Téhéran brise le monopole américain en matière d’intervention extérieure
Depuis trois décennies, les guerres étatsuniennes ont été menées sous forme de coalitions. Kosovo, Irak I, Afghanistan, Irak II, Libye, Etat Islamique – en réalité Irak III et Syrie, Yémen, toutes furent menées par Washington, même s’il n’apparait pas officiellement comme chef des opérations comme dans le cas de la Libye et du Yémen.
On ne connait aucun cas de coalition armée dans laquelle ou derrière laquelle ne se trouvaient pas les Etats-Unis. Il est admis, comme une sorte de statu quo mondial que coalition = USA + d’autres pays amis, et personne n’ose déroger à la règle. De même, il est admis par tous que seuls les Etats-Unis ont le droit de décider qui doit attaquer qui.
Cela était vrai jusqu’à présent, mais ça ne l’est plus. L’Iran a décidé de briser le consensus, et ce depuis que les mercenaires américains grouillent à ses portes, de l’Atlantique à sa frontière avec l’Irak. Si les négociations bidons sur son nucléaire avaient pour objectifs de l’endormir pendant qu’une situation irréversible se mettait en place grâce à DAECH, c’est raté.
Non seulement l’Iran ne se laisse pas embobiner par des discours futiles, mais elle contre-attaque en envoyant ses hommes au combat en Syrie et en Irak. Pour la Syrie, elle se permet même de former une coalition de 15 000 combattants, composée d’Iraniens, d’Irakiens et d’Afghans, sans doute aussi avec des conseillers d’autres pays. Quels que soient les résultats militaires sur le terrain, cette coalition est une bouffée d’espoir, car elle brise le tabou selon lequel il ne peut y avoir de coalition sans les Américains. Ce n’est donc que le début. D’autres coalitions, avec d’autres formats, suivront, avec des appels ouverts à y participer. La peur de répondre à ces appels en paralysera plus d’un, mais de moins en moins
Depuis plus de 10 mois que les américains et leurs alliés sont « en guerre » contre l’Etat Islamique, les Irakiens et Syriens ont constaté que chaque bombe larguée renforçait l’ennemi, et que, miraculeusement, des armes lui tombaient du ciel plus sûrement que la pluie dans ces régions arides. Chaque pays de la coalition américaine détient une armée plus puissante que celle de l’Irak, et pourtant, une seule brigade irakienne fait plus contre DAESH que l’ensemble des armées de tout le club qui s’est réuni dernièrement à Paris. Le constat est clair. Ces pays ne combattent pas DAECH. Mais que se passera-t-il quand DAECH commencera à reculer de partout ? Nous assisterons alors à quelque chose de similaire à ce qui s’est passé pendant la Deuxième Guerre Mondiale : la mise en route de la machine de guerre américaine et ses alliés, vers la toute fin des hostilités, pour ne pas laisser la victoire leur échapper. Nous serons ensuite submergés d’images des atrocités commises par les terroristes (qui ne seront plus modérés), pour alimenter de quoi monter un tribunal pour pendre quelques anciens complices.
- Source : Avic