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Gaza : Human Rights Watch accuse l'armée israélienne d'utiliser du phosphore blanc, une arme incendiaire

Auteur : Marianne | Editeur : Walt | Dimanche, 15 Oct. 2023 - 16h53

Selon l'ONG Human Right Watch, l'armée israélienne a utilisé des bombes au phosphore blanc au-dessus de Gaza et au Liban, dans le cadre de la guerre contre le Hamas. L'usage de ces munitions, pouvant être considérés comme incendiaires mais pas chimiques, est critiqué par les organisations de défense des droits de l'Homme.

La guerre se poursuit entre Israël et le Hamas, le groupe islamiste palestinien responsable d'une sanglante attaque terroriste le 7 octobre dernier. En Israël, plus de 1 200 personnes ont été tuées, parmi lesquelles environ 900 civils et 245 soldats selon les autorités. Côté palestinien, le bilan des bombardements s'est alourdi à 1 537 morts, dont 500 enfants, d'après les autorités de Gaza.

Sur les réseaux sociaux, l'armée israélienne est accusée d'utiliser du phosphore blanc lors des combats contre le Hamas, qui continue à tirer des roquettes vers Israël. De nombreuses vidéos, parfois trompeuses parce que tournées dans d'autres pays, circulent à ce sujet sur Internet. En 2014, Israël avait renoncé à l'utilisation de ce type d'armes, après les condamnations internationales de son opération de décembre 2008-janvier 2009 dans la bande de Gaza.

L'usage de phosphore blanc a toutefois été rapporté, ce mercredi 11 octobre, par l'ONG indépendante Human Right Watch. Affirmant se fonder « sur la base de vidéos vérifiées et de témoignages », HRW atteste « de multiples explosions de phosphore blanc provenant de tirs d’artillerie au-dessus du port de la ville de Gaza et de deux zones rurales le long de la frontière israélo-libanaise ». Selon l'analyse de l'ONG, « l'utilisation du phosphore blanc dans les zones densément peuplées de Gaza viole l'exigence du droit international humanitaire selon laquelle les parties au conflit doivent prendre toutes les précautions possibles pour éviter des blessures civiles et des pertes en vies humaines ».

STATUT COMPLEXE

L'usage du phosphore blanc, qui s'enflamme au contact de l'oxygène, est décrié. Sur le plan militaire, il peut servir d'écran de fumée pour masquer des mouvements de troupes, éclairer le champ de bataille ou encore ravager par l'incendie des infrastructures. Mais, quand il touche des civils, il peut provoquer des brûlures très graves, parfois jusqu'aux os, pouvant s'infecter et être mortelles. Le statut juridique du phosphore blanc, dont disposent de nombreuses armées dans le monde, est complexe. Ce ne sont pas des armes chimiques, dont l'usage est strictement interdit par une convention, la CIAC, entrée en vigueur en 1997.

Mais elles peuvent entrer dans la catégorie des armes incendiaires, dont l'usage est réglementé par le protocole III de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), qui en restreint l'usage sans les interdire complètement. Un protocole dont Israël n'est pas signataire de ce protocole. Selon ce texte, décrypté par l'AFP l'année dernière dans le cadre de la guerre en Ukraine, les armes incendiaires sont interdites contre des cibles militaires lorsqu’elles sont proches de populations civiles. Mais cela ne concerne pas le phosphore blanc s'il est utilisé pour ses propriétés fumigènes ou bien éclairantes.

Pour Human Right Watch, ce protocole est lacunaire parce qu'il ne restreint « pas totalement l’utilisation d’armes incendiaires lancées depuis le sol dans des zones où se trouvent de nombreux civils » et qu'il « crée une incertitude quant aux munitions polyvalentes, telles que celles contenant du phosphore blanc utilisé comme écran de fumée, même si ces armes provoquent le même effet incendiaire ».

DES USAGES RÉCENTS ET CRITIQUÉS

En novembre 2004, l'armée américaine avait utilisé des bombes au phosphore blanc durant une offensive sur Falloujah en novembre 2004 malgré la présence de nombreux civils dans cette ville irakienne, soupçonnée de servir de base arrière à des groupes terroristes. Le chef d'état-major américain Peter Pace avait, après coup, jugé « légitime » l'usage de bombes à phosphore blanc contre des insurgés en Irak.

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De son côté, l'armée russe a été aussi pointée du doigt en mars 2018 par l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) d'avoir utilisé des bombes incendiaires en Syrie lors de l'offensive du régime de Bachar al-Assad, contre un bastion rebelle de la Ghouta orientale près de Damas. Moscou avait démenti. Les autorités ukrainiennes ont également dénoncé les forces russes pour des attaques de ce type en mars 2022. L'Arménie et l'Azerbaïdjan se sont également accusés mutuellement d'avoir bombardé des zones civiles ou employé des armes prohibées contenant du phosphore lors des combats au Nagorny Karabakh en 2020.


- Source : Marianne

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