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Paul Craig Roberts sur le véritable taux de chômage des États-Unis

Auteur : Paul Craig Roberts | Editeur : Walt | Mercredi, 12 Août 2015 - 15h28

« Vous souvenez-vous de l’époque à laquelle nous avions de vrais journalistes ? C’était avant que le régime Clinton concentre les médias dans quelques mains et fasse de la presse le Ministère de la Propagande, un outil de Big Brother. La fausse réalité dans laquelle les Américains vivent s’étend jusqu’à la vie économique. Vendredi dernier, les statistiques concernant l’emploi furent la continuation d’une série de mauvaises nouvelles présentées comme bonnes. Les médias ont insisté sur 2 chiffres comme s’ils avaient une espèce d’importance, le nombre d’emplois créés et le taux de chômage, tout en continuant d’ignorer les chiffres qui montrent la baisse des perspectives sur le marché de l’emploi alors que l’économie est soi-disant en train de se redresser.

La soi-disant reprise se base sur la mesure U.3 du taux de chômage. Ce chiffre ne prend pas en compte les chômeurs tellement découragés qu’ils ne cherchent plus d’emploi depuis 4 semaines. U.3 ne comptabilise que les chômeurs qui ont toujours l’espoir de trouver un travail.

Le gouvernement utilise un autre indicateur officiel du chômage, U.6. Celui-ci, dont on ne parle quasi jamais, inclut également les chômeurs qui n’ont plus cherché de travail depuis moins d’un an. Ce pourcentage est le double des 5,3 % de U.3. Ce qui signifie que le taux de chômage américain est de plus de 10 % après 6 ans de soi-disant redressement économique.

En 1994, le régime Clinton arrêta de comptabiliser les chômeurs de longue durée découragés quant à leur capacité de trouver un travail. Clinton voulait afficher un bilan économique plus positif que Reagan, il décida donc de ne plus inclure les chômeurs de longue durée dans les statistiques du chômage. John Williams, de ShadowStats.com, continue de calculer le taux de chômage américain en utilisant la méthodologie officielle de l’époque Reagan. En ajoutant ces chômeurs de longue durée exclus aujourd’hui, le taux de chômage en juillet 2015 s’élevait à 23 %. (…)

Aujourd’hui, les nouveaux emplois sont majoritairement occupés par des personnes de plus de 55 ans. Par exemple, tous les emplois créés durant le mois de juillet ont mis au travail des plus de 55 ans (en moyenne). Les Américains qui devraient être au travail, les 25 à 54 ans, ont perdu 131.000 postes en juillet.

Durant les 12 derniers mois, les plus de 55 ans ont gagné plus de 1,5 million d’emplois. Les 16-18 ans en ont perdu 887.000 et les 20 à 24 ans 489.000. Aujourd’hui, il y a 4 millions d’emplois de moins pour les 25 à 54 ans par rapport à décembre 2007. (…)

Les jeunes ne peuvent pas se mettre en ménage sur la base de temps partiels, mais les retraités occupent ces emplois afin d’obtenir le complément de revenus nécessaire pour combler les pertes engendrées par les politiques de taux zéro de la Fed, dont l’objectif est de soutenir les bilans des géants bancaires dont les patrons contrôlent la Fed et le Trésor US. Alors que de nombreux emplois qualifiés sont délocalisés en Chine et en Inde, comme celui d’ingénieur informatique, les possibilités de carrière disparaissent aux États-Unis.

Les emplois les plus rémunérateurs aux États-Unis s’obtiennent en conduisant des arnaques à Wall Street, en faisant du lobby pour les intérêts privés. (…)

Les emplois soi-disant créés en juillet tombent dans des catégories qui nous sont familières, mois après mois et année après année. Il s’agit d’emploi locaux : des serveuses et des barmans, des vendeurs, des chauffeurs, des magasiniers, des assureurs, des infirmières, des assistantes sociales, etc. Soit rien ne pouvant assurer des exportations afin de payer nos importations massives. Sans croissance du revenu médian des ménages, alors que l’épargne s’érode et que le recours au crédit augmente, même l’impact de la consommation dans l’économie fléchira.

Il ne s’agit clairement pas d’une économie qui a un futur. Malheureusement, ce n’est pas en écoutant les médias financiers ou en lisant le New York Times ou le Wall Street Journal que vous l’apprendrez. Lorsque je travaillais pour le Wall Street Journal, la condition déplorable de l’économie américaine aurait fait la une. »


- Source : Paul Craig Roberts

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