Abeilles : le géant des pesticides Bayer porte plainte contre l’Europe
Les pesticides néonicotinoïdes sont fortement soupçonnés d’être la cause de la mortalité en masse des abeilles. Le fait que cela touche les abeilles adultes désorganise complètement les ruches. L’usage de ce poison reconnu, non seulement pour les abeilles mais dangereux pour l’ensemble des espèces vivantes est encore largement répandu, notamment en France. Cela représente un marché de milliards de dollars que les multinationales pétrochimiques ne sont manifestement pas disposées à abandonner.
Dans les épisodes précédents, des regroupements d’apiculteurs portaient plainte contre Bayer et Syngenta, deux géants des pesticides. Le groupe Bayer, non content de nier fermement les faits, a déposé une plainte contre la Commission Européenne.
Pesticides contre abeilles : jeux de pouvoir
Revenons sur les faits : Bayer et Syngenta sont deux groupes d’agrochimie importants, dont les produits ont été incriminés à plusieurs reprises dans des cas suspects de mortalité d’abeilles. En 2014, des millions d’abeilles sont mortes : on estime qu’un tiers ont disparu aux États-Unis et on a répertorié quelques cas particulièrement suspects, notamment 37 millions d’un coup dans une ferme au Canada (on estimait début 2014 qu’en Europe il manquait 13 millions de colonies).
Des organisations ont donc porté plainte contre les fabricants de pesticides. Sur un court comme long terme, la disparition des abeilles pose un problème pour la biodiversité : de manière très concrète non seulement toute notre chaîne alimentaire est menacée mais de façon plus large tout l’équilibre de la flore et de la faune.
Les pesticides, eux, ont un usage restreint dans l’Union Européenne, même si ces restrictions ne sont pas assez importantes pour tout le monde et que la situation diffère encore selon les pays.
Une interdiction des néonicotinoïdes jugée injustifiée
Le groupe Bayer et le groupe Syngenta ont donc décidé de porter plainte contre la Commission Européenne, dans le but que celle-ci retire les restrictions imposées à l’utilisation de pesticides. Ils estiment que l’interdiction est «injustifiée» et «disproportionnée».
Plusieurs associations sont montées au créneau, jugeant que la pression du public était un vrai pouvoir contre ce type de lobby. En face des affirmations de Bayer, plusieurs études prouvent scientifiquement que les produits contribuent à la surmortalité des abeilles. L’Union Européenne n’avait pas agi au hasard en interdisant certains pesticides en 2013.
Plusieurs études incriminent directement ce qu’on appelle les néonicotinoïdes (ou néonics en raccourci). Ce sont des substances actives, enrobant les graines : d’abord elles atteignent la plante et modifient la composition de celle-ci. Dans un deuxième temps cela tue les insectes venant manger la plante.
Estimation des risques
On peut utiliser d’autres produits bien moins toxiques mais les pesticides répandus, produits par des multinationales comme Bayer et Syngenta, contiennent des néonicotinoïdes.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments avait mené son enquête et estimé que les néonicotinoïdes étaient effectivement un risque pour les abeilles. Une campagne de sensibilisation avait eu lieu à destination des organismes preneurs de décisions. A l’époque déjà, Bayer avait protesté, proposant des contre-études, mais la Commission Européenne avait ignoré ce lobbyisme.
L’entreprise revient à présent à la charge puisque les restrictions ont un cycle de deux ans, ensuite réévaluées.
- Source : Sydney