L'éducation éclate au même titre que notre pays !
Dans notre pays – parce que l’on considère que pour le bon fonctionnement de notre démocratie, il est essentiel que les citoyens s’émancipent et parce que l’on pense que l’éducation est un bon moyen pour eux d’y parvenir -, la République et l’école sont toujours allées de pair. Et puisqu’elles ont toujours avancé ensemble, qu’elles se sont toujours renforcées l’une et l’autre, il est logique qu’elles se fissurent aujourd’hui ensemble !
Alors, d’accord, on va essayer de nous faire croire que l’éducation tient bon, qu’elle n’éclate pas au même titre qu’éclate notre pays : mais c’est faux ! La seule raison qui fait que l’institution est encore debout, c’est qu’elle est dotée d’enseignants courageux, qui résistent aux directives totalement absurdes d’une nomenklatura irresponsable détruisant petit à petit tout ce qui avait fait la force de notre école publique.
Et, malheureusement, les chiffres parlent d’eux-mêmes : ce sont plus de 150.000 jeunes qui sortent chaque année du système scolaire sans formation. Et je ne parle même pas du climat de violence qui y règne ! C’est un bien triste bilan pour une école qui fut, jadis, un modèle dans le monde entier.
Bien sûr, il ne s’agit pas ici de faire porter le poids de ces échecs à la seule éducation nationale : la société elle-même devient de plus en plus violente. Il est vrai, aussi, qu’aujourd’hui, un enfant passe plus de temps devant la télévision que devant un professeur ; vrai encore que, bien souvent, certains parents font preuve de défiance à l’égard des institutions, montrant une image peu glorieuse à leurs enfants. Le professeur n’est pas là pour éduquer l’enfant. Ce travail appartient aux parents qui, trop souvent, se déchargent sur le système éducatif.
Et contrairement à ce que prétendront sûrement les syndicats, les moyens financiers ne sont pas en cause, puisque notre pays consacre chaque année 140 milliards d’euros à l’éducation, soit plus de 6 % du PIB. Même s’il serait certainement justifié de discuter de l’affectation de ces moyens par le ministère…
L’école gratuite, laïque et obligatoire est l’une des grandes conquêtes de la République ; c’est aussi l’un de ses piliers et surtout l’une de ses grandes chances. Une chance, car elle doit permettre aux enfants défavorisés d’accéder au même savoir que ceux issus des milieux aisés. Elle est en quelque sorte la garantie du principe d’égalité qui nous est cher.
Pourtant, il faut reconnaître que, ces dernière années, on a fait prévaloir l’égalitarisme sur l’égalité. Or, ce système ne peut fonctionner et susciter l’adhésion que s’il profite à tous. Les uns par clientélisme, les autres par lassitude ont laissé se réduire les exigences, et les inégalités se creuser. En effet, depuis 2002, le poids de l’origine sociale sur les performances des élèves a augmenté de 33 %. Pas étonnant que le climat de violence actuelle ait pu prospérer.
- Source : Mylan Douthe