans l’ensemble du Moyen-Orient, tandis que d’autres considèrent la guerre de Gaza comme un champ de mines politique dans lequel la campagne électorale de Harris devrait désormais éviter de s’engager.
«Il s’agit donc, pour Israël, d’une opportunité politique, stratégique, diplomatique et militaire d’avoir carte blanche à Gaza et au Liban», a-t-elle déclaré. «La poursuite de l’aide en armement à Israël est présentée comme une défense d’Israël. C’est leur histoire et ils s’y tiennent».
Quelques heures avant que les avions israéliens ne bombardent le campement de tentes de l’hôpital Al Aqsa, les chars israéliens ont bombardé une école gérée par l’ONU qui accueillait des personnes déplacées dans le camp de réfugiés de Nuseirat.
L’attaque a fait au moins 22 morts et plus de 80 blessés. L’école devait servir de site de vaccination contre la polio lundi.
«Gaza est un enfer sans fin. Tout cela ne doit pas devenir la nouvelle norme. L’humanité doit prévaloir», a écrit Philippe Lazzarini, commissaire de l’UNRWA, dans un message sur X.
La grande opération militaire israélienne dans le nord de Gaza, qui a commencé il y a neuf jours pour nettoyer la zone de ses habitants, a été particulièrement brutale. Les forces israéliennes ont encerclé et isolé un certain nombre de zones, notamment Jabaliya, Beit Hanoun et Beit Lahia, et les chars israéliens ont atteint la périphérie de la ville de Gaza.
Les opérations israéliennes dans le nord de la bande de Gaza ont alimenté les spéculations selon lesquelles les FDI mettent déjà en œuvre un plan promu par un groupe d’officiers militaires israéliens à la retraite dirigé par le général de division Giora Eiland, connu sous le nom de plan «se rendre ou mourir de faim».
Selon ce plan, les Palestiniens du nord auraient une semaine pour partir et ceux qui resteraient seraient considérés comme des combattants par les forces israéliennes. De nombreux habitants du nord ont refusé de partir, notamment parce qu’ils estiment qu’aucun endroit de Gaza n’est sûr et que tous les Palestiniens sont traités, par défaut, comme des cibles légitimes par Israël.
Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a déclaré dans un communiqué qu’environ 300 Palestiniens ont été tués lors du récent siège israélien du nord et que des dizaines de corps ont été signalés dans les rues. Des maisons, des écoles, des abris pour personnes déplacées ont tous été pris pour cible et désintégrés.
Le correspondant d’Al Jazeera, Anas al-Sharif, l’un des rares journalistes à n’avoir pas quitté le nord de Gaza depuis le lancement de l’assaut israélien, il y a plus d’un an, a déclaré vendredi : «Ce sont les jours les plus difficiles de la guerre israélienne contre Gaza et je n’exagère pas».
Au début du mois, Israël a émis trois nouveaux ordres de déplacement, appelant tous les civils du nord de Gaza à fuir vers le sud tout en rendant leur fuite extrêmement dangereuse. Depuis lors, les chars et les troupes israéliens ont envahi et assiégé différentes zones, en particulier le camp de réfugiés de Jabaliya, où les habitants sont pris au piège, incapables de bouger en raison des bombardements, des tirs d’artillerie et des attaques terrestres incessants.
Lundi, Israël a bombardé un centre de distribution de nourriture dans le camp, faisant au moins 10 morts et 30 blessés.
«Nous nous trouvions à l’hôpital Al-Yemen Al-Saeed, mais il a été bombardé. Environ 20 personnes ont été tuées. Je ne sais pas quoi faire, nous risquons de mourir à tout moment. Les gens meurent de faim. J’ai peur de rester, et j’ai aussi peur de partir», a déclaré un chauffeur de Médecins Sans Frontières piégé dans le camp de Jabaliya.
Les troupes israéliennes ont érigé des barricades et des barrières de sable pour bloquer toutes les sorties de la ville, pendant que des soldats israéliens et des quadcoptères ciblent toute personne qui bouge. «Ils tirent sur tous ceux qui s’approchent de ces barricades sans sommation», a déclaré un habitant de Jabaliya à Drop Site News. «Une famille entière a été prise pour cible alors qu’elle essayait de quitter le camp, ils leur ont tiré dessus sans la moindre hésitation».
Les forces israéliennes seraient en train de démolir ou de faire exploser les maisons laissées par les résidents qui ont réussi à s’enfuir. Des chars et des bulldozers ont également pris d’assaut le cimetière de Saftawi, au nord de la ville de Gaza, dimanche, et ont exhumé plusieurs corps, selon Mada Masr.
«En raison du siège de l’occupation israélienne sur le camp de Jabaliya, la plupart des blessures causées par les balles et les bombardements de l’occupation sont mortelles, car il n’y a pas de ressources médicales ou de capacités disponibles pour traiter efficacement les blessés», a déclaré le correspondant d’Al Jazeera, Hossam Shabat, dans un message en ligne.
