En assassinant un général des Gardiens de la Révolution en Syrie, Israël tente désespérément de pousser l’Iran à l’action directe
L’État syrien a été affaibli par des années de guerre sale parrainée par l’OTAN et par les sanctions occidentales qui en ont découlé. Au début de cette sale guerre, les soi-disant rebelles soutenus par la CIA ont détruit près de 50% des batteries antiaériennes de l’armée syrienne, améliorant ainsi la liberté d’action de l’armée de l’air israélienne. Depuis lors, Israël a effectué des centaines de frappes aériennes sur le territoire syrien dans une impunité quasi-totale.
C’est dans ce contexte qu’Israël a assassiné aujourd’hui un haut général du Corps des gardiens de la révolution islamique au consulat d’Iran en Syrie. Bien que l’État syrien soit trop affaibli pour réagir directement, cet assassinat ne dissuadera pas l’Iran et le Hezbollah de mettre en œuvre leurs plans pour l’après-7 octobre. L’attentat à la bombe a manifestement été conçu pour inciter l’axe de la résistance à s’écarter d’une stratégie équilibrant la confrontation et la prudence, et à s’intensifier jusqu’au point où les États-Unis, en tant que protecteur régional juré d’Israël, sont entraînés dans le conflit. Compte tenu des résultats des assassinats passés de hauts responsables du CGRI, il n’y a aucune raison de croire qu’Israël parviendra à cet effet également.
La tentative délibérée d’escalade d’Israël s’avérera en fin de compte une erreur fatale. Son armée ne peut pas supporter de lourdes pertes comme d’autres forces régionales, une grande partie de sa population ashkénaze – son intelligentsia et son élite sécuritaire – possède des passeports étrangers et son économie souffre déjà gravement de l’effet du 7 octobre. Sous l’influence du nationalisme religieux, la classe politique israélienne a dégénéré au point d’être incapable de prendre des décisions rationnelles ou de mener une propagande efficace. Et l’armée israélienne s’est révélée incapable d’atteindre l’un de ses objectifs déclarés à Gaza après près de six mois de combats contre un ensemble de milices assiégées et dotées d’armes fabriquées localement.
Dans une génération, nous assisterons à un changement décisif de l’équilibre des pouvoirs dans la région et de la politique intérieure des États-Unis au détriment des intérêts d’Israël. Le processus s’accélère à un rythme qui dépasse mes attentes d’avant le 7 octobre. Aujourd’hui, le choc écrasant du déluge d’Al Aqsa ressemble à un avant-goût d’un coup beaucoup plus décisif contre le sionisme. En effet, le jour approche où un conglomérat de forces prendra l’initiative et – pour inverser une phrase de Ezéchiel – exécutera une grande vengeance sur Israël avec des réprimandes furieuses. À ce moment-là, son seul moyen de dissuasion sera son arsenal nucléaire secret – et il se peut qu’il soit dirigé vers l’Occident.
- Source : Max Blumenthal