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60 ans après, où en sont les pays non-alignés?

Auteur : Nezavissimaïa gazeta | Editeur : Walt | Mercredi, 22 Avr. 2015 - 23h58

Une réunion s'est ouverte en Indonésie à l'occasion du 60e anniversaire de la conférence de Bandung, qui avait indiqué aux pays libérés la voie de la renaissance et du non-alignement dans la Guerre froide, écrit mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.

Cette politique incarnée par Jawaharlal Nehru a permis au Tiers monde de "traire" les deux blocs et de s'avancer parfois de manière consolidée sur l'arène mondiale. Mais aujourd'hui le revenu par habitant dans les pays asiatiques prospères est bien plus élevé que dans les pays sous-développés. La cohésion n'est plus qu'un slogan. La réunion de Jakarta se concentrera essentiellement sur le commerce et l'appel aux investissements étrangers.

Des dizaines de dirigeants de pays asiatiques et africains se sont réunis au sommet de Jakarta, appelé à insuffler une nouvelle vie dans leur développement économique et célébrer solennellement le 60e anniversaire de la conférence de Bandung. Ce sommet historique avait indiqué aux jeunes pays libérés de leurs colonisateurs la voie à suivre en temps de Guerre froide: la politique de non-alignement.

Le professeur Sergueï Lounev de l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO) note que "le mouvement de non-alignement était une organisation très puissante quand il existait deux pôles de force. Ils prônaient un nouvel ordre économique. Il semblait dans les années 1970 que ce combat mènerait les pays émergents à la victoire. Aujourd'hui, le mouvement de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique latine a cessé d'être organisé".

Deux causes à cela: premièrement le mouvement de non-alignement a été créé sur la base d'un équilibre entre les systèmes capitaliste et socialiste. Ce qui profitait pleinement à l'Inde. Dans les années 1960-1970, l'Union soviétique a créé en Inde une industrie lourde et les Américains lui ont accordé une aide gratuite de 10 milliards de dollars. Mais l'équilibre est devenu impossible après l'effondrement du système bipolaire.

"Deuxièmement, les pays de l'Est étaient dans une position approximativement identique. Alors qu'aujourd'hui les écarts sont énormes. Certains pays ont suivi la voie des hautes technologies et ne se distinguent pas particulièrement de l'Occident — le Japon, la Corée du Sud, Singapour, Taïwan. Les États très grands, comme l'Inde et la Chine, occupent une place à part dans les relations internationales. 50 à 60 États qui ont intégré la mondialisation grâce à une localisation géographique favorable, à des ressources et à une main d'œuvre bon marché. Comme la Thaïlande et certains pays d'Asie du Sud-Est. Il y a des États exportateurs de pétrole", explique Sergueï Lounev.

Mais certains pays de la "zone grise" se retrouvent en dehors du système mondial. Si au début des années 1960 la Corée du Sud et la Somalie avaient un revenu par habitant identique, il est aujourd'hui 50 fois supérieur en Corée du Sud. La seule chose qui rapproche ces pays est leur histoire, le sentiment d'avoir été soumis aux colonisateurs.

Le terme "pays émergents" a perdu son sens: ceux qui appartenaient à ce groupe sont complètement différents aujourd'hui et ne peuvent donc pas régler des tâches communes. Bien que la perception commune de l'histoire ne doive pas être ignorée. "Dans ce sens, il faut souligner que l'image de l'Union soviétique est relativement forte à l'Est. Il serait sensé d'utiliser ce fond psychologique comme un outil de notre puissance douce", conclut l'expert.


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