www.zejournal.mobi
Samedi, 21 Déc. 2024

Sans limites

Auteur : Craig Murray | Editeur : Walt | Lundi, 14 Oct. 2024 - 16h27

La classe politique ne freinera jamais Israël au nom de l’empathie pour la souffrance ou d’un quelconque sens du devoir moral. Mais elle pourrait bien s’y mettre par souci d’auto-préservation.

***

Il n’y a littéralement pas d’acte aussi ignoble que le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Allemagne refuseront de soutenir s’il est perpétré par l’État terroriste d’Israël.

Hier, Israël :

  • a délibérément attaqué des soldats de la paix de l’ONU dans trois bases distinctes
  • bombardé le centre résidentiel de Beyrouth, tuant et mutilant des centaines de personnes
  • enlevé, battu et détenu un journaliste américain
  • a massacré 30 réfugiés palestiniens dans une école de l’UNRWA
  • a été reconnu coupable du crime contre l’humanité d’« extermination » à Gaza par un rapport officiel d’une commission des Nations unies.

Chacun de ces outrages serait fermement condamné s’il était commis par n’importe quel pays, à l’exception d’Israël, et entraînerait des répercussions.
Mais Israël peut les commettre tous en un seul jour et ne pas subir un seul reproche des principales puissances occidentales (bien qu’il semble que l’attaque contre les soldats de la paix de l’ONU ait pu ébranler la soumission de Macron – reste à savoir si ce n’est qu’un accident de parcours).

Le rapport de la Commission internationale indépendante d’enquête sur le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et Israël, daté du 11 septembre mais publié hier, est incroyablement accablant et constituera un document clé pour le procès pour génocide intenté par l’Afrique du Sud et d’autres contre Israël devant la CIJ.

Il fait état de 498 attaques israéliennes contre des établissements de santé dans la bande de Gaza et – fait bien moins médiatisé – de 500 attaques contre des établissements de santé en Cisjordanie, bien qu’elles soient toutes moins meurtrières.

Voici quelques points forts du rapport :

9. Des centaines de membres du personnel médical, dont trois directeurs d’hôpitaux et le chef d’un service orthopédique, ainsi que des patients et des journalistes ont été arrêtés par les forces de sécurité israéliennes dans les hôpitaux Shifa’, Nasr et Awdah au cours de leurs offensives.Dans au moins deux cas, des membres du personnel médical expérimentés sont morts en détention israélienne. Au 15 juillet, 128 professionnels de la santé seraient toujours détenus par les autorités israéliennes, dont quatre membres du personnel de la Société du Croissant-Rouge palestinien.

10. Au 15 juillet, 113 ambulances ont été attaquées et au moins 61 détruites. La Commission a recensé des attaques directes contre des convois médicaux du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des Nations unies, de la Société du Croissant-Rouge palestinien et d’organisations non-gouvernementales.

L’accès a également été restreint en raison du bouclage de zones par les forces de sécurité israéliennes, de retards dans la coordination d’itinéraires sûrs, de checkpoints, de fouilles ou de la destruction de routes.

11. La Commission a enquêté sur l’attaque perpétrée le 29 janvier à Tall al-Hawa contre une famille palestinienne et une ambulance du Croissant-Rouge palestinien qui a été appelée à son secours. La famille était composée de deux adultes et de cinq enfants, dont Leyan Hamada, 15 ans, et Hind Rajab, 5 ans. Ils ont été attaqués alors qu’ils tentaient d’évacuer les lieux à bord de leur voiture.

L’ambulance, qui transportait deux ambulanciers, Yousef Zeino et Ahmed al-Madhoun, a été dépêchée après que son itinéraire ait été coordonné avec les forces de sécurité israéliennes. Elle a été touchée par un obus de char à une distance d’environ 50 mètres de la voiture de la famille.Hind était encore en vie au moment où l’ambulance a été mobilisée.

La présence des forces de sécurité israéliennes dans la zone a interdit l’accès au véhicule. Par conséquent, les corps des membres de la famille n’ont pu être retirés de leur voiture criblée de balles que 12 jours après l’incident. L’ambulance a été retrouvée détruite à proximité, avec des cadavres à l’intérieur.

Je ne peux pas me mettre dans la tête des politiciens sionistes. Se sont-ils persuadés que, d’une manière ou d’une autre, ces choses ne se sont pas réellement produites, ou se sont-ils convaincus que c’est là un prix qui vaut la peine d’être versé dans le cadre d’un plan plus vaste ?

Si tel est le cas, quel est précisément ce schéma plus large ?

