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Jeudi, 12 Sept. 2024

L’aspect le plus horrible du génocide : Israël a tué 2 100 bébés à Gaza

Auteur : Euro-Med Human Rights Monitor | Editeur : Walt | Mardi, 20 Août 2024 - 12h14

Ce rapport d’Euromed Monitor souligne un des aspects les plus atroces de la guerre d’extermination menée par l’armée israélienne à Gaza depuis plus de 10 mois, sous les yeux blasés voire complices de l’Occident. 17 000 enfants palestiniens tués suscitent bien moins de gros titres et de larmes que 40 bébés juifs décapités dans la seule imagination putride des propagandistes.

Euromed Human Rights Monitor (Euromed Monitor) est une organisation indépendante de défense des droits de l’homme basée à Genève. Elle s’intéresse particulièrement aux violations des droits de l’homme et au suivi des crises humanitaires.

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Territoire palestinien — L’armée israélienne a tué 2 100 nourrissons et enfants palestiniens de moins de deux ans, parmi les quelque 17 000 enfants qu’elle a tués dans la bande de Gaza depuis le début de son génocide le 7 octobre 2023.

Le nombre d’enfants palestiniens, qu’ils soient nourrissons ou plus âgés, tués par l’armée israélienne est terrifiant, et le rythme auquel ils sont tués est sans précédent dans l’histoire des guerres modernes. Cette situation témoigne également d’une tendance dangereuse fondée sur la déshumanisation des Palestiniens de la bande de Gaza. L’armée israélienne cible quotidiennement les Palestiniens et leurs enfants de manière méthodique et étendue, avec la plus grande cruauté et la plus grande brutalité, et cela presque sans interruption depuis dix mois consécutifs.

En raison des bombardements israéliens sur les maisons, les bâtiments, les quartiers résidentiels, les centres d’hébergement et les tentes pour personnes déplacées, de nombreux enfants ont été décapités et ont perdu des membres. Il s’agit d’une violation flagrante des règles de distinction, de proportionnalité et de nécessité militaire, c’est-à-dire de l’obligation légale et morale de prendre les précautions nécessaires pour minimiser les décès des civils et des enfants.

Aujourd’hui, mardi 13 août, l’équipe de terrain d’Euro-Med Monitor a documenté l’assassinat des jumeaux Aser et Aysal Muhammad Abu al-Qumsan, âgés de seulement quatre jours. Les jumeaux, leur mère Juman et leur grand-mère ont été tués ce matin dans un bombardement israélien qui a visé un appartement résidentiel à Deir al-Balah, au centre de la bande de Gaza.

Après avoir quitté l’appartement pour obtenir un acte de naissance pour ses deux nouveau-nés, le père des enfants est revenu pour découvrir que tous les membres de sa famille, y compris la grand-mère des jumeaux, avaient été tués lors d’une attaque israélienne sur le bâtiment.

Malgré ses capacités technologiques avancées, l’armée israélienne cible les maisons et les centres d’hébergement en sachant pertinemment qu’ils abritent des civils, y compris des femmes et des enfants. Elle bombarde néanmoins ces cibles avec des bombes et des missiles hautement destructeurs, dans le but de causer un maximum de morts et de blessés graves parmi les civils. Cela démontre que l’armée israélienne vise de manière systématique, généralisée et répétée les civils dans la bande de Gaza et qu’elle utilise des armes extrêmement destructrices de manière indiscriminée, notamment dans les zones densément peuplées de civils.

Le cas des deux bébés Aser et Aysal n’est pas unique ; des cas d’enfants victimes, y compris des nourrissons, sont signalés quotidiennement dans la bande de Gaza.

L’un des témoignages les plus marquants est celui d’Abdul Hafez Al-Najjar, âgé de 42 ans, père d’un enfant nommé Ahmed, qui a été l’une des nombreuses victimes d’un massacre israélien le 26 mai. Ce massacre visait des personnes déplacées vivant dans des tentes dans la zone de Barksat, à l’ouest de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. Ahmed, ainsi que trois de ses frères et leur mère, faisaient partie des nombreuses autres victimes qui ont toutes été décapitées et tuées. Le père d’Ahmed a déclaré à l’équipe Euro-Med : « Mon enfant Ahmed était très beau. Il avait un an et demi. Il a été décapité lors du bombardement israélien. Sa tête a été séparée de son corps. Quand je l’ai vu, j’ai été bouleversé. Il a été enterré sans sa tête ».

Le témoignage bouleversant du père de l’enfant décapité - AJ+ français

Selon l’équipe d’Euro-Med Monitor, une frappe aérienne israélienne sur le quartier Al-Salam de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a tué une autre paire de bébés jumeaux le 3 mars. Wissam et Naeem Abu Anza, âgés de six mois, ont été tués par la frappe, ainsi que leur père et 11 autres membres de la famille.

La mère de Wissam et Naeem, Rania Abu Anza, a expliqué avoir lutté pendant dix ans pour devenir mère avant de donner naissance aux deux bébés. « On m’a implanté trois embryons, dont deux ont survécu, et les voilà », a-t-elle précisé. « Ils ont bombardé la maison, tuant mon mari, mes enfants et le reste de la famille dans le massacre. Il y a dix jours, cela faisait six mois depuis la mort des jumeaux ». 

Shaimaa Al-Ghoul, quant à elle, était enceinte de neuf mois lorsque sa maison de Rafah, dans le sud de Gaza, a été bombardée le 12 février. Son mari et ses deux fils, Mohammed et Janan, ont été tués, et elle a été blessée par des éclats d’obus qui ont pénétré dans son abdomen, percé son utérus et se sont finalement logés dans le fœtus.

