Poutine répond à Tucker Carlson : l’interview tant attendue
Le journaliste vedette américain Tucker Carlson avait annoncé que l’entretien avec Poutine serait diffusé ce 8 février. Elle a été mise en ligne. Pendant deux heures, le dirigeant russe est revenu sur les causes du conflit en Ukraine, avant de dessiner les possibilités d’une sortie de crise et le basculement vers un monde multipolaire.
Malgré toutes les tentatives visant à empêcher un journaliste et présentateur de télévision américain de réaliser cette interview sensationnelle, Tucker Carlson s’est rendu en Russie pour s’entretenir avec Vladimir Poutine. Carlson a ouvertement déclaré que son objectif était de diffuser des informations véridiques sur ce qui se passe en Russie, afin de faire la lumière sur un sujet de plus en plus déformé par les médias.
«Cette interview a été filmée le 6 février au Kremlin», a expliqué d’emblée Tucker Carlson face caméra, avant de lancer l’entretien tant attendu. Une introduction nécessaire aux yeux du journaliste, qui dit avoir interviewé le dirigeant russe sur le conflit en Ukraine, pour savoir «comment il a commencé, comment il se déroule et comment il pourrait prendre fin».
Or, les choses ne se sont pas avérées si simples, a en croire Carlson, qui dit avoir été «choqué» par la réponse du président russe : «Poutine a répondu pendant une demi-heure en revenant sur l’histoire de la Russie au XVIIIe siècle», en dépit de ses relances.
«Ce que vous allez voir nous a semblé sincère : Poutine pense que la Russie a une revendication historique sur l’ouest de l’Ukraine», résume Carlson.
Retour vers une histoire commune
Le dirigeant est ainsi revenu sur l’histoire de l’Ukraine, faisant remarquer notamment que l’«ukrainisation» des terres du sud de la Russie avaient été activement promues par l’état-major autrichien avant la Première Guerre mondiale, pour «affaiblir un ennemi potentiel», et que le nom «Ukraine» avait été inventé par les Polonais, voyant les terres du sud de la Russie comme une «frontière» et non «comme appartenant à un groupe ethnique». Poutine a ensuite souligné la culture commune entre la Russie et l’Ukraine, puis le choc de la chute de l’URSS, incompris en Occident.
«Vous nous avez trompé», a déclaré Poutine à Carlson : «les États-Unis ont promis qu’il n’y aurait pas d’extension de l’OTAN, elle a eu lieu à cinq reprises». Le président russe a ensuite rapporté avoir même demandé un jour à Bill Clinton si la Russie pourrait joindre l’OTAN. Le président américain lui a répondu que l’idée était intéressante, avant de revenir à lui le soir même pour lui faire savoir que c’était «impossible».
Ukraine : le choc du coup d’État en 2014
Évoquant le coup d’État du Maïdan en 2014 en Ukraine, Poutine a dénoncé la complicité de la CIA. Un coup intervenu après que l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN ait été évoquée en 2008, et débouchant sur le bombardement de civils dans le Donbass. Une escalade dont Poutine juge les États-Unis responsables, et une escalade que l’Occident a échoué à rompre, en ne respectant pas les accords de Minsk.
«Ce sont les Ukrainiens qui ont commencé la guerre en 2014, nous essayons de la finir», a déclaré Poutine avant que Carlson ne le relance pour savoir si les objectifs de la Russie étaient remplis. Ce à quoi le dirigeant russe a répondu par la négative, rappelant vouloir atteindre la «dénazification». «La cause de Hitler vit toujours», a poursuivi Poutine, évoquant l’ovation d’un vétéran SS au Parlement canadien.
Pourtant, Vladimir Poutine a répété que la Russie «n’avait jamais refusé les négociations», rappelant qu’un accord avait presque été obtenu en avril 2022. L’Ukraine a décidé d’abandonner les négociations avec la Russie sur ordre de l’Occident, une erreur que les États-Unis doivent maintenant corriger selon lui.
La Russie est devenue, l’année dernière, la première économie d’Europe, malgré les sanctions et les restrictions. Les outils américains ne fonctionnent pas, pense Poutine.