22. Selon le bureau des médias des autorités de Gaza, plus de 500 corps ont été retrouvés dans des fosses communes situées sur le terrain des hôpitaux, y compris les hôpitaux Shifa’ et Nasr. Les images satellite du 23 avril montrent au moins deux charniers situés à l’hôpital Nasr. Les autorités à Gaza ont déclaré que plusieurs corps ont été trouvés déshabillés et menottés, indiquant que les victimes pourraient avoir été exécutées. Un témoin impliqué dans l’exhumation des corps près de l’hôpital Nasr a déclaré à la Commission qu’il a vu des corps avec des blessures par balle dans la tête ou le cou. Les forces de sécurité israéliennes ont nié avoir enterré des corps dans des fosses communes, bien qu’elles aient reconnu que des soldats recherchant les corps d’otages avaient exhumé certaines fosses communes.

Le rapport mérite d’être lu dans son intégralité. Il a été très difficile d’en extraire les points marquants, car tout mérite d’être publié. Je passe sur une grande partie des conséquences dévastatrices de la destruction des installations médicales et sur la torture des détenus. Mais le passage suivant est vraiment à lire absolument :

62. La Commission a documenté plus de 20 cas de violence sexuelle et sexiste à l’encontre de détenus hommes et femmes dans plus de 10 centres militaires et de l’administration pénitentiaire israélienne, en particulier dans la prison du Néguev et le camp de Sde Teiman pour les détenus hommes et dans les prisons de Damon et de Hasharon pour les détenues femmes. La violence sexuelle a été utilisée comme méthode punitive et d’intimidation dès leur arrestation et tout au long de leur détention, y compris pendant les interrogatoires et les fouilles. Les actes de violence sexuelle documentés par la Commission témoignent de la haine extrême à l’égard du peuple palestinien et de la volonté de le déshumaniser.

63. La Commission a constaté que la nudité forcée, dans le but de dégrader et d’humilier les victimes devant les soldats et les autres détenus, est fréquemment utilisée contre les victimes masculines, y compris les fouilles à nu répétées, les interrogatoires des détenus nus, le fait de forcer les détenus à exécuter certaines tâches pendant qu’ils sont nus, etc ; forcer les détenus à effectuer certains gestes alors qu’ils sont nus ou déshabillés et, dans certains cas, filmés ; soumettre les détenus à des insultes sexuelles alors qu’ils sont transportés nus ; forcer les détenus nus à se regrouper dans une cellule surpeuplée ; et forcer les détenus déshabillés et les yeux bandés à s’accroupir au sol, les mains ligotées dans le dos.

64. Plusieurs détenus de sexe masculin ont déclaré que des membres des forces de sécurité israéliennes ont battu, donné des coups de pied, tiré ou pressé leurs parties génitales, souvent alors que les détenus sont nus.

Dans certains cas, le personnel des forces de sécurité israéliennes a utilisé des objets tels que des détecteurs de métaux et des matraques. Un détenu incarcéré dans la prison du Néguev des forces de sécurité israéliennes a déclaré qu’en novembre 2023, des membres de l’unité Keter de l’administration pénitentiaire israélienne l’avaient forcé à se déshabiller et lui avaient ensuite ordonné d’embrasser le drapeau israélien. Lorsqu’il a refusé, il a été battu et ses parties génitales ont reçu des coups de pied si violents qu’il a vomi et perdu connaissance.

65. La Commission a également reçu des informations crédibles concernant des viols et des inconduites sexuelles, notamment l’utilisation d’une sonde électrique pour provoquer des brûlures à l’anus et l’insertion d’objets, tels que des bâtons, des manches à balai et des légumes, dans l’anus. Certains de ces actes auraient été filmés par des soldats. En juillet, neuf soldats ont été interrogés et plusieurs arrêtés pour avoir violé un détenu et lui avoir causé des blessures mettant sa vie en danger à Sde Teiman.

66. La Commission a établi que les détenus sont régulièrement victimes d’inconduite sexuelle et de harcèlement, et que des menaces d’agression sexuelle et de viol ont été proférées à l’encontre des détenus ou des membres féminins de leur famille.

Un détenu de Sde Teiman a rapporté que des femmes soldats l’ont forcé, lui et d’autres, à émettre des cris de mouton, à maudire les dirigeants du Hamas et le prophète Mahomet, et à dire “je suis une pute”.

Les détenus ont été battus lorsqu’ils n’obtempéraient pas. Dans un autre cas, un soldat a enlevé son pantalon et a pressé son entrejambe contre le visage d’un détenu, en disant : “Tu es ma salope. Suce ma bite “.

