Les enfants musulmans à la prière plutôt qu'à l'école : Nathalie Kosciusko-Morizet en pleine dérive
Pour dénoncer la radicalisation des jeunes, NKM s'appuie sur un «exemple très concret»... qui s'avère très fantaisiste.
INTOX. Des «exemples concrets» et des «propositions concrètes». Depuis quelques jours, les responsables politiques se voient assigner le devoir de pondre des mesures express pour lutter contre le jihadisme et la radicalisation des enfants… Une rude tâche qui les conduit parfois au grand n’importe quoi. Exemple édifiant avec Nathalie Kosciusko-Morizet ce lundi matin sur BFM TV. Interrogée sur les réponses apportées aux quelques incidents survenus dans les écoles lors des minutes de silence en mémoire des victimes des attentats, la vice-présidente de l’UMP a brocardé une réponse dérisoire de l’Education nationale, avant de dégainer sa proposition : le placement des enfants en dehors de leur famille.
Attention exemple concret : «Je vous prends un exemple très concret. A Mulhouse, le maire, qui est un ami, Jean Rottner, me dit que dans sa ville, il y a des dizaines d’enfants qui le matin arrivent tous les jours en retard parce qu’ils sont à la prière, ils sont emmenés à la prière par leurs parents. Et quand leurs parents sont convoqués, parce que les parents sont convoqués, les parents expliquent qu’il y a des autorités religieuses supérieures à tout et supérieures à celles de la République. Je vais être très précise. Aujourd’hui, la moitié des signalements qui sont faits à la protection judiciaire de la jeunesse sont faits par l’Education nationale. Et très souvent, ils sont faits pour des motifs de violence : soupçons d’inceste, maltraitance. Je dis que la dérive radicale, c’est une maltraitance. Cela le conduit où, l’enfant, de ne pas aller à l’école et d’aller à la prière à la place ? Donc je dis qu’il faut poser la question du placement de l’enfant.»
DÉSINTOX. On ne sait dans quelles conditions Nathalie Kosciusko-Morizet et son ami le maire de Mulhouse ont parlé du sujet, mais il devait y avoir un peu de bruit autour. Interrogé par Désintox, Jean Rottner affirme bien avoir confié ses inquiétudes à NKM. Mais ne confirme guère la version que la vice-présidente de l’UMP en a livrée.
L’élu, qui se revendique le porte-parole des enseignants mulhousiens «qui se lâchent depuis les attentats», explique s’être vu rapporté plusieurs cas de scolarités d’enfants rendues difficiles en raison de l’attitude de certains parents. Il note ainsi : «Sur l’ensemble de la ville, pour un effectif équivalent à cinq classes de primaire, les parents ont demandé une dérogation pour inscrire leurs enfants à des cours privés pour raisons religieuses.»
Le maire pointe aussi des phénomènes d’absentéisme liés à des prolongations de vacances : «Sur la période de mi-juin à mi-octobre, dans certaines écoles, près de 50% des élèves auraient été absents pour cause de voyage au pays [d’origine des parents, ndlr]». Des phénomènes qui auraient été relayés par des directions d’écoles, sans que le maire dispose d’aucun élément chiffré.
Jean Rottner évoque enfin ces fameux cas de retard cités par NKM, selon lui en augmentation flagrante… Mais son explication diffère quelque peu de celle de Kosciusko-Morizet. «C’est à cause de parents qui vont à la prière du matin, et emmènent les enfants à l’école après.» En aucun cas, il ne s’agit de parents amenant leurs enfants à la prière, comme la responsable UMP le rapporte.
Ce qui, du coup, rend encore plus saugrenue sa proposition d’ôter à leur famille ces enfants au motif qu’ils seraient forcés à une dérive radicale s’apparentant à de la maltraitance. Indulgent, Jean Rottner affirme qu’il faut en passer par des «mesures politiques concrètes» et soutient NKM dans son affirmation qu’il ne faut «plus faire comme si cela [la radicalisation des musulmans] n’existait pas».
Même s’il est probablement mieux d’imaginer des mesures concrètes en réaction à des faits qui existent.
- Source : Sarah Bosquet