«Les outils américains ne fonctionnent pas»
«Certainement pas», a aussi insisté le président russe à la question de savoir si la Russie menaçait les États baltes ou la Pologne, expliquant que cela serait une guerre nucléaire.
Regrettant que les États-Unis souhaitent se battre en Ukraine contre la Russie, Vladimir Poutine a aussi déclaré que Washington était responsable de l’explosion du Nord Stream. En imprimant autant de dollars, les dirigeants américains ont utilisé leur monnaie comme outil de puissance, a aussi relevé le chef de l’État russe, qualifiant cela d’«erreur».
La Russie est devenue, l’année dernière, la première économie d’Europe, a fait valoir Poutine, en dépit des contraintes occidentales : «les outils américains ne fonctionnent pas», a-t-il lancé. Désormais, le poids des BRICS a dépassé celui des pays du G7 : une avancée inexorable selon Poutine, mais face à laquelle les États-Unis tentent de s’opposer par la force. «Pour assurer l’avenir, il faut changer d’attitude face aux évolutions», a-t-il ajouté.
Revenant sur l’issue du conflit, Vladimir Poutine a soutenu qu’il était impossible de vaincre la Russie sur le champ de bataille. «Je vois que [les Occidentaux] veulent des négociations, mais ils ne savent pas comment faire», a observé le président russe, avant d’ajouter : «ce serait ridicule si ce n’était pas si triste». «Il y a des éléments de guerre civile dans ce conflit», a-t-il par ailleurs regretté, rapportant des exemples de combats entre soldats russes et ukrainiens parlant dans la même langue.
Il s’agissait de la première interview accordée à un journaliste américain par le président russe depuis le début du conflit en Ukraine.
L’interview en anglais sous-titrée en français
Voici l’interview tant attendue de Vladimir Poutine par Tucker Carlson sous-titrée en français.
— Car?ne Tardy (@Carene1984) February 9, 2024
2 heures…
Poutine a comparé les USA à l'Empire romain, mais dit qu'en termes d'effondrement, les processus dans le monde moderne se déroulent plus rapidement.pic.twitter.com/LkMG2SEe6W
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Billet du vendredi : Tucker Carlson a semé la panique dans ce fragile monde occidental avec son interview de Poutine
Une tragédie vient de se dérouler dans notre monde occidental, si apaisé au xanax, si endormi grâce à des doses massives et quotidiennes de téléxomil, si apathique par déni de vie. Une véritable tragédie : Tucker Carlson a pris une interview de Poutine. Ô mon Dieu, il risquerait de réveiller nos masses confortablement somnolentes ! Après tant d'années d'efforts pour les écraser ! Il risquerait de montrer que le Roi occidental ... est complètement à poil. Panique à bord !
Vous trouvez que j'exagère, qu'il n'y a pas de panique ? Ecoutez cet extrait de TF1. L'interview de Poutine n'est pas même sortie, qu'une véritable hystérie règne sur les plateaux. L'intervenante crachouille du "Tucker Carlson" avec tant d'émotion ... qu'au début j'entendais Carcassonne. La pauvre, elle a dû doubler ses doses de Xanax pour se remettre !
Au début, on lui reprochait un crime de lèse-majesté : il ne révère pas les dogmes globalistes. Et cela lui a d'ailleurs coûté sa place. Il est blanc et n'en a pas honte (c'est une honte), il est hétéro et ne supporte pas le culte LGBT (encore pire), et pour couronner le tout, il ne se couche pas devant les prêtres No Borders. Bref, ce type est à liquider. Ce n'est pas faute d'essayer, mais ils n'y arrivent pas : la demande d'une autre information est de plus en plus forte.
Ne s'alignant pas, il a décidé de donner la parole à Poutine, celui qui est accusé de tous les maux du monde global par la seule existence de la Russie. La Russie, qui n'a pas laissé les Atlantistes s'emparer de l'Ukraine avec le coup d'Etat du Maïdan de 2014 (après la tentative plus douce de 2004 avec la révolution orange). Et cela, ne lui a pas été pardonné : de quoi se mêle-t-elle ? Pourquoi ne s'écrase-t-elle pas, comme tous les pays occidentaux ? L'intérêt national, c'est de l'ancien monde, de celui des Etats, il n'a pas sa place dans la globalisation.
