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Samedi, 18 Mai 2024

Azincourt 600 ans après, toujours d’actualité

Auteur : Serge Federbusch | Editeur : Walt | Dimanche, 01 Nov. 2015 - 18h50

Quand Obama s’était exprimé à la tribune des Nations Unies pour clamer que les Etats-Unis étaient la première puissance militaire du monde, avec toutes les conséquences qui en découlaient, je n’avais pu m’empêcher de penser à la bataille d’Azincourt qui vit la défaite de la première armée du moment par des archers loqueteux et affamés. Face aux Etats-Unis (l’OTAN) lourdement armés, les archers sont là, fins prêts, et la bataille semble inévitable. (RI)

Le désastre politique d’aujourd’hui est un Azincourt lent.

Il y a six cents ans la fine fleur de la chevalerie française était quasiment anéantie dans les labours détrempés d’Azincourt, vaincue par l’armée du roi Henry V d’Angleterre pourtant inférieure en nombre et en armement dans un rapport d’au moins un à trois, si ce n’est d’un à dix selon certains historiens. La troupe anglaise était exténuée, affamée, loin de ses terres et, malgré tout, elle a vaincu.

Les raisons de ce désastre national ? La multiplicité de chefs qui se chamaillaient et défendaient leurs baronnies, leurs préséances et leurs titres, l’absence totale de prise en compte des échecs précédents comme ceux de Crécy ou Poitiers qui avaient pourtant montré que la cavalerie et les lourdes armures étaient fragiles face aux archers, le défaut de pragmatisme qui négligea la réalité d’un terrain boueux dû à une pluie incessante, l’entêtement à suivre des plans de bataille clairement erronés et inadaptés à la tactique de l’adversaire, l’absence de coordination entre l’avant-garde et les deuxième et troisième lignes du fait d’un mépris des grands féodaux pour le destin de la masse censée les suivre.

Cela ne vous rappelle rien ? L’incapacité à tirer la conclusion qui s’impose de l’erreur monumentale de l’union monétaire européenne, la pléthore de cadres entourant un pouvoir réduit à quelques individus qui n’écoutent personne et ne croient qu’en la manipulation, le sentiment cyclothymique qui va de l’orgueil à l’abattement et fait qu’on surestime la France autant qu’on la déprécie, des outils démocratiques obsolètes, etc. Le désastre d’Azincourt fut toutefois le début du renouveau d’un sentiment national et, si l’État s’enfonça encore dans la crise et la déréliction, les premiers penseurs de sa rénovation commencèrent à cogiter.

Nous vivons aujourd’hui un Azincourt lent.


- Source : Serge Federbusch

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