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Les opposants à la corrida devront protester loin des arènes

Auteur : 11 | Editeur : Admin | Vendredi, 25 Janv. 2013 - 18h04

Le quotidien Sud-Ouest annonce des directives ministérielles aux préfets pour soutenir les arrêtés municipaux interdisant les manifestations anticorrida à proximité des arènes.

André Viard, le président de l’association tauromachique intitulée Observatoire National des Cultures Taurines reprend l’info sur son site (voir l'édito du 23 janvier 2013).

Après l’inscription à l’inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel français, après la décision de connivence du Conseil constitutionnel, voici à présent qu’on veut tenir à distance les opposants à la corrida.

Un comble, alors même que la loi du 24 avril 1951, qui autorise la corrida dans le sud de la France, n’avait fait qu’inscrire dans le droit une malencontreuse tolérance administrative envers une pratique illégale au regard de la loi du 2 juillet 1850, dite loi Grammont. Rappelons, pour nous en tenir à la fin du XIXe siècle, que cette pratique a tenu tête aux circulaires ministérielles interdisant la corrida durant les années 1880 et 1890, à l’intervention de la maréchaussée et de l'armée en 1895, avec expulsions de toreros, ou aux arrêts de la Cour de Cassation (février 1895, octobre 1895, novembre 1899).

Faudra-t-il acheter des billets pour entrer dans les arènes et y manifester sa désapprobation, comme la militante Marie Huot à l’Hippodrome de l'Alma en janvier 1887, comme le Dr Philippe Maréchal à Deuil en juin 1900, ou comme la présidente de la SPA Camille du Gast à Melun en mai 1930, et tous ceux qui les accompagnaient ?

L’argument de « l’ordre public » n’est évidemment qu’un prétexte cautionné par le ministre de l’Intérieur, qui ne fait pas mystère de sa passion tauromachique. Il s'agit de démotiver les opposants, et d'assurer la tranquillité des amateurs de spectacles sanglants.

Nous avertissions il y a un an : « Il est clair que M Valls n'abandonnera pas son militantisme taurin lorsque M Hollande lui aura confié un portefeuille. Il serait donc souhaitable de mettre la pression sur le candidat du Parti Socialiste afin d'obtenir l'assurance explicite qu'aucune manigance pro-tauromachique ne sera opérée au sein de son éventuel futur gouvernement.  »

Manuel Valls, que le Nouvel Obs qualifiait de « vice-président » en octobre dernier, est un ministre au parcours particulier.

Depuis des années, son utilisation des médias, et ses propos ou ses initiatives prenant volontiers le contre-pied des positions communes du PS, ont suscité une irritation croissante parmi maints cadres du parti socialiste. Au point que Mme Aubry lui adressa en juillet 2009 une lettre ouverte où elle précisait notamment : « On ne peut utiliser un Parti pour obtenir des mandats et des succès, en s'appuyant sur la force et la légitimité d'une organisation collective, et s'en affranchir pour exister dans les médias à des fins de promotion personnelle. On n'appartient pas à un Parti pour s'en servir mais pour le servir. »

Lors des primaires socialistes en octobre 2011, il s'était retrouvé dernier des candidats PS, avec 5,6 % des suffrages. Les militants et les sympathisants le jugeaient notamment trop à droite sur le plan économique.

Ceci n'empêcha pas François Hollande, une fois adoubé candidat PS, de lui confier le poste stratégique de directeur de la communication pour sa campagne présidentielle, puis, une fois élu, de lui confier le porte-feuille de l'Intérieur, vu l'intérêt de l'ancien député-maire d'Évry pour les questions de sécurité.

A présent qu'il est Ministre de l'Intérieur, Manuel Valls est plus que jamais à la une des médias. C'est le lot de tous les locataires de la place Beauvau, qui ont à prendre position sur des problèmes sociaux souvent polémiques.

Mais il continue à se singulariser du PS et du gouvernement par certaines de ses positions ou de ses actions.

A telle enseigne que nombre d'éditorialistes disent de lui qu'il est plus attentif aux sondages qu'à l'approbation de ses pairs, car il lorgnerait Matignon, voire à terme l'Élysée.

Manuel Valls affiche sa passion pour la corrida. Une passion, ça ne se commande sans doute pas. Fils d’un peintre catalan qui avait choisi de vivre à Paris, il n’acquerra la nationalité française qu’à 20 ans, et rattache la corrida à sa culture familiale.

Et non seulement il ne rate pas une occasion de la défendre en récitant l'inlassable argumentaire du respect des traditions et des cultures, mais il porte cette passion personnelle sur le plan politique, puisqu'il était durant la dernière législature vice-président du Groupe tauromachie à l'Assemblée nationale, groupe chargé de la défense des intérêts du mundillo, le petit monde la corrida en France.

Le jour même de l’audience du Conseil Constitutionnel sur la QPC de l’exception corrida, en septembre 2012, le ministre de l’Intérieur proclamait publiquement son soutien à la persistance de la corrida.

Mais le summum avait été atteint quelques jours plus tard, alors-même que la QPC était en délibéré, lors d’un déjeuner de presse le à la Préfecture de Nîmes, « interrogé sur l'avenir de la tauromachie, Manuel Valls a […] murmuré que plusieurs membres du gouvernement étaient aficionados et ajouté à demi-mot : "On a une capacité à bloquer tout projet éventuel." » (Le Midi Libre, 18/09/12)

Avoir de l’assurance, c’est sans doute une qualité pour un homme politique, mais lorsqu’elle le conduit à tout se permettre, ça devient inquiétant.

Sous M Sarkozy, c'est avec la complicité du directeur général du patrimoines que la corrida avait été inscrite à l'inventaire du patrimoine immatériel début 2011.

Sous M Hollande, on voit que les conflits d'intérêts continuent à influencer les décisions, qui plus est au ministère de l'Intérieur.

Dommage pour la démocratie…


- Source : 11

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