Ripoux : la saga continue
Après Michel Neyret, Jean-Christophe Lagarde, le scandale de la BAC Nord de Marseille, les scandales du mythique 36 Quai des Orfèvres, la police nationale fait encore parler d’elle. Hélas en mal, puisque pas moins de cinq policiers de la BAC de Stains, en Seine-Saint-Denis ont été placés en garde à vue pour « vol et violences aggravés, association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants ». Le mal qui ronge ce corps de sécurité est profond et pour redonner confiance au commun des mortels, il faut impérativement entreprendre au plus vite un grand nettoyage au Kärcher. La crise interne est une crise morale à n’en point douter et le bon exemple doit être donné par les chefs. Qu’en pense la racaille Philippe Tesson ? D’ailleurs, on aimerait bien savoir qui crée le désordre en France…
Et de quinze. C’est le nombre de policiers interpellés dans le cadre de quatre dossiers différents depuis le début de cette année. Personne n’est épargné, du simple gardien de la paix au sommet du « 36 », le temple de la PJ parisienne. Lundi 23 mars, dans l’après-midi, ce sont cinq policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de Stains, en Seine-Saint-Denis, qui ont été placés en garde à vue dans le cadre d’une information judiciaire conduite par un juge d’instruction du tribunal de grande instance de Bobigny pour « vol et violences aggravés, association de malfaiteurs en vue de se livrer au trafic de stupéfiants ».
Interpellés pour certains sur leur lieu de travail par l’inspection générale de la police nationale, ils sont suspectés d’avoir, depuis au moins deux ans, volé des trafiquants de drogue, les délestant de leurs produits comme de leur argent. Selon une information du Point.fr, la drogue était ensuite revendue par des fournisseurs protégés. Les présumés « ripoux » se seraient servis dans les scellés et auraient volé 10 000 euros dans une fourrière.
Ils se seraient également livrés à des « perquisitions à la mexicaine », qui n’avaient jamais été ordonnées par la justice, « en simulant un cadre légal » pour se servir chez leurs victimes, a précisé une source judiciaire citée par l’AFP. Les investigations portent également sur des soupçons de « modification d’une scène de crime ».
D’après nos informations, cette affaire trouve son origine dans celle qui a valu l’incarcération, en octobre 2014, de deux fonctionnaires de la BAC départementale de Seine-Saint-Denis, suspectés de participer à un trafic de voitures volées. Les deux hommes établissaient de faux procès-verbaux de découverte de voitures, afin de les faire sortir du fichier des véhicules volés. En réalité, ceux-ci étaient toujours aux mains des malfrats qui pouvaient alors circuler en toute impunité.
L’enquête a établi que les consultations informatiques avaient été effectuées depuis des ordinateurs du commissariat de Stains. La jeune commissaire alors en poste avait fait part de ses doutes à l’égard de certains de ses hommes à la direction territoriale de la sécurité de proximité de Seine-Saint-Denis, qui avait saisi en mai 2014 le parquet de Bobigny.
Vol de cocaïne:
« La police dénonce les agissements de ses policiers qui franchissent la ligne jaune, se félicite un haut gradé. Nous ne pouvions pas rester avec un doute. Si le grand public veut avoir confiance dans sa police, nous devons nettoyer les écuries d’Augias ! » Mais cette opération mains propres a un prix. La commissaire de Stains a été nommée en Gironde le 20 mars. Les policiers n’auraient pas hésité à menacer physiquement leur supérieure, la poussant à demander sa mutation.
Lundi soir, le ministre de l’intérieur a réagi vivement. « Les faits dont ils sont suspectés sont extrêmement graves », a déclaré Bernard Cazeneuve dans un communiqué. « Si ces faits sont avérés », le ministre « prendra des sanctions disciplinaires d’une grande sévérité ».
Mi-janvier, cinq policiers ont été interpellés dans le cadre du vol de 52 kg de cocaïne au 36, quai des Orfèvres. Ils sont suspectés d’avoir aidé le principal suspect, un enquêteur de la brigade des stupéfiants de Paris. Dimanche 25 janvier, deux fonctionnaires de la police aux frontières ont été arrêtés sur le tarmac de l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle avec 39 kg de cocaïne dans le coffre de leur voiture de fonction. En 2012, sept douaniers de Roissy avaient déjà été interpellés, soupçonnés d’avoir, des années durant, pillé les millions des trafiquants de drogue qui transitaient par l’aéroport.
Enfin, dans une affaire n’ayant rien à voir avec le trafic de drogue, mais portant sur la régularisation de deux femmes sans papiers, le patron de la PJ parisienne, Bernard Petit, et son chef de cabinet, suspectés de « violation de secret de l’instruction », ont été mis en examen et limogés dans la foulée, début février.
Dans son rapport sur la criminalité organisée, en France, en 2013-2014, le service d’information, de renseignement et d’analyse stratégique sur la criminalité organisée (Sirasco) stigmatisait la corruption des « avocats, conseils en gestion de patrimoine, banquiers » dans le cadre de trafics de drogue générant plusieurs dizaines de millions d’euros de bénéfices. Le prochain rapport pourra étudier la corruption des fonctionnaires de police. Le Sirasco dispose de tous les cas d’espèce nécessaires.
- Source : lemonde.fr