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Traité de Libre Echange : Le coup de grâce pour les Colombiens

Auteur : rebelion.org traduit par Le Grand Soir | Editeur : Stanislas | Mardi, 10 Sept. 2013 - 16h19

Les manifestations massives qui se déroulent depuis quelques semaines dans les villes de Colombie sont liées à la situation d’abandon et de faim dont souffre la population de ce pays à la suite de la signature, en 2012, d’un Traité de Libre Echange (TLE) avec les Etats-Unis.

Pratiquement aucun recoin de ce pays andin n’a été à l’abri des effets désastreux produits par ce TLE. Cet accord couronne l’œuvre entreprise par les gouvernements antérieurs afin de porter à leurs ultimes conséquences le système néolibéral et de privatisation impulsés par Washington, la Banque Mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI).

Le peu de temps passé depuis sa signature a donné raison aux analystes qui prédisaient qu’avec l’entrée en vigueur du Traité - le 15 mai 2012- , la fuite des capitaux s’accélérerait, ainsi que la destruction de l’environnement, les privatisations de services essentiels comme l’enseignement, l’au, l’électricité et la santé. Les inégalités et le travail précaire ont augmenté tandis que la production alimentaire s’est réduite avec l’entrée de produits subsidiés provenant des Etats-Unis. On assiste, enfin, à une perte de souveraineté économique et politique du pays.

Grève Nationale Agraire et Populaire

Les grèves, les manifestations et les blocages de routes actuels dépassent en ampleur la mobilisation des mois de février et mars derniers et se sont caractérisées par leur massivité et combativité. Elles sont menées à bien des paysans, des producteurs agraires et des secteurs solidaires comme la santé, les transports et l’enseignement.

Dans plus de 25 départements, des petits producteurs de pommes de terre, de lait, de café, d’oignons et d’autres produits, ont cessé leurs activités et manifestent contre les dégâts provoqués par le TLE, la remise de vastes surfaces de terres aux multinationales minières et le peu d’aides reçues du gouvernement pour tenter pallier aux dommages. Parmi les régions où la mobilisation est la plus intense figurent Boyacá, Nariño, Catatumbo Cundinamarca, Antioquia, Valle del Cauca, Santander, Norte de Santander, sud de Bolívar, Casanare, Arauca, Meta, Caquetá, Putumayo, Cauca, Nariño, Huila et Tolima.

Mais le gouvernement « démocratique » de Santos a répondu aux revendications de la même manière que son prédécesseur Álvaro Uribe, autrement dit par la militarisation des principales voies terrestres et par la répression policière et militaire contre les participants aux mobilisations.

Quelques jours avant la grève, les autorités avaient lancé une puissante campagne destinée à terroriser la population. Elles ont annoncé à travers tous les médias qu’elles mèneraient à bien une « opération implacable » avec l’armée et la police pour contrecarrer les « émeutiers ». Ces menaces ont été effectivement appliquées puisqu’on a utilisé contre les participants tous les types d’armes et de gaz lacrymogènes, ainsi que l’arrestation de dirigeants et de manifestants.

Il n’est pas moins exact non plus que la répression, le peu d’informations diffusées dans le pays sur les protestations et l’interdiction faite aux manifestants (de la part de l’armée) de se déplacer d’un département à un autre pour coordonner les actions, sont parvenues par la force des choses à maintenir sous contrôle l’extension de cette lutte.

TLE : Cheval de Troie de l’impérialisme

Les efforts destinés à conclure ce pacte néolibéral ont commencé avec le gouvernement précédent d’Álvaro Uribe, qui avait fait de son adoption une véritable obsession politique, obsession qui fut poursuivie par l’actuel président Juan Manuel Santos.

Dès son adoption, les 1.531 pages (ainsi que de nombreux appendices) du TLE signé par Washington et Bogota ont pris force de loi garantie par une série de règles internationales. En conséquence, aucun organisme de l’Etat colombien n’a le droit d’approuver quoi que ce soit qui contredise ce texte. Seuls les tout-puissants Etats-Unis peuvent réaliser des modifications, et toujours en leur faveur.

Ainsi, en signant le premier chapitre sur la propriété intellectuelle, la Colombie s’est engagée à respecter quatre autres accords internationaux qui favorisent la pénétration et la liberté de mouvement des multinationales étasuniennes dans le pays, sans devoir rendre des compte face à des plaintes pour causes environnementales, pour des suppressions d’emploi ou pour des violations des droits humains.

Comme résultat, on a assisté à une invasion de capitaux étrangers dans tous les secteurs de l’économie et de la société : entreprises, banques, mines, électricité, téléphonie, santé, alimentation, éducation, environnement (flore, faune, eaux). Après la mise en vigueur du Traité, du fait des avantages qu’il octroi aux grandes compagnies étrangères, il y a eu une augmentation effrénée des importations et une réduction des investissements et des productions nationales. Le gouvernement importe de grandes quantités de viande, de poulets, de lait, d’oignons, de café, de riz et de maïs. Les marchés se sont remplis de marchandises à bon marché provenant de l’étranger, ce qui entraîne la ruine des paysans, des mineurs, des camionneurs et de petits entrepreneurs.

Au milieu du mois de juillet dernier, un rapport officiel précisait qu’au cours de ces dernières années on a privatisé la Banque Populaire et le Colpatria, presque toutes les grandes et moyennes industries étatiques, les compagnies d’électricité de Boyacán, Pereira, Cundinamarca, Santander, Norte de Santander, Meta et Termocandelaria ; les mines et l’immobilier, les services d’eau potable, la gestion des égoûts, la santé, les assurances et l’enseignement.

On a également vendu à des prix dérisoires de vastes étendues de terrains pour l’extraction des minéraux et pour la construction de centrales hydroélectriques, avec tous les dommages qui en découlent pour les populations originaires et pour l’environnement.

Sage fut la décision prise par plusieurs gouvernements latino-américains de s’opposer, au cours du IIIe Sommet des Amériques de 2005 en Argentine, à la Zone de Libre Echange des Amériques (ZLEA) qui était impulsée par les Etats-Unis. Cependant, ce projet est appliqué bilatéralement avec la néfaste approbation de Traités de Libre Echange par le Chili, la Colombie, le Pérou et d’autres gouvernements. Ceux qui en sortent perdants, ce sont les peuples qui se dressent aujourd’hui pour leurs revendications.


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