Sarre-Union : François Hollande tel qu’en lui-même
François Hollande était mardi au cimetière juif de Sarre-Union, en Alsace, où – on l’a appris dimanche soir – 250 tombes ont été profanées.
Et la visite a été placée sous le signe de… François Hollande. Tel qu’en lui-même. Immuable et sans surprise.
La précipitation, tout d’abord : un autre chef d’État aurait exprimé son émotion… mais attendu les résultats de l’enquête pour toute autre manifestation. Hier, certains autour de lui insinuaient qu’il fallait voir à Sarre-Union l’œuvre du FN. Aujourd’hui, les Dernières Nouvelles d’Alsace affirment qu’il s’agirait de cinq lycéens du lycée polyvalent du coin, dont on ignore encore l’identité, désireux « d’explorer quelques endroits abandonnés » (sic), point du tout antisémites, et ignorant tout de la nature du cimetière. Certains points de l’affaire restent encore obscurs. Si « explorer quelques endroits abandonnés » est synonyme pour ces adolescents (indubitablement costauds) de saccager et renverser 50 pierres tombales chacun, mieux vaut les interdire ad vitam de voyages touristiques, ce sera plus prudent pour les sites classés à l’UNESCO.
François Hollande, lui, a foncé bille en tête. Carpentras ou esprit du 11 janvier, il arriverait bien, d’une façon ou d’une autre, à souffler sur quelques braises. On verrait bien sur place, hein ? Sauf qu’entre-temps la presse, à tort ou à raison, a dégonflé l’affaire et François Hollande, à Sarre-Union, ne peut plus que se raccrocher qu’à quelques maigres généralités emphatiques qui sentent leur rédaction de 3e B : « La République sera plus forte que la haine ! »
Le deux poids deux mesures, ensuite : certains, pour tuer le temps, jouent à ni oui ni non, François Hollande, lui, joue à ni chrétien ni chrétien. Et il faut reconnaître que c’est un champion du monde, il ne perd jamais. Lundi, dans son communiqué officiel après l’assassinat barbare de 21 coptes par des islamistes, l’Élysée évoque des « ressortissants égyptiens », comme si c’était pour leur seule nationalité qu’ils avaient été décapités. Aujourd’hui, au micro de BFM TV, il évite aussi soigneusement le mot : « Il ne peut pas être toléré des actes antisémites dans notre pays […]. Il y a aussi des actes antimusulmans, des actes antireligieux, et c’est inacceptable ». Les chrétiens doivent sans doute se reconnaître dans ce grand mot fourre-tout « antireligieux » ? François Hollande sait-il que, d’après les chiffres mêmes du ministère de l’Intérieur, l’écrasante majorité des profanations recensées visent des tombes chrétiennes, la première raison et la moins polémique en étant que celles-ci sont encore les plus nombreuses dans notre pays ?
Selon lui, il le déclare solennellement, « profaner, c’est souiller la République ». Et il a bien raison. S’il pouvait le rappeler aux Femen à chaque fois qu’elles sautent nues en éructant leur haine sur les autels des églises, s’il pouvait surtout cesser de les y encourager en les collant sur les timbres, ce serait gentil, merci.
Les promesses légères, enfin : « La République vous défendra de toutes ses forces », promet-il aux juifs français. Comme François Hollande a promis à Valérie de l’aimer « de toutes ses forces » sans doute aussi. Mais comment pourrait-il faire ? Quand son cœur est à présent pris par Julie, et sa raison toute tournée vers un autre électorat, qu’il ne faudrait pas stigmatiser, vexer, se mettre à dos ?
- Source : Gabrielle Cluzel