Partout en Europe, la colère gagne du terrain chez les agriculteurs
En Roumanie, en Allemagne, en Pologne ou en France, le monde paysan se mobilise un peu partout contre le "Green Deal" européen, notamment, et la hausse des taxes. Les manifestations se multiplient ces dernières semaines.
En France, la manifestation la plus spectaculaire a eu lieu samedi à 40 kilomètres au sud de Toulouse. Plusieurs centaines d'agriculteurs ont barricadé les deux voies de l'autoroute A64 avec des bottes de foin et des tracteurs. L'objectif est d'alerter le gouvernement sur les difficultés d'un secteur en crise.
Voilà déjà "vingt, voire quarante ans" que le monde agricole souffre, peste un manifestant. Il blâme également le président Emmanuel Macron pour ne pas avoir dit "un mot sur l'agriculture" lors de son dernier discours-fleuve.
"Actions coup de poing"
Pour se faire entendre, les paysans misent sur des "actions coups de poing" et la grogne commence à résonner dans toute l'Europe.
En Roumanie, le ras-le-bol s'exprime depuis dix jours. Des dizaines de camions en provenance d'Ukraine ont été bloqués à la frontière. Les agriculteurs roumains estiment que les importations de céréales depuis le pays voisin tirent les prix vers le bas.
"Avez-vous une idée du nombre de pertes que les agriculteurs roumains ont subies depuis la signature de l'accord avec l'Ukraine? Le prix de nos céréales a baissé de 25%", a expliqué l'un d'eux au micro du 19h30.
Des taxes et normes trop strictes
Hausse des charges, retards de paiements des subventions, sentiment d'être écrasés par des normes nationales ou européennes, le tout sur fond d'inflation: les motifs de colère sont multiples.
Les critiques portent aussi sur le "Green Deal" européen, qui doit mener les Vingt-Sept à la neutralité carbone en 2050. Partout sur le continent, les partis d'extrême droite se font désormais les porte-parole d’une agriculture que ce pacte européen mettrait en péril.
En France, le gouvernement s'inquiète que le mouvement fasse tache d'huile un mois avant l'ouverture du Salon de l'agriculture (du 24 février au 3 mars à Paris) et à l'approche des élections européennes.
Pour désamorcer la situation, le Premier ministre Gabriel Attal et plusieurs membres du gouvernement sont allés ce samedi à la rencontre du monde paysan. Le nouveau chef du gouvernement a notamment promis de "faciliter la vie" des agriculteurs en réduisant les "paperasseries".
- Source : RTS (Suisse)