Et cette nuit, l'interview est sortie sur Twitter. Vous pouvez la voir ici. En quelques heures, il y a déjà 68 millions de vues. 68 millions de personnes ont pu avoir accès à un autre discours, que le discours primaire, qui est leur servi sur toutes les plateformes depuis des années.
Ils peuvent ainsi replacer ce conflit dans l'histoire. Se souvenir, ou apprendre, que l'Ukraine d'aujourd'hui est un pays artificiel, composite, qui a toujours été dans la Russie depuis un millénaire et, lors des vagues périodes d'autonomie, a été instrumentalisé contre la Russie :
"Le dirigeant est ainsi revenu sur l’histoire de l’Ukraine, faisant remarquer notamment que l’«ukrainisation» des terres du sud de la Russie avaient été activement promues par l'état-major autrichien avant la Première Guerre mondiale, pour «affaiblir un ennemi potentiel», et que le nom «Ukraine» avait été inventé par les Polonais, voyant les terres du sud de la Russie comme une «frontière» et non «comme appartenant à un groupe ethnique»".
Tout y est passé : la violation par l'OTAN de sa promesse de non-extension vers les frontières russes, la déstabilisation volontaire de la situation en Ukraine et l'agression atlantiste, la guerre économique et l'inutilité des sanctions, etc.
Ce qui choque les médias français, et notamment Le Point, est le lien indéfectible affirmé et réel entre l'Ukraine et la Russie. Car le discours atlantiste veut imposer dans les esprits une fantasmagorique existence historique de l'Ukraine. Et de reprendre une plaisanterie de Poutine, qu'ils n'ont évidemment pas appréciée, mais pas du tout :
"Le président russe a terminé avec une anecdote prétendument tirée du front. « Des soldats ukrainiens ont été encerclés. On leur a proposé de se rendre, mais ils ont répondu en russe que les soldats russes ne se rendent pas », affirme-t-il. Une manière de nier une dernière fois l'existence même de l'Ukraine en parlant du conflit comme d'une « guerre civile »".
Les Atlantistes ont effectivement provoqué une guerre civile, en lançant les Ukrainiens contre les Russes. Un millénaire d'histoire ne s'efface pas ainsi. Et si l'on veut une illustration, il suffit de s'intéresser à la personne, qui a remplacé Zaloujny à la tête de l'état-major ukrainien, Alexandre Syrovsky. Il est Russe, né dans la région de Vladimir en Russie, où vivent toujours ses parents et son frère. Son père est d'ailleurs colonel de l'armée russe à la retraite. Sa famille publie régulièrement des photos patriotiques sur les réseaux sociaux, des photos du Régiment Immortel, avec le ruban de Saint George (interdit en Ukraine). Le frère se distancie de nouveau chef de l'état-major ukrainien, déclarant qu'ils n'ont plus de contact depuis des années.
Oui, c'est bien une guerre civile, car l'Ukraine c'est la Russie. Cette guerre passe à travers les familles et c'est bien pour cela que les Atlantistes ont agressé l'Ukraine, pour toucher le coeur de la Russie. Pour ce qui est du discours de la guerre "nationale" ukrainienne, il faudrait déjà savoir ce qu'est cette "nation" ukrainienne, quand il a fallu trouver un Russe pour diriger sous le commandement de l'OTAN l'armée dite ukrainienne ... contre la Russie.
Tout cela va radicalement à l'encontre de la propagande déversée en continu par les médias atlantistes. Maintenant, les gens ont le choix : ils peuvent s'informer ou continuer de dormir. Lorsque l'on voit l'inquiétude réellement provoquée par cette interview, on comprend à quel point ce monde global est faible. Sa force est notre faiblesse, elle n'est qu'une illusion. Il suffirait d'un réveil des masses, pour qu'il s'écroule.
Source: Karine Bechet-Golovko - Russie politics
- Source : RT (Russie)