Les médias alimentent la propagande de guerre contre l’Iran…
…en élaborant des renseignements mensongers
L’administration Trump a lancé une campagne de propagande pour préparer le public à une guerre contre l’Iran. La campagne est semblable à celle menée par l’administration Bush en 2002 et 2003 pour préparer la guerre en Irak.
Des responsables anonymes font des affirmations à propos de prétendus « renseignements » censés prouver des « menaces iraniennes » contre les « intérêts » des États-Unis. L’Iran, dit-on, a tel ou tel motif malfaisant pour le faire. Les rotations militaires de routine au Moyen-Orient sont ensuite déclarées être faites « en réponse » aux « menaces » alléguées.
Les médias, soit roulés dans la farine par l’administration, soit complices consentants, répètent chaque miette qui leur est lancée sans la moindre hésitation. Les lobbyistes anti-iraniens sont présentés comme des experts pour réinterpréter le message.
Voici quelques exemples des méthodes ci-dessus.
La réunion a eu lieu à 7 heures, lundi 29 avril, avec la directrice de la CIA, Gina Haspel, le secrétaire à la Défense par intérim, Patrick Shanahan, le président du Comité des chefs d’état-major, le général Joe Dunford, le secrétaire d’État Mike Pompeo, et le directeur du Renseignement national, Dan Coats, ont déclaré des responsables.
Les réunions sur la sécurité nationale ont généralement lieu dans la salle de réunion de la Maison-Blanche. Les six responsables actuels, ainsi que de nombreux autres anciens, ont déclaré qu’il était extrêmement rare que de hauts responsables de la Maison-Blanche ou des membres du Cabinet assistent à une réunion au siège de la CIA. …
Les États-Unis ont une capacité de collecte de renseignements très spécifique sur l’Iran qui ne peut être examinée qu’au siège de la CIA, ont déclaré deux anciens officiels.
Il est fort probable que la « capacité de collecte de renseignements très spécifique sur l’Iran », qui ne peut être examinée qu’au siège de la CIA, soit la même que la « capacité de collecte de renseignements très spécifique sur l’Irak » utilisée par les autorités pour faire la guerre à ce dernier pays. En 2002, Dick Cheney, alors vice-président, s’est rendu à plusieurs reprises à la CIA pour faire pression sur ses analystes afin qu’ils obtiennent des informations qui « prouveraient » que l’Irak faisait quelque chose de néfaste et avait de mauvaises intentions.
Moon of Alabama a consulté ses propres sources sur les « capacités de renseignement spécifiques ». On nous a dit qu’un registre très rare, dont un exemplaire est conservé dans le coffre-fort personnel des administrateurs de la CIA, représente cette capacité. Six fonctionnaires ont confirmé l’existence du registre. Plusieurs anciens responsables et un responsable militaire ont déclaré que ce registre, extrêmement rare, contient mille et un « récits » à la base du renseignement brut à partir duquel les analystes de la CIA tirent leurs conclusions.
[Cette capacité spécifique ne peut être utilisée que la nuit. Un seul récit peut être extrait par nuit. Ces données brutes sont ensuite immédiatement traitées, car la lumière du soleil est supposée témoigner de sa véracité. Cela peut expliquer la réunion matinale mentionnée dans le rapport de NBC News.
Un ancien analyste de la CIA impliqué dans la fabrication de renseignements sur l’Irak en 2002 a révélé que l’un des récits du registre mentionnait des tubes métalliques spéciaux, tandis qu’un autre racontait un processus biologique effectué à l’arrière d’un wagon. L’ancien analyste de la CIA a déclaré que bon nombre des conclusions tirées du livre s’avéraient correctes, mais que, malheureusement, les conclusions tirées de ces deux récits se sont révélées fausses par la suite. ??, NdT].
Les opérations de la CIA en Iran sont dirigées par Mike D’Andrea, également connu sous le nom de fossoyeur de la CIA pour son rôle prédominant dans ce qu’on appelle les « exécutions extra judiciaires » et le programme de torture de la CIA. Il a joué un rôle dans l’activation de l’incident du 11 septembre :
Il était l’un des responsables de l’agence qui n’avait pas réussi à pister Nawaf Al-Hamzi, l’un des pirates de l’air du 11 septembre, après son entrée aux États-Unis. Comme Jane Mayer du New Yorker l’a écrit dans son livre The Dark Side, la CIA savait que Al-Hamzi était aux États-Unis. Un officier du FBI, Doug Miller, attaché à l’unité de repérage de l’organisation d’Oussama Ben Laden, a rédigé un mémorandum sur Hamzi, dans l’espoir de partager cette information avec le FBI afin qu’il puisse localiser le terroriste présumé. « Mais son patron, un responsable de la CIA de l’unité chargée de Ben Laden au Centre de lutte contre le terrorisme, identifié par la commission du 11 septembre uniquement comme ‘Mike’, a dit à Miller de ne pas envoyer la note de service », écrit Mayer. « Après une deuxième tentative, Miller a mis un terme à l’affaire. » Trois heures après que « Mike » a donné cet ordre, il a dit inexplicablement à ses supérieurs de la CIA que le tuyau avait en fait été transmis au FBI. « La CIA a supposé que c’était le cas », ajoute Mayer. « Mais ça ne l’était pas ».
L’un des auteurs de l’histoire de NBC News est Ken Dilania, la serpillière de la CIA, réputé pour donner ses reportages à réviser par la CIA avant publication.
