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Mercredi, 25 Déc. 2024

Elections européennes : où sont les forces politiques européennes disparues ?

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Lundi, 06 Mai 2024 - 10h29

Les élections européennes retracent bien le clivage des véritables forces politiques existantes aujourd'hui, à savoir américaine et russe. Les uns accusent la Russie d'ingérence, les autres les Américains de financer les campagnes. Tout cela montre bien l'imposture institutionnelle de l'Union européenne et la défaite politique de l'Europe. Il s'agit bien d'une impasse conceptuelle, car il ne peut pas y avoir de forces politiques européennes au sein de l'UE, puisque l'UE n'est pas un sujet politique, mais un instrument de gouvernance. Il ne peut y avoir que des forces politiques nationales, quand le pays est souverain - ou des forces d'occupation.

Nous avons l'habitude de voir pointée "l'ingérence russe" dans le discours politico-médiatique français. Selon la DGSI, la Russie mènerait des opérations en France "pour amplifier les fractures et les tensions", qui par ailleurs de toute manière existent déjà indépendamment d'elle et sont dues à la politique menée par le pouvoir en place :

"D’après la note, les services russes ont mis en place des « modes opératoires mobilisant des réseaux » intermédiaires « dans le but de mener des activités d’ingérence ». Généralement, les actions se traduisent par la dégradation de biens publics (graffitis, tags), des placardages d’affiches, de stickers et des distributions de flyers".

Ainsi, tout ce qui va contre le mouvement légitimant le régime atlantiste en France est considéré comme le résultat d'une ingérence russe. Ce discours est par ailleurs vital au régime en place, sinon les gouvernants devraient reconnaître que leur ligne globaliste est de moins en moins populaire. 

Et la question se pose avec d'autant plus d'acuité, qu'elle est d'actualité pour légitimer les élections européennes, qui ne sont certes pas françaises, dans tous les sens du terme, mais doivent justement conforter la ligne de dissolution atlantiste de la France. Or, dernier sondage choc :

"Le sondage de ce vendredi 26 avril est sévère : 4% des 18-24 ans et 7% des 25-34 ans seulement se disent prêts à voter pour la liste de Valérie Hayer le 9 juin prochain". 

D'où la question angoissée de TF1 :

"Comment expliquer que seuls 4% des 18-24 ans et 7% des 25-34 ans, selon notre sondage du vendredi 26 avril, envisagent de voter pour la liste Renaissance le 9 juin ?"

D'une manière générale, "l'ingérence russe" est vitale pour justifier l'absence de légitimité populaire du parti présidentiel, puisque cette rhétorique permet de faire reporter la faute, non pas sur la politique menée et la personne qui la conduit, mais sur un sujet extérieur.

Ainsi, les "experts" pouvaient déclarer aux sénateurs, qui ouvrent une Commission d'enquête sur les ingérences russes (pas les autres) à la veille des élections européennes et des JO :

« Nous sommes face à la menace la plus grave qui ne s’est jamais présentée »

Cette menace est grave pour le système atlantiste, qui gouverne la France, car la Russie présente un danger pour lui, en remettant en cause certains éléments de la globalisation et surtout en posant la légitimité de l'intérêt national. Et la menace est bien ici. Autrement dit, la Russie ne présente pas une menace pour la France, mais pour le régime, qui la parasite.

Dans cette logique, évidemment, l'ingérence américaine, elle, ne dérange en rien : il ne s'agit pas d'ingérence, mais de gouvernance. La DGSI a discrètement pointé du doigt l'ingérence économique américaine, et uniquement celle-ci, ce qui n'a conduit à aucune réaction politique. La question du formatage de la politique française avec les cabinets de conseil américains et la prise en main des élites politiques locales, pardon - françaises, elle, est systématiquement écartée.

De temps en temps, le RN soulève le problème à l'occasion des élections européennes. Et Bardella n'a pas échappé à la règle en le rappelant dans son débat face à la candidate Renaissance.

"Votre campagne est financée par l'ALDE (Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe, NDLR), le parti politique européen qui finance votre campagne est financé par Microsoft, Amazon, Meta...", a tancé le président du RN.

En effet, dans les années 2010, l'ALDE avait été visé par des enquêtes montrant l'implication d'entreprises américaines dans le financement de son fonctionnement. Ils ont promis la main sur le coeur d'y mettre fin. Amen ! 

De leur côté, les Américains par la voix du Washington Post ont lancé une campagne contre le RN, qui a été docilement reprise en France. Le discours ouvertement anti-russe et souvent en phase avec Macron de Bardella n'y fait rien : le RN reste l'ennemi politique. Il faut dire qu'il est confortable, comme ennemi, puisque le RN soutient l'essentiel de la politique atlantiste, et intérieure, et extérieure, se tait sur les grandes questions de société et permet de canaliser l'électorat français, de plus en plus nombreux, qui veut un retour à la souveraineté. L'illusion produite par ce parti permet de faire croire aux gens qu'en votant pour eux, ils s'opposent au système, alors que le modèle défendu par le RN ne remet en cause, ni l'appartenance de la France à l'UE, ni l'implication de la France dans l'OTAN. Il n'y a donc aucun élément de souveraineté avancé.

Toujours est-il que cette articulation des accusations entre pro-américain et pro-russe, souligne à quel point le paysage politique français, en tout cas celui qui est accepté dans les institutions représentatives françaises et européennes, est vide. Seul un acteur politique peut avoir un discours politique propre. La France s'est noyée dans l'UE, son discours politique national a disparu. L'UE est un instrument de gouvernance global régionalisé. Or, un instrument ne peut avoir de politique, puisqu'il n'a pas de volonté - il met en oeuvre, simplement.

Ces élections européennes montrent bien la disparition politique de l'Europe. Seule une remise en cause frontale de ces mécanismes nous permettra de recouvrer notre souveraineté et de redéfinir notre ligne politique. Celle qui correspond à l'intérêt des populations habitant les pays du Continent européen et qui sera défendue par des institutions étatiques nationales. 


- Source : Russie politics

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