Le Wilhelm Furtwängler de la pensée militaire

Interview du colonel Douglas MacGregor avec Godfrey Bloom.

« L’histoire se souviendra de la sagesse de Sourovikine. Et Odessa est désormais sur le menu du soir. »

Le 12 mai 2023, le colonel Douglas MacGregor, le Wilhelm Furtwängler de la pensée militaire, s’est entretenu avec Godfrey Bloom sur la chaîne YT de ce dernier. Ancien officier de l’Armée territoriale, studieux d’histoire militaire, l’ex-MPE Bloom est actuellement consultant financier à l’instar d’ailleurs du fils du colonel.

Au fil de l’entretien – master class en matière de pensée stratégique – le colonel avance des idées que certains diront controversées, mais qui reposent sur un socle de connaissance, une indépendance de jugement tels, que tout homme de bonne volonté doit souhaiter le voir présider la destinée des États-Unis.

Le lecteur anglophone se délectera des 45 minutes de cet entretien qui est tout à la fois enchantement pour l’intellect et sévère avertissement aux Genghis Khan au petit pied du camp occidental.

Afin d’en faire profiter ceux qui ne maîtrisent pas la langue, ci-dessous un résumé de certains des éléments que met en avant le colonel. NB : Ce qui suit sont des paraphrases et non des citations.

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À 2 mins. 47 sec. L’histoire se souviendra de la sagesse du général Sourovikine qui dès l’automne 2022 a choisi la défense du Sud de l’Ukraine plutôt que de tenter d’aléatoires gains de territoire, alors qu’à l’état-major russe on privilégiait l’attaque. Résistant aux pressions de son état-major, Sourovikine a d’abord défini les lignes de défense puis la construction d’une masse de troupes de réserve. C’est en laissant toutes les routes ouvertes autour d’Artemiovsk (Bakhmout) qu’il a assuré l’épuisement de l’opposant.

Ainsi Artemiovsk a rempli son rôle historique.

Inutile de stigmatiser le commandement russe pour n’avoir pas monté la Grande Offensive cet hiver, car il n’y a jamais eu 15 jours consécutifs de gel. En ce moment le terrain n’est pas une flaque mais un océan de boue. La Russie attend la fin des pluies.

À 6 mins 49 sec. La tournée de Zelensky en Europe est celle du désespoir. De la part de Washington vient le message suivant « De deux choses l’une : soit vous lancez l’offensive maintenant, soit vous rédigez les termes de la reddition ». À ce moment là, son régime sera lâché par Washington.

À 7 mins : La supériorité de l’ISR (intelligence-surveillance-reconnaissance) russe est écrasante. Les Ukro-otaniens n’ont plus de défense aérienne. Il leur est impossible désormais d’avancer sans être détruit.

À 8 mins 08 sec : Des hurlements se faisaient entendre en Russie lorsque cela s’est su que les ponts sur le Dniépr n’avaient pas été démolis par les forces russes. En effet les profanes pensaient qu’il fallait piéger les Ukro-otaniens sur la rive oriental du fleuve puis les annihiler. Erreur ! L’excellent pont à Dniépropetrovsk par exemple, supportera le poids de véhicules et d’équipements russes très lourds !

Le 11 mai, fait d’importance capitale si l’on veut comprendre où l’on va, la Russie a démoli dans un barrage de missiles les ponts entre la Moldavie et l’Ukraine. Or, la frontière roumano-ukrainienne est constitué de terrains impraticables par une masse de troupes en mouvement. Il leur faut partir de la Moldavie du Sud et traverser ce qu’était jusque ici un pont majeur faisant lien vers Odessa. Ce pont est désormais détruit. La Russie vient donc de rayer l’option que caressait l’OTAN : déplacer des forces terrestres conséquentes à travers la Roumanie et la Moldavie vers l’Ukraine du Sud et Odessa.

En ce moment même, les USA ont des militaires déployés en Moldavie, en train d’analyser le terrain, les routes, les ponts… désormais c’est peine perdue.

Sur le menu du soir : certainement, Odessa. Kharkov et Odessa sont historiquement des villes russes, point à la ligne.

Par ailleurs, une masse de troupes ukrainiennes a été détectée près d’Odessa avec 14 chars Léopard, puis pris sous des feus nourris de la part russe. À mon avis, il s’agit de la dernière étape avant la Grande Offensive russe. Elle ira vers le Nord en direction de Dniépropetrovsk, traversera le fleuve Dniépr puis vers le Sud en direction d’Odessa. Nous verrons sans doute du mouvement dans le centre à travers Artemiovsk, et plus au Nord et à l’Est en direction de Kharkov.

N’oublions pas que 300 000 troupes russes patientent dans le Sud, avec 200 000 réservistes derrière sans même parler des 150 000 troupes en Byélorussie.

11 min 23 secs La Russie a commencé à s’intéresser au complexe ISR dans les années ‘70 et l’a perfectionné depuis. Face à cela, l’OTAN pourra rempiler tout ce qu’elle voudra en termes d’équipements, de munitions etc. : cela ne comptera pour rien.

L’Ukraine est un échiquier d’un jeu d’échecs. Tout est ciblé, rien ne peut être caché. Lorsque tout est ciblé, tout pourra être détruit.

14 mins. Une fois les objectifs immédiats atteints, la Russie attendra voir les propositions occidentales – avant d’aller jusqu’à la frontière polonaise. Alors qu’il y a 40 000 militaires US en Pologne, le chef d’état major polonais vient d’avertir son pays : croiser le fer avec la Russie relèverait d’une erreur de calcul immense, et l’armée russe est tout sauf incompétente.

19 mins. Les troupes russes ne s’avanceront à aucun moment en-dehors de leur couverture ISR. L’état-major russe ne tombera pas dans ce piège, et ne mettra pas des vies de soldats russes en danger inutilement. Tout ce qu’ils font est lent, pondéré et délibéré.

À 29 mins, Godfrey Bloom commente que la pensée non-conforme sur tout sujet majeur – les vaccins, la Covidémence, la prétendue urgence climatique, et maintenant l’Ukraine, est strictement réprimée en Angleterre. Nos militaires, très provocateurs vis à vis de la Russie et maintenant de la Chine, semblent animés par une pulsion de mort.

Ce à quoi le colonel répond : Sous Georges III au moment de la Révolution américaine, maints intellectuels, écrivains, parlementaires anglais soutenaient George Washington contre la Couronne ! Contrairement à ce que nous vivons actuellement, ils ne furent ni arrêtés, ni réprimés, ni censurés.

La Russie n’est pas ce monstre totalitaire que l’on nous présente. Si la neutralité ukrainienne et son désarmement sont non-négociables pour la Russie, celle-ci n’a pas la moindre intention d’envahir l’Europe occidentale, faute de quoi elle aurait déjà déployé une toute autre politique militaire.

En Europe occidentale, ce sont les idéologues prônant la Technologie dite Verte qui mènent le continent à sa perte. Il faut du combustible, il faut de l’industrie lourde. Quant aux USA, que l’on arrête de nous raconter que le problème serait la Chine. Ce sont les élites mêmes des USA qui se sont enrichis en liquidant l’industrie américaine pour la vendre à la Chine.