Shabat a indiqué que le Croissant-Rouge avait cessé de travailler à Jabaliya en raison d’un manque de carburant, Israël ayant émis un nouvel ordre d’expulsion. «L’armée d’occupation israélienne a bombardé les civils qui fuyaient ces zones. Les attaques n’ont pas cessé», a-t-il déclaré le 12 octobre.
Dimanche, au moins cinq enfants ont été tués lorsqu’un drone israélien les a attaqués alors qu’ils jouaient près d’un café dans le camp de réfugiés d’Al-Shati, situé sur la côte, à l’ouest de Jabaliya.
Bisan Owda, une journaliste récompensée par un Emmy Award, a commenté l’attaque en pleurant dimanche : «Ces enfants jouaient au football dans une rue du camp de réfugiés d’Al-Shati… Ils jouaient au milieu des décombres de maisons partiellement détruites parce que ce sont des enfants et qu’ils ne savent pas comment faire face à tout cela autrement qu’en jouant, et ils ont été assassinés», a-t-elle déclaré.
«Ils sont morts, comme des milliers d’enfants auparavant. Ces gens n’ont pas évacué le nord de la bande de Gaza, non seulement parce qu’ils considèrent qu’ils ont le droit de rester, mais aussi parce que les gens ne sont pas davantage en sécurité dans le sud».
Israël a continué à prendre pour cible les journalistes palestiniens à Gaza. Mohamed al-Tanani, caméraman pour Al-Aqsa TV, a été tué lors d’un reportage dans le camp de réfugiés de Jabaliya et son collègue Tamer Labad a été blessé.
La semaine dernière, le caméraman d’Al Jazeera, Fadi al-Wahidi, a reçu une balle dans le cou qui l’a laissé paralysé et Ali Al-Attar a été gravement blessé par un éclat d’obus provenant d’une attaque israélienne à Deir Al-Balah, qui lui a transpercé la tête.
La semaine dernière, Israël a donné l’ordre d’évacuer trois hôpitaux du nord de la bande de Gaza, l’hôpital Indonésien, Kamal Adwan et Al-Awda, en les menaçant de subir «le même sort que l’hôpital al-Shifa, avec des destructions, des meurtres et des arrestations».
Le blocus israélien entraîne une pénurie de carburant pour les générateurs d’électricité, ce qui expose les patients des unités de soins intensifs à un grand risque. Un médecin de l’unité de soins intensifs de l’hôpital indonésien a envoyé lundi une vidéo montrant des patients gisant inconscients dans des lits d’hôpital : «Ce patient est dans un état désespéré et il va mourir. La situation est très, très, très difficile», explique le médecin.
«Ils frappent une école près de notre hôpital en ce moment même, on entend les explosions d’ici», a-t-il déclaré dans un enregistrement complémentaire.
À l’hôpital Kamal Adwan, les patients et le personnel qui ont essayé de partir n’ont pas pu le faire. «Depuis plus de cinq jours, l’hôpital est directement visé par des drones, des bombes fumigènes et des obus d’artillerie qui tombent près de l’hôpital, sur le toit de l’hôpital et à travers les fenêtres», a déclaré le Dr Eid Sabah, directeur des soins infirmiers de l’hôpital, à Drop Site News. «Il y a des bombardements et des tueries partout. L’angoisse et la terreur ont envahi toutes les rues et les ruelles. L’hôpital est dans un état lamentable».
L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a publié dimanche une photo des restes calcinés de son centre de santé à Jabaliya. «Le camp de Jabaliya a été la zone la plus touchée, avec des familles piégées dans les zones d’opérations militaires. L’armée interdit l’accès des organisations humanitaires à Jabaliya. Les installations et le personnel de santé sont #NotATarget», a écrit l’UNRWA en vain.
«Au cours des deux dernières semaines, plus de 50 000 personnes ont été déplacées de la zone de Jabaliya, qui est coupée du monde, tandis que d’autres restent bloquées dans leurs maisons en raison de l’intensification des bombardements et des combats. Un siège militaire qui prive les civils de moyens de survie essentiels est inacceptable», a déclaré Muhannad Hadi, coordinateur humanitaire de l’UNOCHA, dans un communiqué publié dimanche.
«Les dernières opérations militaires dans le nord de Gaza ont provoqué la fermeture de puits d’eau, des boulangeries, des points médicaux et des abris, ainsi que la suspension des services de protection, des salles de classe provisoires et des soins apportés aux personnes qui souffrent de malnutrition. Dans le même temps, les hôpitaux ont enregistré un afflux de blessures traumatiques… Les civils ne devraient pas avoir à choisir entre fuir ou mourir de faim».
Traduction: Chronique de Palestine
Jeremy Scahill est journaliste à Drop Site News, cofondateur de The Intercept, auteur des livres Blackwater et Dirty Wars. A fait des reportages en Irak, en Afghanistan, en Somalie, au Yémen, etc...
- Source : Drop Site News (Etats-Unis)