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Les Etats-Unis ont espionné les trois derniers présidents français

Auteur : Wikileaks-Traduction Romandie | Editeur : Walt | Mercredi, 24 Juin 2015 - 12h54

Des documents diffusés par WikiLeaks révèlent que Washington a espionné, entre 2006 et 2012, les trois derniers présidents français Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande. En réaction, ce dernier a indiqué qu'il réunirait mercredi un Conseil de défense.

Ces documents émanant du lanceur d'alertes, classés "Top-Secret" et dévoilés mardi soir par les médias français Libération et Mediapart, consistent notamment en cinq rapports de l'agence de renseignement américaine NSA basés sur des "interceptions de communication". Ils étaient destinés à la "communauté du renseignement" américaine et à des responsables de la NSA, selon Libération.

Les documents proviennent d'un bureau identifié comme étant celui des "Summary Services", le "service des synthèses". Sans révélation fracassante, ils éclairent le fonctionnement ou la prise de décision de M. Hollande et de ses deux prédécesseurs.

En réaction aux informations de WikiLeaks, François Hollande a décidé de réunir mercredi matin un "Conseil de défense pour évaluer la nature des informations diffusées par la presse (...) et en tirer les conclusions utiles", a annoncé l'Elysée mardi soir à l'AFP.

"Les Français ont le droit de savoir que le gouvernement qu'ils ont élu fait l'objet d'une surveillance hostile de la part d'un allié supposé", assure pour sa part sur le site de WikiLeaks son fondateur Julian Assange, reclus dans l'ambassade d'Equateur à Londres depuis trois ans. "Les lecteurs français peuvent s'attendre prochainement à d'autres révélations précises et importantes", promet-il.

"Sécurité nationale"

La Maison Blanche a assuré mardi soir qu'elle ne ciblait pas les communications du président français et qu'elle ne le ferait pas. "Nous travaillons étroitement avec la France sur tous les sujets de dimension internationale et les Français sont des partenaires indispensables", a souligné Ned Price, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), sans autres précisions.

La Maison Blanche s'était dans un premier temps refusée à commenter ou démentir les révélations. "De manière générale, nous ne menons pas d'opérations de surveillance à l'étranger sauf s'il existe un objectif de sécurité nationale spécifique et validé", avait-elle affirmé dans un communiqué. "Cela s'applique aux citoyens ordinaires comme aux dirigeants mondiaux", avait-elle ajouté.

Les documents diffusés par WikiLeaks montrent par exemple comment M. Sarkozy se percevait en 2008 comme le "seul homme capable" de résoudre la crise financière. L'ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, Philippe Douste-Blazy, est lui perçu comme ayant une "propension (...) à faire des déclarations inexactes et inopportunes".

Grèce et zone euro

Sur le fond, si aucun secret d'Etat n'est effectivement révélé pour l'heure à en croire les transcriptions disponibles sur le site dédié (wikileaks.org/nsa-france), il met au jour quelques décisions ou appréciations inconnues du public.

Le document le plus récent par exemple, qui date du 22 mai 2012, soit quelques jours après l'entrée en fonction de François Hollande. Il fait état de réunions secrètes destinées à discuter d'une éventuelle sortie de la Grèce de la zone euro.

Un mémo souligne que François Hollande tient au secret de la réunion de peur, selon un commentaire, d'"aggraver la crise". Et il se montre généralement très inquiet de l'avenir de la Grèce sur laquelle, est-il écrit, il estime que la chancelière allemande Angela Merkel a "abandonné".

Précédent allemand

Un autre document de la NSA consiste en une liste de numéros de téléphone dont ceux des présidents, de leurs plus proches conseillers mais aussi de téléphones fixes comme le standard du ministère des Finances ou de celui de l'Agriculture.

L'Allemagne avait été choquée à l'été 2013 par les révélations de l'ancien consultant de la NSA, Edward Snowden. Elles portaient sur un vaste système de surveillance des conversations téléphoniques et des communications via internet des Allemands, jusqu'à un téléphone portable de la chancelière, pendant plusieurs années.

Interrogé par l'AFP, l'entourage de Nicolas Sarkozy a jugé de son côté qu'il s'agissait de "méthodes inacceptables en règle générale et plus particulièrement entre alliés". Egalement sollicité, l'entourage de Jacques Chirac n'avait pas réagi en fin de soirée.


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