Sommet de l’OTAN : un pacte atlantique favorable au dollar
Si les EU montrent leurs muscles et que les «alliés» européens rentrent dans le rang, le billet vert restera la seule monnaie de l’Occident et l’économie étasunienne pourra se remettre à produire et pas seulement du papier. Entre bulles financières et agences de notation (même l’ESG) dans les mains des grands fonds.
Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a annoncé que les taux d’intérêt aux EU resteraient élevés. Il est clair que les États-Unis veulent continuer à drainer l’épargne du monde entier pour financer leur économie, mais pour payer des taux aussi élevés afin d’attirer les épargnants du monde entier, ils ont besoin que le dollar soit la seule monnaie du monde.
C’est pourquoi le sommet de l’OTAN a proclamé l’entrée de l’Ukraine, avec le soutien immédiat d’une Europe satisfaite de son atlantisme qui lui impose le dollar avec lequel les États-Unis financent leur économie au détriment de celle de l’Europe. Si les États-Unis montrent leurs muscles et que les «alliés» européens rentrent dans le rang, le billet vert restera la seule monnaie de l’Occident et l’économie étasunienne pourra recommencer à produire, et pas seulement du papier.
Pendant ce temps, les agences de notation, détenues par de grands fonds, dégradent la dette de la France «socialiste» parce qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Ce n’est peut-être pas un hasard si la Biélorussie annonce des manœuvres conjointes avec la Chine à la frontière polonaise : la dollarisation peut soumettre l’Europe, mais elle n’est certainement pas digeste pour la plus grande puissance industrielle du monde. Dans ce contexte, Wall Street a progressé de près de 17% depuis le début de l’année et le Nasdaq de 20%. Mais cette croissance n’est pas uniforme. Sept valeurs représentent à elles seules près de 38% de l’ensemble de l’indice S&P 500, une concentration sans précédent.
Au début des années 1980, les bourses étasuniennes connaissaient des entreprises qui couraient beaucoup plus vite que d’autres, mais en termes de valeurs absolues, l’explosion actuelle de la valeur de sept entreprises est sans précédent et présente toutes les caractéristiques d’une bulle. Qui paierait vraiment trois mille milliards de dollars pour acheter Nvidia, ou plus de deux mille milliards pour acquérir Amazon ? La réponse est simple : personne. Il s’agit d’une fiction colossale qui, à ce stade, freine la capacité de création de richesse du capitalisme financier occidental, États-Unis en tête. Les preuves sont nombreuses.
Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited (Tmsc) est l’un des plus grands fabricants de semi-conducteurs au monde et possède plusieurs usines à Taïwan, ainsi que dans d’autres parties die la planète. Elle réalise un chiffre d’affaires d’environ 70 milliards de dollars et emploie près de 70 000 personnes ; elle est le fournisseur indispensable de Nvidia, qui emploie 28 000 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 60 milliards de dollars, sans disposer de sa propre capacité de production. En termes de capitalisation – valeur de l’action – cependant, Tmsc a désormais atteint mille milliards de dollars, tandis que Nvidia a dépassé les trois mille ; une différence qui s’explique mal si l’on ne considère pas que Tmsc ne compte pas parmi ses actionnaires les grands fonds, les «Big Three» (Vanguard, BlackRock et State Street), qui sont au contraire présents dans Nvidia et lui fournissent de la liquidité. C’est ainsi que la finance construit des hiérarchies, souvent découplées de l’économie réelle.
Il est certain que la narration fonctionne beaucoup. Pendant longtemps, nous avons entendu parler de la «concurrence» entre Apple et Microsoft dans le domaine de l’intelligence artificielle. Aujourd’hui, il s’avère qu’un représentant d’Apple siège au conseil d’administration d’OpenAI aux côtés de ceux de Microsoft.
Un autre discours dominant est celui qui identifie les critères ESG comme la nouvelle frontière de la durabilité des entreprises. ESG est un acronyme qui signifie «environnement, social et gouvernance». Il s’agit en fait d’une notation qui évalue la manière dont une entreprise opère et se comporte dans ces trois domaines clés, fournissant ainsi une mesure de sa performance durable. En d’autres termes, le respect des paramètres ESG devrait indiquer une stratégie d’entreprise cohérente avec la protection de l’environnement, le respect des travailleurs et l’accent mis sur la finance non spéculative. C’est une bonne chose, pourrait-on dire. Mais qui mesure cette durabilité ? La réponse est surprenante.
La principale agence mondiale d’attribution de notes ESG est MSCI, dont les actionnaires de référence sont Vanguard, BlackRock et State Street, qui détiennent environ 25% de l’actionnariat de l’agence, auxquels il convient d’ajouter 10% supplémentaires aux mains des fonds auxquels participent les trois premiers. Ainsi, les paramètres de durabilité sociale, environnementale et financière sont attribués par une agence détenue par les maîtres du monde. Le capitalisme est habillé par son meilleur styliste pour revêtir le caractère du grand bienfaiteur.
Traduction: Le Grand Soir
- Source : Altreconomia (Italie)