Mme Al-Ghoul a déclaré qu’avant la mort de son mari et de ses deux enfants, son mari, Abdullah Abu Jazar, lui avait préparé « des dattes, des friandises et un sac [cadeau] pour fêter l’arrivée de son nouveau-né ». Elle a donné naissance à un enfant, qu’elle a appelé Abdullah, en hommage à son père, mais le garçon n’a survécu qu’un jour. Le bébé Abdullah est mort des suites de la blessure causée par l’éclat d’obus qui avait blessé sa mère. Al-Ghoul a ainsi perdu son mari et ses trois enfants.

Euro-Med Monitor souligne que de nombreux enfants à naître sont morts dans les hôpitaux au cours des dix derniers mois en raison du manque d’oxygène et d’électricité, des soins inadéquats et du ciblage des établissements hospitaliers.

Israël continue de tuer des milliers d’hommes et de femmes palestiniens dans la bande de Gaza, principalement des personnes en âge de procréer, y compris des femmes enceintes, ainsi que des milliers d’enfants, parmi lesquels des nourrissons et des enfants en bas âge.

Selon la définition des actes de génocide à l’article 2 de la Convention pour la prévention du crime de génocide, il ne fait aucun doute que les massacres systématiques et généralisés de civils palestiniens par Israël, qui représentent au moins 92 % du nombre total de décès liés au génocide, auront des conséquences négatives sur les taux de croissance démographique et la capacité reproductive des Palestiniens de Gaza pour les générations à venir. Depuis le 7 octobre, environ 50 000 Palestiniens, dont des milliers sont piégés sous les décombres depuis assez longtemps pour être désormais présumés morts, ont été tués par Israël. De plus, 88 000 autres Palestiniens ont été blessés depuis cette date. Ces décès et blessures auront sans aucun doute des répercussions sur les Palestiniens en tant que groupe national et ethnique pendant plusieurs générations.

Chaque jour, des décès d’enfants dans la bande de Gaza sont signalés comme étant le résultat direct des crimes israéliens, légalement qualifiés d’actes de génocide, tels que la famine, la soif, le blocage de l’entrée de fournitures de base comme le lait, et la privation de soins médicaux. La majorité de ces décès infantiles ne sont pas inclus dans le décompte officiel des victimes publié par le ministère palestinien de la Santé, en raison de l’absence d’un système spécifique pour identifier ces victimes.

En raison du crime de génocide perpétré par Israël depuis dix mois, les enfants palestiniens de la bande de Gaza sont privés de leurs droits fondamentaux et ne bénéficient d’aucune protection juridique internationale. Ils sont devenus des cibles principales, directes et délibérées de l’armée israélienne et ont même fait l’objet de meurtres prémédités et d’exécutions sommaires.

Outre leur détention arbitraire, les enfants palestiniens subissent également des agressions sexuelles, des disparitions forcées, de la torture et d’autres formes de traitement inhumain, ainsi que la famine, le siège, de graves préjudices psychologiques, la privation d’éducation en raison de la destruction massive des écoles, et le refus d’accès aux soins de santé et aux autres nécessités de la vie. Nombre d’entre eux sont également victimes de la dispersion familiale et ont perdu leurs parents.

L’un des principaux objectifs du génocide israélien est de laisser un héritage durable de ces crimes, affectant les victimes pour le reste de leur vie. La majorité des enfants palestiniens de la bande de Gaza ont subi des traumatismes psychologiques qui seront probablement difficiles à traiter : des milliers d’enfants ont perdu un ou deux parents, ont été amputés d’un membre, ont subi de graves brûlures ou d’autres blessures sérieuses et/ou ont enduré la faim, la malnutrition et la déshydratation, ce qui aura un impact négatif sur leur développement physique et psychologique.

La plupart des enfants de la bande de Gaza ont perdu leur maison, leur sécurité financière et des membres de leur famille, en plus d’être privés d’éducation. Cette situation aura des conséquences graves et profondes sur leur avenir et leur capacité à exercer leurs autres droits, les rendant plus vulnérables à la pauvreté, au chômage et à l’exploitation. Les attaques militaires israéliennes sur la bande de Gaza ont entraîné la destruction massive de biens civils, notamment de maisons, de propriétés privées, de moyens de subsistance, de production et du système économique et commercial, obligeant les Palestiniens à émigrer, directement ou indirectement.

La communauté internationale doit agir rapidement et de manière décisive pour mettre fin au crime de génocide, protéger la vie de tous les enfants palestiniens de la bande de Gaza, empêcher Israël de transformer Gaza en le plus grand cimetière d’enfants de l’histoire moderne, et mettre fin à la politique de deux poids deux mesures appliquée à Israël et à ses puissants soutiens et alliés occidentaux.

Israël et ses soutiens doivent rendre des comptes pour la violation flagrante du droit humanitaire international constituée par le meurtre et le ciblage des enfants palestiniens, et par le refus de l’accès à la nourriture, au logement, aux vêtements et à l’assistance médicale, y compris les vaccinations, comme le prévoient les conventions de Genève et leurs deux protocoles additionnels de 1977 — des protocoles censés garantir la réalisation de leurs droits.

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Traduit par Alain Marshal pour son blog

Image en vedette : Une Palestinienne porte le corps enveloppé de son enfant tué lors d’une frappe israélienne à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 19 décembre. Abed Rahim Khatib (DPA)


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