La Flotte du Nord aura une base en Arctique
La Russie crée une base militaire fixe en Arctique. Un groupe tactique de la Flotte russe du Nord sera déployé en permanence dès cet automne sur les îles de Nouvelle-Sibérie.
Un détachement de navires est parti pour cet archipel appartenant à la Russie et situé dans l'océan Arctique entre la mer de Laptev et la mer de Sibérie orientale. Le grand navire anti-sous-marins Admiral Levtchenko, les grands navires de débarquement Guéorgui Pobedonossets et Kondopoga, le pétrolier Sergueï Ossipov et plusieurs navires auxiliaires accompagnés d'un brise-glace nucléaire achemineront sur place le matériel, les effectifs et les biens du groupe tactique de la Flotte du Nord. A partir de septembre, le groupe sera opérationnel en Arctique sur la base permanente.
Cette mission des navires de la Flotte du Nord en Arctique est la troisième depuis ces dernières années. En 2012, les fusiliers marins ont été parachutés, pour la première fois de l'histoire de la marine russe, sur l'île Kotelny (la plus grande de l'archipel). En 2013, un détachement de navires conduit par le croiseur lance-missiles lourd à propulsion nucléaire Piotr Veliki, navire amiral de la Flotte du Nord, a livré sur les îles de Nouvelle-Sibérie le matériel et les équipements indispensables pour remettre en état de service l'aérodrome local. Cet aérodrome tout comme la plupart des sites militaires arctiques de l'ex-URSS a été abandonné au début des années 1990. Le temps est venu de revenir en Arctique, estime le membre du conseil d'experts de la commission militaro-industrielle près le gouvernement de Russie Mikhaïl Khodarionok :
« Du point de vue géopolitique, cette région est extrêmement importante. L'Arctique renferme d'immenses réserves de ressources minérales. De nombreux pays commencent à y prétendre. Si notre présence militaire n'y est pas signalée la question se pose de savoir si nous avons besoin de cette région. Il est nécessaire de protéger le littoral et les îles ».
D'après certaines estimations, la région arctique recèle un quart des réserves mondiales d'hydrocarbures inexplorées. Posséder ces réserves promet des avantages considérables. Selon les normes juridiques en vigueur, seuls les pays ayant l'accès direct à l'océan Arctique ont le droit de mettre en valeur son plateau continental. Il s'agit du Danemark, du Canada, de la Norvège, de la Russie et des Etats-Unis. Cet état de choses n'a pas l'air de plaire à de nombreux autres, la Chine, le Japon, la Suède et la Finlande compris.
Mais il y a aussi des différends entre les pays arctiques. Moscou et Ottawa prétendent à la dorsale de Lomonossov. Aussi bien la Russie que le Canada considèrent qu'elle fait partie de leur plateau continental respectif. La Russie a déjà déposé une demande appropriée à l'ONU et réalise actuellement des études complémentaires.
La demande similaire de la Russie concernant l'enclave de la mer d'Okhotsk a été satisfaite en 2014 par la commission appropriée de l'ONU. Ce qui a fait monter la tension. En août, le ministre des Affaires étrangères du Canada John Baird a déclaré que son pays était préoccupé par les prétentions de la Russie à des territoires atctiques et que, le cas échéant, il était prêt à la défense armée de sa souveraineté. Pour refroidir les ardeurs des voisins menaçant de faire valoir leurs intérêts par la voie des armes et non pas par celle de l'étude scientifique, il est nécessaire que la Russie soit présente en Arctique sur le plan militaire, souligne l'expert Mikhaïl Khodarionok :
« Il ne s'agit que de petites unités, uniquement pour annoncer sa présence. Et pour pouvoir déployer des unités plus grandes en cas de nécessité. Les aérodromes et les quais rendent possible le déploiement rapide de grandes unités si la situation militaro-politique s'aggrave dans la région ».
En attendant, les militaires russes ont d'autres occupations en Arctique. La voie la plus brève de l'Europe en Asie-Pacifique, la Voie maritime du Nord, passe dans la région. La majeure partie de l'année les conditions météorologiques y laissent à désirer. Les équipages et les propriétaires des frets seront plus tranquilles s'ils savent qu'il y a à proximité des militaires prêts à venir au secours à tout moment.
- Source : Tatiana Tabounova