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François Hollande veut relancer l’économie française avec 2000 euros

Auteur : Drapher | Editeur : Walt | Vendredi, 22 Janv. 2016 - 14h20

Le « plan d’urgence » pour l’emploi de François Hollande a été dévoilé : formation des chômeurs, baisse de la rémunération des heures supplémentaires, augmentation du temps de travail et… prime à l’embauche de 2000€ à destination des PME. Cette liste de mesures exprime parfaitement la vision de l’économie du chef de l’Etat. Une vision archaïque et décalée. Ou bien…?

Quelques unes des dernières mesures de Hollande en lien avec son plan d’urgence pour l’emploi, sur le site http://bilan-ps.fr

Politique de l’offre des 80’s-90’s

La politique économique de l’offre que François Hollande veut activer est censée dynamiser le secteur productif, les entreprises. Dans le vieux monde, celui d’il y a 30 ans, ce type de politique était soutenu par des politiques monétaires, en général, des dévaluation. Pour booster les exportations. Le principe était simple : les entreprises avaient des carnets de commande assez pleins, pouvaient être incitées à embaucher si l’Etat leur donnait un coup de pouce. A l’époque l’industrie française était encore florissante : le pays produisait de nombreux biens, et la concurrence avec les pays du sud, les émergents d’aujourd’hui, était nulle, ou presque. Mais surtout, l’Etat investissait. 30 ans plus tard, la situation n’est pas vraiment la même…

Refuser d’ouvrir les yeux, ou bien autre chose ?

François Hollande fait comme si nous étions encore ce pays des années 80 ou 90. Pour lui, les entreprises sont florissantes et voudraient bien embaucher, mais hésiteraient à le faire. Les travailleurs leur couteraient trop cher. Il suffirait donc de donner 2000 € aux PME par salarié embauché, puis leur permettre de moins payer les heures supplémentaires et former des tas de jeunes gens pour que la « machine à emplois » reparte.

Cette analyse de la situation est stupéfiante : ou bien François Hollande est aveugle, entouré d’incompétents, ne connaît pas le monde de 2016, ou bien… il ruse.  La deuxième solution paraît plus probable. Car en effet, comment imaginer un instant que les PME tournent à plein régime au point de vouloir embaucher, mais hésiteraient à le faire sous prétexte que ça leur coûterait trop cher ? La croissance économique de la zone euro n’est pas fameuse (1,6% en 2015) et repose sur la baisse de l’euro et du prix du pétrole, comme celle de la France, à 1,1% . C’est une croissance basée avant tout sur la consommation en, ce qui n’indique pas une véritable reprise.

Les grands pays émergents sont pris dans un très fort ralentissement de croissance de leur PIB, le Brésil en tête. Comme ces pays étaient devenus un moteur de croissance mondiale…

En France, les investissements publics sont réduits à une peau de chagrin, ou presque : l’austérité budgétaire d’Hollande a asséché la plupart des secteurs générateurs d’activités économiques. Pourtant, Hollande devait renégocier le TSCG qui active cette austérité en Europe…

Le mensonge libéral du coût du travail et des entreprises étranglées

La réalité économique de 2016 n’est pas celle renvoyée par le chef de l’Etat. Le mensonge est flagrant : les petites, moyennes entreprises manquent de travail, de carnets de commande bien remplis, pas d’employés au rabais. Plus de 40 milliards d’euros de crédits d’impôts leur ont été offerts par l’Etat avec le CICE : aucune n’a particulièrement embauché. Non pas qu’elles ne le voulaient pas, mais plutôt parce que leur activité n’augmente pas assez pour le faire.

Si demain François Hollande décidait de relancer l’investissement de l’Etat, redonnait des moyens financiers aux collectivités territoriales, lançait des chantiers publics, les entreprises embaucheraient, puisque les commandes afflueraient. Sans les 2000 € et sans toutes les aides. C’est une évidence économique bien connue. Et si le déficit public enflait un peu durant deux ou trois ans, il diminuerait, comme la dette publique, une fois la relance effectuée par le jeu des recettes générées. Cette mécanique d’investissements publics est d’ailleurs celle activée par Barak Obama depuis 2009 pour sortir de la crise.

La question du refus de François Hollande de pratiquer une politique de la demande arrive donc. Et celle de son orientation politico-économique. Hollande a nommé Macron. Macron est un libéral et le monde libéral ne pratique qu’une politique, celle de l’offre, destinée aux entreprises. Avec comme objectif le recul du rôle de l’Etat, le détricotage du système social par répartition, au bénéfice du privé, ainsi que la quasi disparition des impôts pour parvenir à la fin du service public. L’objectif du libéralisme [européen] est la fin de la protection des travailleurs, au profit d’un marché tout puissant, associé à des entreprises de très grandes tailles pouvant pratiquer la flexibilité maximale sur le marché de l’emploi. Le rêve du grand patron, le cauchemar des salariés.

Toujours recommencer, inlassablement

Les annonces du « plan d’urgence pour l’emploi » de François Hollande sont là pour une seule chose : laisser penser qu’il agit en faveur de la réduction du chômage. En réalité, ce que fait François Hollande est exactement la même chose que ce qu’a fait Nicolas Sarkozy durant son mandat, avec à la clef pour ce dernier, 747 000 personnes mises au chômage en 5 ans. Hollande en est déjà à plus de 680 000. Le concept est usé mais Hollande va l’utiliser de nouveau : ça n’a pas suffi, il faut donc aller plus loin. « J’ai donné plein d’avantages aux entreprises, usé de plein de carottes, et elles n’ont pas embauché ? C’est que ce n’était pas suffisant ! Il va falloir leur en donner plus. »

Mais oui, François…

Le cycle de la politique de l’offre couplé à l’économie libérale « auto-régulée » [vision économique qui est toujours considérée comme hyper performante chez les élites, bien qu’envisagée comme « freinée » par les « charges » sur les entreprises, les lourdeurs de l’Etat, les contraintes de la société] est intéressant pour ceux qui l’activent :  plus ce cycle montre ses capacités à détruire l’économie, les protections sociales, crée des inégalités criantes, plus ceux qui l’activent hurlent qu’il faut « encore plus » de ce même libéralisme. Un peu comme si, alors qu’on reprocheraitt à un bus qu’on ferait rouler en première, pied au plancher, de ne pas aller assez vite, on ne faisait jamais rien d’autre que de l’alléger du poids de ses occupants. Et à chaque fois, alors que le bus continuerait à hurler dans les tours, bloqué à 50 km/h, on s’en prendrait à ces satanés passagers, qu’on continuerait d’éjecter. Et comme il peut y avoir beaucoup de passagers, l’histoire peut continuer longtemps.

La politique de l’offre, qu’Hollande chérit, est une sorte de pensée magique, qui s’auto-alimente : un mantra absurde, univoque, et déclaré éternel. Le pire dans cette affaire reste que des solutions très sérieuses de relance économique existent, par une politique de la demande et de la remise en marche de l’investissement public. Couplé à une politique forte de lutte contre l’évasion fiscale. A l’OFCE, au sein des Economistes atterrés, des gens très sérieux l’expliquent depuis des années. Mais visiblement ça n’intéresse pas Hollande, Macron, Valls, Sarkozy, Lemaire, Fillon, Juppé, Bayrou… et tous ceux qui se passent le trône républicain. Comme s’ils s’étaient tous donné le mot. Etrange, non ? A moins qu’ils n’aient un intérêt certain, une fois leur poste rendu, à ce que les entreprises ultra-libérales soient le plus satisfaites possible de leur politique de l’offre…?


- Source : Reflets Info

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