La France, vice-championne du monde de la censure sur Facebook
Un site américain a compilé toutes les demandes de retrait de contenus adressées à Google et aux réseaux sociaux. La France se classe 2e pour les requêtes auprès de Facebook.
Un site américain a compilé les demandes de suppression de contenus effectuées par la France auprès de Facebook.
Le titre sur le site de Comparitech se veut quelque peu provocateur : « Which government censors the tech giants the most? » (Quel gouvernement censure le plus les géants de l'Internet? »).
Derrière cette question sulfureuse se cache la compilation de 10 ans de données publiques sur les demandes de retraits de contenus effectuées par l'administration ou la justice d'une vingtaine de pays les plus connectés à Internet.
À l'exception notable de la Chine, noyée dans ce top 20, qui fonctionne de toute façon en vase clos avec ses propres moteurs de recherche ou ses réseaux sociaux.
La France fait partie du peloton largement en tête des pays qui ont le plus demandé le retrait de contenus auprès de Facebook, Google, Microsoft, Twitter ou encore Wikimedia, l'éditeur de Wikipedia.
Demandes de retrait de contenu par pays depuis 2009, tous sites confondus
Source: Comparitech
Attention, cela ne veut pas dire que les demandes ont été acceptées mais qu'elles ont été officiellement formulées.
Selon les données regroupées par Comparitech, le gouvernement français et ses instances ont procédé à 49 971 demandes de retrait de contenus toutes plateformes confondues. Soit le 4e pays le plus actif derrière l'Inde (77 620), la Russie (77 162) ou la Turquie (63 585).
Si la Turquie se distingue pour ses demandes auprès de Twitter et la Russie auprès de Google, la France sort du lot en ayant multiplié les demandes de suppressions de posts et commentaires sur Facebook : 42 989 requêtes officielles de juillet 2013 à décembre 2018.
Soit le deuxième pays le plus actif loin derrière l'Inde et ses 70 815 demandes mais aussi largement devant le troisième, le Mexique avec 24 872 requêtes.
A noter que les Etats-Unis n'apparaissent ni dans l'étude, ni dans la base de données mis en ligne par Facebook.
Demandes de retrait de contenu par site depuis 2009
Source: Comparitech
Il faut pourtant pondérer ces chiffres alarmants pour la liberté d'expression.
« La plupart des demandes sur cette période concernent des images des corps des victimes des attentats de 2015 postées sur Facebook. Il y a eu une requête pour chaque image », explique Paul Bischoff, l'auteur de l'article qui a décortiqué les données mises en ligne par le géant américain.
Entre juillet et décembre 2015, Facebook a enregistré 37 700 demandes légales de suppression de contenus. À titre de comparaison, 224 demandes de restrictions de contenus ont été transmises lors du dernier semestre de 2018.
Evolution des demandes de suppression de contenus
Source: Facebook Transparency
Elles ont été faites à l'époque par l'Office Central de Lutte contre la Criminalité liée aux Technologies de l'Information et de la Communication (OCLCTIC). Elles concernent les contenus qui n'ont pas été balayés par les algorithmes ou les modérateurs de Facebook.
Contacté par Le Parisien, le groupe de Mark Zuckerberg assure : « nous répondons aux demandes gouvernementales concernant les données conformément aux lois en vigueur et à nos Conditions de service. Chaque demande que nous recevons fait l'objet d'un examen minutieux afin de déterminer si elle est suffisante sur le plan juridique ».
Les différentes plateformes ne se battent pas pour commenter ces chiffres et nous renvoient vers leur rapport annuel sur la transparence de leurs activités.
Photo d'illustration: AFP/Lionel BONAVENTURE
- Source : Le Parisien