Volkswagen, le diesel et la désinformation publicitaire
Le système économique repose sur la pression publicitaire, c'est-à-dire sur l'industrialisation du mensonge et de la tromperie.
Il y a 20 ans, alors que je siégeais au Parlement européen, j’ai reçu de Peugeot un dossier sur le diesel : la firme automobile y vantait ses moteurs solides, économes, silencieux et… peu polluants.
Et pourtant le dossier m’a semblé honnête. Quiconque le lisait attentivement ne pouvait manquer d’être frappé par un défaut majeur du diesel : l’importance des émissions de grosses molécules complexes, rebaptisées « particules fines ». À partir de là, pas besoin d’être météorologue ou pneumologue pour savoir que le diesel était nocif.
Et pourtant le moteur diesel s’est imposé sur les marchés grâce à la force de vente des vendeurs (plus facile d’essayer une voiture diesel qu’une essence) et à la publicité.
Cinq domaines concentrent la pression publicitaire : le luxe, la banque et l’assurance, l’agroalimentaire, la pharmacie et surtout l’automobile.
La pression publicitaire a deux effets : l’intoxication du consommateur dont les choix sont orientés par des messages émotionnels puissants et des arguments rationnels biaisés ; l’intimidation du journaliste qui doit se garder de tout esprit critique vis-à-vis des apporteurs publicitaires.
L’agence de publicité de Volkswagen a rappelé cette règle sans ménagement à certains journaux : si vous voulez bénéficier de notre argent, gardez-vous de trop évoquer le scandale qui nous touche. Le Canard enchaîné a dénoncé ce qui n’est qu’un secret de polichinelle !
Nicolas de Tavernost, patron de M6, l’avait élégamment avoué sur Canal+ : pas question de dire du mal de nos clients ! Ou tout simplement de révéler des faits susceptibles de les gêner.
Pas étonnant, dans ces conditions, que les méfaits du diesel aient été cachés.
Le système économique repose sur la pression publicitaire, c’est-à-dire sur l’industrialisation du mensonge et de la tromperie.
La « liberté » des journalistes est, elle, doublement encadrée : par les intérêts économiques des médias (les apporteurs de pub) et les intérêts idéologiques et politiques des apporteurs de capitaux (comme le raconte Villiers dans son dernier livre à propos de TF1 et des sondages).
Bienvenue dans le monde de la désinformation publicitaire ! Bienvenue dans le monde de la tyrannie médiatique !
Éteignez les téléviseurs, laissez les journaux en pile, privilégiez la réinfosphère !
- Source : Boulevard Voltaire