Le public des États-Unis doit certainement faire confiance à ces personnes et à toutes les absurdités qu’elles racontent.
Comme en 2002, c’est le New York Times qui joue un rôle prédominant dans la campagne de propagande actuelle :
Le Pentagone déploiera une batterie antimissile Patriot au Moyen-Orient pour renforcer les défenses contre les menaces iraniennes, dans le cadre d’une série de déploiements soigneusement calibrés destinés à décourager les attaques par les forces iraniennes ou leurs mandataires, ont annoncé vendredi des responsables du Pentagone. …
Ces nouvelles étapes sont censées être mesurées et limitées, en partie parce qu’une nouvelle analyse des services de renseignement américains et alliés a conclu que le gouvernement iranien, dont la popularité faiblit suite aux malheurs économiques, tente de provoquer les États-Unis dans une réaction militaire exagérée pour consolider son emprise sur le pouvoir, selon des responsables américains et alliés du renseignement.
Cela manque évidemment de logique. Si l’Iran voulait vraiment « provoquer les États-Unis dans une réaction militaire excessive », envoyer davantage de capacités militaires dans la région du golfe Persique ne ferait que montrer que les États-Unis sont exactement en train de faire cela.
Le NYT publie également un éditorial grossier d’Ariana Tabatabai, une soi-disant politicologue résidant dans une fosse septique du Pentagone :
L’Iran a annoncé qu’il conserverait son excédent d’uranium enrichi et d’eau lourde PARCE QUE LES ÉTATS-UNIS SANCTIONNENT MAINTENANT TOUTE EXPORTATION DE CES PRODUITS, pas parce que Rouhani veut « envoyer un signal ».
Nicholas Wadhams @nwadhams – 17h41 utc – 3 mai 2019
Les États-Unis révoquent deux séries de dérogations qui ont permis à l’Iran d’expédier à Oman un excédent d’eau lourde et de troquer de l’uranium enrichi en échange de yellowcake.
Nulle part ces sanctions spécifiques ne sont mentionnées dans l’éditorial de l’expert, ni dans les reportages originaux du NYT sur les récentes démarches de l’Iran. Le NYT et les autres médias évitent systématiquement de mentionner que ces sanctions sont à l’origine des démarches de l’Iran, puis interprètent et attribuent à l’Iran des « motivations » pour lesquelles ils ne disposent d’aucune preuve ou base factuelle logique.
Il est par ailleurs impossible d’utiliser de l’eau lourde « pour la construction d’armes nucléaires ». L’eau lourde est un modérateur de réaction dans certains types de réacteurs nucléaires. La nef centrale du seul réacteur de ce type construit par l’Iran mais jamais exploitée a été détruite. En construire une nouvelle prendrait des années. L’Iran continue de produire de l’eau lourde parce qu’il dispose des installations nécessaires et qu’il s’agit d’un produit précieux. Mais une telle connaissance de base semble dépasser les capacités du politologue.
Les États-Unis effectuent une rotation de certaines de leurs forces militaires au Moyen-Orient, comme il l’ont fait continuellement depuis au moins 2001. Une arrivée de porte-avions dans la région a été annoncée en avril. En septembre, quatre batteries Patriot ont été retirées du Moyen-Orient, maintenant une est renvoyée là-bas. Au total, il y a plus de 50 batteries Patriot au Moyen-Orient. L’Arabie Saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, et le Qatar possèdent tous un système Patriot. Un de plus ou de moins dans la région ne change rien. Ces rotations sont des mouvements normaux qui se produisent régulièrement. Maintenant, le gouvernement Trump joue avec ce fait pour propager une « menace iranienne » et la presse roule pour lui.
Ce rapport de la BBC est un autre exemple :
Les États-Unis envoient un système de défense antimissile patriote au Moyen-Orient dans un contexte d’accroissement des tensions avec l’Iran.
Un navire de guerre, le USS Arlington, avec des véhicules amphibies et des avions à bord, rejoindra également le groupe de combat USS Abraham Lincoln dans le Golfe. …
Le Pentagone a déclaré que les forces américaines réagissaient à une menace potentielle pour les forces américaines, mais n’a pas fourni de détails concernant ces menaces.
Le Pentagone ment, tout simplement, comme il le fait souvent et les médias devraient en tenir compte. Si le Pentagone envoie le USS Arlington « en réponse à une menace potentielle », pourquoi ordonne-t-il à l’USS Fort McHenry de quitter la région ? Ces deux navires ont des fonctions techniques et des tâches tactiques similaires. Ils se relaient pour des déploiements dans diverses zones selon des calendriers bien définis :
Le USS Arlington est transféré dans la région « pour un échange un contre un » avec un navire similaire, le USS Fort McHenry, qui s’en va, selon un responsable de la défense, qui a requis l’anonymat.
Il n’y a tout simplement aucune raison pour assigner l’une quelconque de ces mesures militaires récentes à quelque chose que l’Iran aurait dit ou fait. Le renseignement que les officiels présentent aux journalistes provient évidemment de simples contes de fées. Les experts n’ont aucune idée de ce dont ils parlent, ou bien manipulent délibérément le public.
C’est le travail des médias de le signaler. Au lieu de cela, ils amplifient le jeu de propagande de guerre de l’administration.
Traduit par jj, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
- Source : Moon of Alabama (Etats-Unis)