67. Des détenues ont également été victimes d’inconduite sexuelle et de harcèlement dans les locaux de l’armée et de l’administration pénitentiaire israélienne, ainsi que de menaces de mort et de viol. Le harcèlement sexuel inclut des tentatives d’embrasser et de toucher leurs seins. Elles ont fait état de fouilles à nu répétées, prolongées et invasives, avant et après les interrogatoires. Les femmes ont été forcées d’enlever tous leurs vêtements, y compris le voile, devant des soldats hommes et femmes.Elles ont été battues et harcelées tout en étant traitées de “laiderons” et en subissant des insultes à caractère sexuel, telles que “chienne” et “pute”. Ainsi, une femme détenue détenue dans une prison de l’administration pénitentiaire israélienne s’est vu refuser l’accès à son avocat après qu’elle l’ait informé des menaces de viol.

68. La Commission a reçu des rapports de l’Autorité palestinienne concernant le viol de deux détenues. Elle tente de vérifier ces informations.

69. Des détenues ont été photographiées sans leur consentement et dans des postures dégradantes, y compris en sous-vêtements devant des soldats hommes. Dans un cas, une détenue a été soumise à des fouilles à nu répétées et invasives après son arrestation dans un poste de police du nord d’Israël. Elle a été battue, agressée verbalement, traînée par les cheveux et photographiée devant un drapeau israélien. Les photos ont été mises en ligne.

Vous vous souviendrez qu’une enquête de l’ONU n’a pas été en mesure de confirmer les allégations de viol par la résistance palestinienne le 7 octobre 2023 – bien que les Israéliens soient manifestement beaucoup plus libres que les Palestiniens de communiquer et de fournir des preuves.

La commission affirme toutefois qu’il existe des informations crédibles selon lesquelles certains otages israéliens détenus à Gaza auraient fait l’objet d’abus sexuels.

Les conclusions du rapport de la Commission se résument à ceci :

88. L’offensive sur Gaza depuis le 7 octobre a entraîné la destruction du système de santé déjà précaire dans la bande de Gaza, avec des effets à long terme préjudiciables sur les droits de la population civile à la santé et à la vie. Les attaques contre les établissements de santé sont un élément intrinsèque de l’assaut plus large des forces de sécurité israéliennes contre les Palestiniens de Gaza et l’infrastructure physique et démographique de Gaza, ainsi que des initiatives en faveur du renforcement de l’occupation. Les actions d’Israël violent le droit humanitaire international et le droit du peuple palestinien à l’autodétermination, et sont en contradiction flagrante avec l’avis consultatif de la Cour internationale de justice de juillet 2024.

89. La Commission constate qu’Israël a mis en œuvre une politique concertée visant à détruire le système de santé de Gaza. Les forces de sécurité israéliennes ont délibérément tué, blessé, arrêté, détenu, maltraité et torturé le personnel médical et pris pour cible des véhicules médicalisés, constituant les crimes de guerre d’homicide volontaire et de mauvais traitements et le crime contre l’humanité d’extermination.

Les autorités israéliennes ont commis ces actes tout en durcissant le blocus de la bande de Gaza, empêchant ainsi les hôpitaux de recevoir du carburant, de la nourriture, de l’eau, des médicaments et des équipements médicaux, tout en réduisant considérablement les autorisations accordées aux patients de quitter le territoire pour recevoir un traitement médical. La Commission estime que ces mesures ont été prises à titre de punition collective contre les Palestiniens de Gaza et qu’elles s’inscrivent dans le cadre de l’attaque israélienne en cours contre le peuple palestinien, qui a débuté le 7 octobre.

Je pense qu’il n’y a là rien que vous ne sachiez déjà. Mais le fait de voir tout cela exposé de manière claire, par une commission des Nations unies qui a vérifié l’information, rend les choses beaucoup plus difficiles à ignorer pour la classe politique.

Je n’arrive tout simplement pas à concevoir, à titre personnel, que des hommes politiques puissent approuver, soutenir et, en fait, participer à ce que fait Israël. Cela me dépasse.

Chaque fois que je crains un fléchissement de l’intérêt du public et que celui-ci ne s’habitue plus au génocide, les Israéliens se débrouillent pour commettre des actes encore plus scandaleux. Heureusement, les réseaux sociaux rendent ces actes extrêmement difficiles à occulter.

La classe politique ne freinera jamais Israël au nom de l’empathie pour la souffrance ou d’un quelconque sens du devoir moral. Cependant, elle pourrait bien commencer à le faire par souci d’autopréservation.

Traduction : Spirit of Free Speech

Image en vedette : Capture d’écran. Hôpital Al Shifa, avril 2024 © Dawoud Abu Alkas


- Source : Craig Murray

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...