François Fillon : la Complainte des Rillettes

En déclarant que personne ne l’empêchera de vendre des rillettes sur la Place Rouge, François Fillon a fait le plein de pigeons « souverainistes » – tout en révélant, comme dans un lapsus freudien, les véritables ambitions du « nationalisme français ».

Illustre représentant de la kleptocratie opportuniste dite « post-gaullienne », F. Fillon a très mollement protesté lorsque l’Etat profond davosien l’a écarté d’une course présidentielle avec un sans-gêne à faire pâlir les metteurs en scène du Capitole. Quoiqu’imaginaire, la pandémie de Covid l’a immédiatement frappé de mutisme aggravé. Mais devant une commission d’enquête presque aussi ridicule que les projets de « souveraineté nucléaire » (sur uranium russe) du mari de Brigitte, soudain, le cave se rebiffe : s’il veut vendre ses rillettes, eh bien, il les vendra !

Ce faisant, le châtelain Fillon dit tout haut ce que pense tout bas la barbouzerie parisienne « pro-Poutine » – et, derrière elle, ce que le géopoliticien hongrois Gy. Nógrádi appelle, dans un rictus de cynisme, le « nationalisme français » : cette partie du CAC40 qui, tout en ayant toujours contresigné tous les oukases menant à la désindustrialisation et à la vassalisation de la France, considère que les méchants parrains « anglo-saxons » devraient quand même leur laisser une part plus correcte du butin. Dans le langage fleuri du souverainiste Tony Soprano : a taste of the action. 

Le borchtch aux rillettes, de Lisbonne à Vladivostok

Le référendum de 2005 foulé aux pieds par son collègue Sarko, chez Fillon, c’était passé crème. Davos ? « Jamais couché ! » Le Great Reset ? « J’avais piscine ! » Mais quand on vient faire remarquer qu’en pleine comédie de 3e Guerre mondiale, certains hommes d’affaires français, connaissant bien le charme discret des boudoirs moscovites, s’en tirent beaucoup mieux que la moyenne des boulangers, alors là, scandale ! Touche pas au grisbi, salope ! Mon stand de rillettes ! Ma cassette !

Finalement, on reconnaît bien le projet LVMH de Attali & Cie : la préfecture FR de Davos, baraque la plus joyeuse de l’Eurogoulag. Simplement, ces messieurs ont de sérieuses dissensions sur le menu : le noyau dur macronien le verrait bien végane et moléculaire, avec abondance de poudres vitaminées. Les droitards de Davos, eux, tiennent à leurs spécialités du terroir, fort appréciées aussi, à Moscou, par ceux qui peuvent se les payer.