Une chèvre « française » égorgée lors d’une manifestation massive au Niger pour exiger le retrait des forces françaises

Dernière menace en date pour l’influence française en Afrique, des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés samedi devant une base militaire française au Niger pour exiger que la France retire ses forces militaires du pays. La montée du sentiment anti-français fait suite au coup d’État du 26 juillet qui a remplacé le président Mohamed Bazoum, soutenu par l’Occident, par une junte militaire qui propose un retour à un régime civil dans trois ans. 

Thousands rallied in the Niger capital Niamey to demand that former colonial ruler France withdraw its troops from the country.#France #Niger #Protest pic.twitter.com/mo83a6zxKj

— Chaudhary Parvez (@ChaudharyParvez) September 3, 2023

Pour souligner la menace que le sang français soit versé si les forces ne sont pas retirées, les manifestants ont fait défiler des cercueils recouverts de drapeaux français et ont égorgé une chèvre qui portait les couleurs de la France, rapporte l’agence Reuters. Il s’agirait de la plus grande manifestation jamais organisée. Auparavant, des incendies avaient été allumés à l’ambassade de France.

Des vidéos montrent les forces de sécurité nigériennes luttant pour maîtriser la foule…

Protest ongoing at the French military base in Niger Republic. pic.twitter.com/X1n65kgNXj

— Stephen Aruomah (@Trinitoh) September 3, 2023

L’animosité anti-française s’est accrue lorsque la France a défié l’ordre de la junte de retirer son ambassadeur du pays. La police nigérienne a maintenant reçu l’ordre d’expulser cet ambassadeur, Sylvain Itte, ainsi que sa famille, dont les visas ont tous été annulés. L’ambassadeur a reçu l’ordre de quitter le pays après avoir refusé de rencontrer le nouveau ministre des affaires étrangères de la junte. Paris a déclaré qu’elle ne reconnaîtrait pas « les putschistes » et qu’elle soutiendrait « un président qui n’a pas démissionné ».

La grande manifestation de samedi s’est déroulée sur une base aérienne française à Niamey, la capitale du Niger. (via Yahoo News)

Le coup d’État du Niger est le huitième à avoir eu lieu en Afrique centrale et occidentale au cours des trois dernières années. Les forces françaises ont déjà été expulsées du Burkina Faso et du Mali, et le Niger semble être le prochain domino alors que le pouvoir français sur ses anciennes colonies s’étiole au XXIe siècle.

Niger; Colonel Ibro accompanied by other Military men led the Anti France Protest earlier today in Niger. pic.twitter.com/OrMVINLUt5

— Zagazola (@ZagazOlaMakama) September 2, 2023

La France est particulièrement réticente à fuir le Niger, à tel point que le président français Emmanuel Macron a indiqué la semaine dernière que son pays était prêt à soutenir une action militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). « Nous soutenons l’activité diplomatique et, si elle est décidée, l’activité militaire de la CEDEAO », a-t-il déclaré. « Sans attitude paternaliste, mais sans montrer non plus de signes de faiblesse. Nous devons continuer à soutenir énergiquement les pays de cette région, en les appelant à agir de manière responsable ».

Une chèvre dans les dernières minutes de sa vie avant que les manifestants ne l’égorgent pour menacer métaphoriquement les soldats français qui ne quittent pas le pays (Mahamadou Hamidou/Reuters)

La CEDEAO, un groupe de 15 pays, a déjà imposé des sanctions, mais les manifestants nigériens ont adopté samedi un ton anticolonialiste. « Nous sommes prêts à nous sacrifier aujourd’hui, parce que nous sommes fiers », a déclaré Yacouba Issoufou à Reuters. « Ils ont pillé nos ressources et nous en avons pris conscience. Alors ils vont partir ». La France compte environ 1 500 militaires dans le pays.

Le Niger est le septième producteur mondial d’uranium et possède les minerais les plus riches de toute l’Afrique. Sa seule grande mine actuellement en production est exploitée par Orano, une entité détenue par le gouvernement français. La France exploite 56 réacteurs nucléaires et le Niger représentait 22 % de l’approvisionnement de la France en 2022.