Yémen. Aux pourparlers de paix de Genève, l'alliance saoudo-étatsunienne est représentée par un membre d'Al-Qaïda
Abd al-Rahman al-Humayqani était à Genève, la semaine dernière, comme négociateur supportant l'Arabie saoudite, aux pourparlers de paix organisés par les USA et l'ONU.
Le cri de guerre des États-Unis selon lequel - "Nous ne négocions pas avec des terroristes" - a longtemps été un axiome de la politique étrangère et une excuse pour l'interventionnisme militaire, mais récemment, il y a eu un flot d'articles dans les médias affirmant que les Etats-Unis, en fait, négocie avec des terroristes, selon les déclarations d'un avocat international en Indonésie.
Barry Grossman a déclaré à Press TV, hier, samedi, que même le candidat à la présidence des États-Unis Ted Cruz a déclaré dans une interview à ABC le 1er juin 2015, que "la politique des États-Unis a changé, et que maintenant nous négocions avec des terroristes."
Interrogé sur la question, Grossman a déclaré que "apparemment, ce changement de politique à la dérobée est maintenant si évident, que cela ne dérange personne qu'un homme désigné comme un haut responsable terroriste d'Al-Qaïda, sur ordre spécial du président des États-Unis en 2013, ait participé aux pourparlers de paix sur le Yémen organisés par les Etats-Unis et parrainés par l'ONU à Genève cette semaine ".
Grossman ajoute "depuis que le président étatsunien a lui-même déclaré qu'il (al-Humayqani ) faisait parti du groupe d'al-Qaïda, quelqu'un doit sûrement avoir des explications à donner sur la façon dont il est venu serrer la main de Ban Ki-moon à Genève. "
Selon Grossman, la question "est encore pire qu'il n'y paraît puisque, techniquement, Humayqani semble négocier au nom de l'alliance étatsuno-saoudienne plutôt que négocier avec eux."
Yémen. Aux pourparlers de paix de Genève, l'alliance saoudo-étatsunienne est représentée par un membre d'Al-Quaïda (Press TV)
Voici ce que les Etats-Unis avaient à dire sur Humayqani en 2013 :
"En sa qualité de chef d'une organisation caritative basée au Yémen, Humayqani a utilisé son statut dans la communauté de bienfaisance pour recueillir des fonds et a fourni une partie de ce financement à Al-Quaïda dans la Péninsule Arabique (AQAP) et a facilité les transferts financiers des miliciens d'AQAP en Arabie saoudite au Yémen à l'appui des opérations d'AQAP. À partir de 2012, Humayqani était une figure importante au sein de l'AQAP et aurait eu une relation avec d'importants dirigeants d'AQAP. Humayqani et d'autres en mars 2012 auraient orchestré une attaque d'AQAP sur une base de la Garde républicaine yéménite dans le gouvernorat d'Al-Bayda '. L'attaque à partir d'un véhicule bourré d'engins explosifs a tué sept personnes. Il est soupçonné d'avoir recruté des individus pour AQAP qui ont été impliqués dans un complot visant à assassiner des responsables yéménites.
Humayqani a fourni un soutien financier et d'autres services à AQAP et a agi pour le compte du groupe. Il a représenté AQAP à des réunions avec les autorités yéménites pour négocier la libération des soldats yéménites détenus par AQAP et a travaillé avec les coopératives d'AQAP pour coordonner le mouvement des combattants d'AQPA au Yémen. Humayqani a dirigé un groupe de collaborateurs armés d'AQAP qui avaient l'intention de mener des attaques sur des installations yéménites et des institutions gouvernementales, y compris un bâtiment yéménite du gouvernement dans le gouvernorat d'al-Bayda. Il a également recruté des individus dans la ville de Sanaa, au Yémen, au nom de l'AQAP pour renforcer l'AQAP dans le sud du Yémen.
Avec le religieux, Shaykh Abd al-Majid al-Zindani, soutenu par les Etats-Unis et désigné par l'ONU, il a émis des conseils religieux à l'appui d'Al-Qaïda dans ses opérations dans la péninsule arabique (AQAP). Humayqani et le leadership d'AQAP ont prévu de créer un nouveau parti politique au Yémen, qu'AQAP a prévu d'utiliser comme couverture pour le recrutement et la formation des combattants et comme un moyen de s'attirer un plus large soutien. Le leadership d'AQAP a décidé que Humayani jouerait un rôle public comme leader et porte-parole du nouveau parti politique".
Grossman a déclaré : "Peut-être que le prix de l'admission de Humayqani aux pourparlers à la table du mouvement saoudien soutenant le président fugitif Hadi, venait en remplacement de son collègue Nasir al-Wuhayshi, numéro 2 d'al-Qaïda et chef d'Al-Quaïda au Yémen, qui a été tué dans une attaque de drone US le 15 juin tandis qu'al Humayqani quittait le Yémen pour rejoindre Ban Ki-moon à Genève".
"Al-Qaïda", a-t-il déclaré "est né de l'aventurisme étatsunien en Afghanistan et il semble que, comme tous les fils prodigues, il semble qu'AQ soit de retour à la maison."
Grossman a expliqué que "Wuhayshi qui avait une fois prétendument été secrétaire personnel d'Oussama ben Laden, avait déjà été appréhendé par les forces iraniennes en Afghanistan et finalement remis au Yémen où les Etats-Unis et l'Arabie saoudite régnaient en maître. Une fois au Yémen, il aurait échappé à ses gardes en 2006 et serait retourné directement au sein de la puissante franchise d'al-Qaïda au Yémen ".
"Si quelqu'un venait à affirmer que l'homme officiellement désigné par le président des États-Unis comme responsable de haut niveau d'Al Qaida et qui fait l'objet d'une alerte rouge mondiale auprès d'Interpol participe comme acteur clé aux négociations menées à Genève en présence du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, il serait raisonnable d'accuser cette personne d'être un adepte des théories conspirationnistes. Après tout, si une telle chose se produisait effectivement, il est probable que tous les grands médias couvriraient cette information. Le problème est que c'est ce qui se passe et que la presse grand public est, comme d'habitude, complice de ce scandale par son silence" a-t-il commenté plus loin.
"...L'ONU, sous la direction des États-Unis, soutenue par la Russie, s'est mise du côté du mouvement saoudien pro Hadi en prétendant légitimer, ce qui est clairement d'un point de vue éclairé, une attaque militaire belligérante et illégale sur le Yémen. Si cela ne suffisait pas, ils ont maintenant donné à un homme, désigné par nul autre que le président des États-Unis comme un haut responsable terroriste d'Al-Qaïda, un siège à la table des négociations essentiellement au nom de l'Arabie saoudite, tandis que les Etats-Unis faisaient tranquillement exploser le numéro 2 d'Al-Quaïda au Yémen."
"Bien sûr, ces deux questions - l'assassinat d'al-Wuhayshi et la présence aux pourparlers de Genève d'un homme désigné par les Etats-Unis comme un terroriste d'al-Qaïda - pourrait bien être totalement étrangère ! ..."
"Pourtant, ce n'est pas une mince affaire et vous devez vous demander, pourquoi y a-t-il un black-out total dans les médias sur le fait que les Etats-Unis et l'Arabie saoudite ont un homme à Genève, présenté comme un leader d'al-Qaïda, qui négocie en soutien de leur position."
- Source : GJH/GJH-Traduction SLT